Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réaffirmé son opposition à une « souveraineté palestinienne » à Gaza, estimant qu’Israël doit conserver « le contrôle de la sécurité » du territoire où les combats acharnés se poursuivent samedi au 106e jour de guerre contre le Hamas.  

Israël doit « s’assurer que Gaza ne constituera plus une menace » et cette exigence « contredit la demande de souveraineté palestinienne », a expliqué M. Nétanyahou lors d’un entretien téléphonique vendredi avec le président américain Joe Biden, selon le bureau du premier ministre.  

Jeudi, M. Nétanyahou avait déjà affirmé qu’Israël devait contrôler la sécurité de « l’ensemble du territoire situé à l’ouest du Jourdain », englobant la Cisjordanie occupée et Gaza.

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Benyamin Nétanyahou

Le conflit, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, met à l’épreuve ses relations avec son principal allié et soutien américain, en particulier sur la question, centrale pour l’après-guerre, d’une solution à « deux États ».

« Illusion »

Joe Biden « croit toujours à la perspective et à la possibilité » d’un État palestinien, mais « reconnaît qu’il faudra beaucoup de travail pour en arriver là », avait indiqué la Maison-Blanche après l’échange téléphonique.

« L’illusion que Biden prêche en faveur d’un État de Palestine […] ne dupe pas notre peuple », a réagi samedi le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.  

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a pour sa part affirmé que « le droit du peuple palestinien » à un État devait être « reconnu par tous » et que tout « déni » était « inacceptable ».

L’attaque sanglante du mouvement islamiste a entraîné la mort de 1140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels israéliens. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre.

Israël, qui a juré « d’anéantir » le Hamas, pilonne en représailles le petit territoire où 24 927 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, ont été tuées par les bombardements et les opérations militaires, selon un bilan samedi du ministère de la Santé du Hamas.

Au moins 1,7 million de personnes ont été déplacées par la guerre, selon des chiffres révisés de l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

M. Nétanyahou rejette les appels de l’ONU et de la communauté internationale pour un cessez-le-feu humanitaire alors que Washington a appelé Israël à limiter le nombre des victimes civiles à Gaza.  

Tracts des otages

Un correspondant de l’AFP a rapporté samedi d’intenses tirs d’artillerie et frappes aériennes, en particulier à Khan Younès, dans le sud, désormais épicentre des opérations militaires.

Les forces israéliennes ont indiqué avoir détruit des « infrastructures terroristes » sur le territoire et frappé des lanceurs de roquettes à Khan Younès.  

Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a fait aussi part de combats acharnés dans le nord et a annoncé dans la soirée la mort de « cinq personnes dont une femme » lors d’une « frappe contre une voiture civile » à Rafah, ville frontalière de l’Égypte.

L’armée a largué samedi des tracts montrant des photos des otages et appelant les habitants la ville, où s’entassent des dizaines de milliers de déplacés, à partager toute information à leur sujet.

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Des tracts montrant des photos des otages ont été largués par l’armée israélienne sur la ville de Rafah.

Selon Israël, 132 otages se trouvent toujours dans le territoire. Au moins 27 auraient été tués, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres israéliens.

À Tel-Aviv, des milliers d’Israéliens se sont rassemblés samedi pour exiger le retour des otages détenus depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza et réclamer le départ du premier ministre Benyamin Nétanyahou, accusé notamment de poursuivre la guerre pour se maintenir au pouvoir.

Raid sur Damas

Entré dans son quatrième mois, le conflit exacerbe les tensions entre Israël et l’« axe de la résistance » qui rassemble autour de l’Iran le Hamas, le Hezbollah libanais, les houthis yéménites et des groupes irakiens, faisant craindre un embrasement régional.  

Le président iranien Ebrahim Raïssi a menacé Israël de représailles après la mort d’au moins cinq militaires iraniens samedi à Damas dans une frappe attribuée à Israël par les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de Téhéran. Selon les médias iraniens, l’attaque a notamment visé le chef en Syrie du renseignement de la Force Qods, l’unité d’élite chargée des opérations extérieures.

L’armée israélienne n’a pas fait de commentaire à l’AFP.  

À la frontière israélo-libanaise où les échanges de tirs sont quotidiens, un civil et un membre du Hezbollah ont été tués dans une frappe israélienne sur leur voiture, selon l’agence officielle ANI et le mouvement islamiste.  

Dans l’ouest de l’Irak, 15 roquettes ont visé une base abritant des soldats américains et de la coalition internationale antidjihadiste, faisant un blessé grave, selon des responsables irakiens et américains. L’attaque a été revendiquée par la « Résistance islamique en Irak », nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-Iran.

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Samedi, les Gardiens de la Révolution iraniens ont annoncé la mort de « quatre conseillers militaires » dans « une attaque aérienne menée par les avions de combat » israéliens sur un immeuble à Damas, qui a été détruit.  

Le Pentagone a en outre annoncé samedi avoir « détruit » un missile antinavire des houthis, dans de nouvelles frappes qualifiées d’« autodéfense » face aux attaques répétées des rebelles yéménites contre des navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.