L’armée israélienne bombarde lundi Khan Younès, épicentre des affrontements dans le sud de Gaza, tandis que des familles d’otages en Israël exhortent le gouvernement Nétanyahou à accepter un accord avec le Hamas pour favoriser leur libération.

Au cours de la nuit de dimanche à lundi, des témoins ont fait état de frappes israéliennes mortelles vers Khan Younès, voire aussi de combats acharnés entre les soldats et des combattants du Hamas.  

Hors de Gaza, dans le nord d’Israël, près de la frontière avec le Liban, les sirènes anti-roquettes ont retenti dans la nuit, selon l’armée israélienne.  

Plusieurs localités du sud du Liban avaient été la cible dimanche de frappes israéliennes ayant tué un combattant du Hezbollah libanais, a indiqué à l’AFP une source proche de ce mouvement qui soutient le Hamas dans sa guerre contre Israël.  

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Vue sur Khan Younès, depuis Rafah, le 21 janvier

Au pouvoir à Gaza depuis 2007, le Hamas a lancé une attaque sans précédent le 7 octobre en sol israélien fatale à plus de 1140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

Quelque 250 personnes ont également été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre dans le cadre d’un échange contre des prisonniers palestiniens. Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus dans le territoire, dont 28 seraient morts.

« Erreurs » du Hamas

Livrant pour la première fois sa « version des faits » sur le 7 octobre, le Hamas a reconnu que « peut-être que des erreurs ont eu lieu » dans le « chaos » provoqué par « l’effondrement soudain de l’appareil sécuritaire et militaire » à la frontière entre Israël et Gaza.

Il a cependant nié avoir visé des civils, si ce n’est « par accident, et au cours de confrontations avec les forces d’occupation ». Des vidéos diffusées montrent toutefois des hommes armés tuant sans discrimination en sol israélien.

Après cette attaque, Israël a promis « d’anéantir » le Hamas et lancé sa plus vaste opération jamais menée à Gaza. Jusqu’à présent, 25 105 personnes – en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents – ont été tués dans cette opération selon le ministère de la Santé du Hamas.

Or au quatrième mois de cette guerre, Israël a tué « environ 20 % à 30 % » des combattants du Hamas, et est encore loin de son objectif de destruction du mouvement islamiste, estime le renseignement américain, selon le Wall Street Journal.  

D’après ce quotidien, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte, pays ayant joué le rôle de médiateur lors de la trêve en novembre, tentent de convaincre Israël et le Hamas d’approuver un plan qui permettrait entre autres de libérer tous les otages en échange d’un retrait israélien de Gaza.  

« Contrat avec le pays »

Dans la nuit, des proches des otages et des sympathisants se sont d’ailleurs rassemblés près de la résidence officielle de Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, pour demander un accord en vue de leur libération.

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Benyamin Nétanyahou

« Nous entendons parler d’une [proposition] des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte. Nous demandons à notre gouvernement d’écouter, de s’asseoir à la table des négociations et de décider d’accepter cet accord ou tout autre accord qui conviendrait à Israël », a dit sur place Gilad Korenbloom, dont le fils est otage à Gaza.

« En tant que citoyens, nous avons tous un contrat avec le pays. Nous servons le pays, nous payons nos impôts, nous envoyons nos enfants servir le pays. En échange de ce service et de ces impôts, nous attendons du gouvernement qu’il assure notre sécurité », a renchéri John Polin, père aussi d’un otage.  

« Le matin du 7 octobre, ce gouvernement et ce premier ministre nous ont totalement abandonnés […] Nous demandons au gouvernement de jouer son rôle, de proposer un accord, de le mener à bien et de ramener en vie les otages restants », a-t-il ajouté.

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, rencontre lundi des familles d’otages du Hamas, avant de s’entretenir avec Benyamin Nétanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant.

Et les ministres européens des Affaires étrangères reçoivent à Bruxelles, séparément, les chefs des diplomaties israélienne Israël Katz et palestinienne Riyad al-Maliki pour discuter d’une solution politique au conflit.

« Seul survivant »

Au 108e jour, lundi, de la guerre, la situation humanitaire et sanitaire demeure critique selon l’ONU à Gaza où au moins 1,7 million de personnes (plus de 80 % de la population) ont fui leur maison pour tenter de se protéger des combats.

Abdelrahmane Iyad, blessé à Gaza et désormais soigné à bord du porte-hélicoptères français Dixmude, à quai en Égypte, n’a pas eu le temps de quitter sa maison lorsque celle-ci a été touchée.

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Des Palestiniens déplacés fouillent une poubelle dans un camp de fortune à Rafah, près de la frontière avec l’Égypte, le 21 janvier.

« Quand ils ont bombardé la maison, j’ai été projeté dans les airs et j’ai heurté le mur de la maison de nos voisins. Ma jambe était coincée sous le plafond brisé, et une pierre a frappé l’avant et l’arrière de ma tête. J’ai perdu connaissance », souffle-t-il.  

« J’étais avec mes parents, mon frère, ma sœur, ma seconde sœur et son mari ainsi que leur fille. Ils sont tous décédés. Je suis le seul survivant. »