À la veille des cent jours du conflit meurtrier dans la bande de Gaza, l’ONU a déploré « une tache sur notre humanité commune » tandis que le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a assuré que « personne » n’arrêtera Israël dans sa guerre pour anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Ce qu’il faut savoir

  • Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a martelé lors d’une conférence de presse : « Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l’Axe du Mal, ni personne d’autre ».
  • Depuis vendredi, le conflit s’est propagé au Yémen, avec des frappes américaine et britannique contre les rebelles houthis.
  • Des frappes israéliennes dans le sud de la bande de Gaza ont fait plus de 60 morts, majoritairement des femmes et enfants, et des dizaines de blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.
  • La pluie et le froid rendent encore plus difficile la survie des 1,9 million de Gazaouis qui ont dû fuir leur foyer.
  • Les opérations militaires israéliennes menées depuis dans la bande de Gaza ont tué 23 843 personnes, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. 

« Cela fait cent jours que cette guerre dévastatrice a débuté, tuant et déplaçant la population à Gaza, à la suite des attaques atroces du Hamas et d’autres groupes contre la population en Israël. Cela a été cent jours d’épreuves et d’angoisse pour les otages et leurs familles », a déclaré le patron de l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU, Philippe Lazzarini, depuis le territoire palestinien.

PHOTO RONEN ZVULUN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou

À Tel-Aviv, Benyamin Nétanyahou a martelé lors d’une conférence de presse : « Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l’Axe du Mal, ni personne d’autre », en référence notamment à la requête de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ) accusant Israël d’acte génocidaire dans la bande de Gaza.

Et au chef d’état-major de l’armée israélienne d’assurer dans la foulée que son pays mène une guerre « juste » pour défendre « son droit à vivre en sécurité ».

Samedi encore, la bande de Gaza a été pilonnée par l’armée israélienne, où des dizaines de personnes ont été tuées, selon le Hamas.

PHOTO FATIMA SHBAIR, ASSOCIATED PRESS

Des Palestiniens pleurent leurs proches tués dans un bombardement israélien de la bande de Gaza, le 13 janvier à Rafah.

Depuis vendredi, le conflit s’est propagé au Yémen, avec des frappes américaine et britannique contre les rebelles houthis qui s’attaquent au transport maritime en mer Rouge en « solidarité » avec Gaza. Une nouvelle frappe a touché samedi la ville portuaire yéménite de Hodeïda.

Sur le terrain à Gaza, Beit Hanoun (nord) n’est plus qu’un champ de ruines, de bâtiments éventrés et d’amas de murs effondrés, selon un correspondant de l’AFP.

Comme beaucoup d’autres ayant fui au début la guerre, « je suis retourné à Beit Hanoun et j’ai trouvé la ville complètement détruite, impropre à la vie, sans eau ni nourriture », pleure Zarifa Saadat.

Les frappes israéliennes dans le sud de la bande de Gaza ont fait plus de 60 morts, majoritairement des femmes et enfants, et des dizaines de blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas, mouvement qui contrôle depuis 2007 le petit territoire palestinien assiégé et surpeuplé.

Bassam Arafa, qui a fui le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande côtière, brandit la photo d’une fillette sur son téléphone : « cette petite fille, qu’est-ce qu’elle leur a fait ? Elle est morte affamée, avec un morceau de pain dans la main ».  

Dans le centre du territoire, l’armée a dit avoir « éliminé des terroristes armés » dans un « poste de commandement du Hamas ».  

La pluie et le froid, qui se sont abattus sur la région, rendent encore plus difficile la survie au quotidien des familles, qui campent dans la cour de l’hôpital de l’hôpital Al-Nasser. « Mais où aller », se lamente la quadragénaire Nabila Abu Zayed.

PHOTO AMIR COHEN, REUTERS

Des bâtiments détruits dans le centre de Gaza, le 13 janvier

 Retour partiel des communications

Les organisations internationales dénoncent sans relâche le désastre humanitaire enduré par les 2,4 millions de Gazaouis, dont 1,9 million ont dû fuir leurs foyers.

Selon un journaliste de l’AFP, samedi, les communications et services internet étaient partiellement restaurées, après avoir été totalement coupés la veille, du fait de la partie israélienne selon l’opérateur palestinien Paltel.

Le manque de carburant a entraîné l’arrêt du principal générateur de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa, à Deir al-Balah (centre), selon une source au ministère de la Santé du Hamas.  

Israël s’oppose à l’entrée de carburant parmi l’aide humanitaire, invoquant le risque de détournement par le Hamas qu’il classe « terroriste » comme l’Union européenne et les États-Unis.  

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a fait environ 1140 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.  

« Continuer à vivre »

Quelque 250 personnes ont été prises en otage par le Hamas, dont une centaine libérées à la faveur d’une trêve fin novembre.

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Afnan Jibril est escortée par son père lors de son mariage à l’école de l’UNRWA dans le quartier al-Salam de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 janvier.

Les opérations militaires israéliennes menées depuis dans la bande de Gaza ont tué 23 843 personnes, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.  

À Rafah, frappes et privations n’ont pas empêché Afnan et Moustapha d’unir leur destinée, même si la cérémonie a été réduite au minimum. « Nous vivons tous la même tragédie. Mais nous devons continuer à vivre, et la vie doit continuer », confie à l’AFP Ayman Shamlakh, oncle du marié.

Parallèlement, des négociations se poursuivent sur le sort des otages. Leurs proches ont tenu samedi un nouveau rassemblement à Tel-Aviv, autour d’un simulacre des tunnels truffant Gaza et utilisés par le Hamas pour ses opérations.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux à cette occasion, le président français, Emmanuel Macron, a assuré : « la nation française est déterminée à ce que […] tous les otages des attaques terroristes du 7 octobre dernier soient libérés […] C’est pourquoi il faut reprendre encore et encore les négociations pour leur libération ».

La guerre alimente aussi les violences à la frontière israélo-libanaise, en Cisjordanie occupée et en Syrie et Irak, où les attaques contre les bases américaines se sont multipliées.  

En Cisjordanie, l’armée israélienne a indiqué avoir tué vendredi trois personnes ayant attaqué la colonie juive d’Adora, à une vingtaine de km d’Hébron. Selon l’agence palestinienne Wafa, il s’agit d’un jeune de 19 ans et de deux adolescents.

Dans un incident séparé, dans le nord de la Cisjordanie, un Palestinien de 19 ans est mort après avoir une frappe de l’armée israélienne dans le secteur de Tulkarem, selon Wafa.

Après deux jours d’audience historiques, la Cour internationale de justice, à La Haye, aux Pays-Bas, doit par ailleurs rendre sa décision, possiblement ces prochaines semaines, après les accusations de « génocide » portées par l’Afrique du Sud.  

Israël les a rejetées comme « totalement dénaturées » et « malveillantes ».