(Washington) Joe Biden « croit toujours à la perspective et à la possibilité » d’un État palestinien, mais « reconnaît qu’il faudra beaucoup de travail pour en arriver là », a dit vendredi un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby.

Le président américain a, selon ce porte-parole du Conseil de sécurité nationale, évoqué sa position avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lors d’une conversation de « 30 à 40 minutes ».

Il s’agissait du premier entretien des deux dirigeants, dont la relation est notoirement difficile, depuis le 23 décembre.

Le président américain a évoqué, selon John Kirby, « les efforts en cours pour libérer les otages » encore retenus dans la bande de Gaza, la « responsabilité d’Israël » pour protéger les civils dans ce territoire palestinien en guerre et les « progrès » sur le sujet contentieux des taxes collectées par les autorités israéliennes en Cisjordanie occupée, dont l’Autorité palestinienne réclame qu’elles lui soient reversées.

PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président américain Joe Biden a rencontré le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lors d’une visite à Tel-Aviv, le 18 octobre 2023.

Benyamin Nétanyahou a rejeté jeudi une demande récurrente de Joe Biden, à savoir la coexistence, dans le futur, de l’État d’Israël avec un État palestinien.

« Israël doit avoir le contrôle de la sécurité sur l’ensemble du territoire situé à l’ouest du Jourdain. Il s’agit d’une condition nécessaire, qui est en contradiction avec l’idée de souveraineté (palestinienne) », a indiqué le premier ministre, en précisant l’avoir dit directement aux Américains.

La position n’est pas nouvelle, mais ces propos ont à nouveau mis en pleine lumière les divergences entre les États-Unis et leur allié.

Joe Biden a toutefois estimé un peu plus tard qu’une solution à deux États n’était selon lui pas impossible tant que Benyamin Nétanyahou restait au pouvoir.

« Il y a plusieurs types de solutions à deux États », a dit le président américain en marge d’un évènement à la Maison-Blanche, en évoquant des « pays qui sont membres de l’ONU » et qui « n’ont pas leur propre armée ».

« Je pense qu’il y a des moyens pour que cela fonctionne », a indiqué le démocrate de 81 ans.

Les États-Unis exercent une pression sur Israël, dont ils sont le premier soutien diplomatique et militaire, tant sur la conduite de la guerre à Gaza que sur les perspectives à plus long terme.

Le dernier échange téléphonique entre les deux dirigeants avait eu lieu le 23 décembre et avait été houleux, selon la presse américaine.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël qui a tué 1140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza durant l’attaque, dont une centaine ont été libérées à la faveur d’une trêve fin novembre. Selon Israël, 132 restent détenues dont 27 seraient mortes.

En représailles, Israël a juré « d’anéantir » le Hamas, qui avait pris le pouvoir à Gaza en 2007. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 24 762 personnes, en grande majorité des femmes et des mineurs, ont été tuées dans les opérations israéliennes.