(Washington) Les États-Unis ont à nouveau qualifié mercredi les rebelles yéménites houthis, soutenus par l’Iran, d’entité « terroriste », ces derniers revendiquant peu après une attaque contre un navire américain dans le golfe d’Aden au large du Yémen.

Dans le contexte de la guerre au Proche-Orient, la multiplication des attaques par les houthis de navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d’Aden fait craindre un embrasement régional, et a provoqué, en réponse, des frappes américaines et britanniques.

Dans un communiqué, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé avoir décidé de requalifier les houthis d’entité « terroriste » avec effet dans les 30 jours.

Il s’agit de « faire en sorte que le groupe rende des comptes pour ses activités terroristes », a affirmé M. Blinken.

Si les houthis cessent leurs attaques en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, les États-Unis réévalueront cette désignation.

le secrétaire d’État américain Antony Blinken

Pour faciliter l’aide humanitaire, les États-Unis avaient en février 2021 retiré de leur liste d’« organisations terroristes » les houthis, un mouvement en guerre depuis près d’une décennie contre le gouvernement yéménite.

Au large du Yémen, les houthis prennent pour cible des navires qu’ils estiment liés à Israël, en solidarité selon eux avec les Palestiniens de Gaza, territoire pilonné et assiégé par Israël depuis l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Les armées américaine et britannique ont lancé une série de frappes ces derniers jours contre les houthis, visant notamment près de 30 sites au Yémen la semaine dernière.

Ces derniers ont répondu mercredi à l’annonce de Washington en disant qu’ils poursuivraient leurs attaques.

« Nous ne renoncerons pas à cibler les navires israéliens ou les navires se dirigeant vers des ports de la Palestine occupée », a déclaré leur porte-parole, Mohammed Abdelsalam, dans une interview sur la chaîne Al Jazeera.

« Influence » de l’Iran

Quelques heures plus tard, ils ont dit avoir « tiré des missiles contre le navire américain Genco Picardy dans le golfe d’Aden », selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

Dans un communiqué mercredi soir, le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a indiqué que le navire avait été visé par un drone, sans faire de victimes mais provoquant de légers dommages.

Le navire, battant pavillon des Iles Marshall, appartient et est opéré par les États-Unis, selon la même source.

En décembre, les États-Unis, qui soutiennent militairement Israël, ont mis en place une force navale multinationale pour protéger les navires de la mer Rouge, voie de transit essentielle qui représente jusqu’à 12 % du commerce mondial.

De son côté, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a sommé l’Iran de cesser de fournir armes et renseignements aux houthis, et « d’user de son influence pour mettre fin aux attaques ».  

Téhéran, qui soutient ouvertement les houthis, dément toutefois leur fournir du matériel militaire.

Les houthis font partie de ce qu’ils qualifient d’« axe de la résistance » contre Israël, qui compte des groupes soutenus par l’Iran, comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais.

Humanitaires « inquiets »

En optant pour la qualification d’entité « spécialement désignée comme terroriste au niveau mondial », au lieu d’« organisation terroriste étrangère », une sanction plus large interdisant les échanges, les États-Unis entendent maintenir le flot d’aide humanitaire au Yémen, dont les deux tiers de la population dépendent, a expliqué un responsable américain sous le couvert de l’anonymat.

« Les houthis doivent être tenus responsables de leurs actes, mais cela ne doit pas se faire aux dépens des Yéménites », a souligné Antony Blinken, précisant que des mesures seraient prises dans cette période de 30 jours « pour atténuer tout impact négatif » sur la population, confrontée à l’une des pires crises humanitaires au monde.

En parallèle, le département du Trésor va publier des licences autorisant certaines transactions liées notamment à la fourniture de nourriture, de médicaments et de carburant.

Ces sanctions américaines ont pour effet de geler les avoirs éventuels des houthis et de couper leurs sources de financement.

Plus d’une vingtaine d’organisations humanitaires ont fait part de leur « profonde inquiétude » face à la récente escalade au Yémen, mettant en garde contre ses conséquences sur ce pays dévasté par la guerre.

Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen a connu une relative accalmie depuis un cessez-le-feu conclu sous l’égide de l’ONU en avril 2022.