Des combats acharnés continuent à opposer mardi l’armée israélienne et le Hamas palestinien à Khan Younès, dans le sud de Gaza, sur fond de tractations pour mettre la guerre sur « pause » quelques semaines, à défaut de solution à plus longue échéance.  

Tôt mardi des témoins palestiniens ont fait état de tirs d’artillerie israéliens près de l’hôpital Nasser à Khan Younès, principale ville du sud du territoire où se cachent selon Israël les dirigeants locaux du Hamas.

Le Croissant-Rouge palestinien a accusé l’armée israélienne d’avoir mené un tir d’artillerie au quatrième étage de son QG à Khan Younès, et des drones d’avoir ouvert le feu, blessant des personnes qui avaient trouvé refuge dans l’enceinte de ce complexe médical.

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Des enfants palestiniens blessés lors d’une frappe israélienne reçoivent des soins à l’hôpital Nasser de Khan Younès, le 22 janvier.

Selon le bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA), les « hostilités s’intensifient » dans cette ville où l’armée israélienne avait affirmé lundi avoir pris le contrôle de postes de commandement du Hamas.

L’opérateur palestinien de télécoms Paltel, a annoncé une nouvelle coupure des communications de l’internet et mobile, conséquence des opérations militaires israéliennes dans le territoire où la situation était déjà critique pour les civils.

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.

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Des familles palestiniennes fuient Khan Younès par une route menant à Rafah, le 22 janvier.

Israël a juré « d’anéantir » le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une vaste opération militaire qui a tué 25 295 Palestiniens – en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescent – selon le ministère de la Santé du Hamas. L’armée israélienne dénombre, elle, 200 morts dans ses rangs depuis le début de son offensive terrestre.

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Une femme passe devant des affiches d’otages israéliens détenus à Gaza collées sur un mur près du parlement à Jérusalem, le 22 janvier.

Deux mois de trêve ?

Israël a proposé au Hamas, via la médiation de l’Égypte et du Qatar, une pause de deux mois dans les combats et les raids à Gaza en échange de la libération de tous les otages, a rapporté lundi soir le site américain Axios.

Cette proposition n’implique pas la fin de la guerre à Gaza, mais une seconde trêve, après celle d’une semaine qui avait permis la libération d’une centaine d’otages en échange d’au moins 240 prisonniers palestiniens écroués en Israël.

La proposition d’Israël prévoit le retour en Israël des otages vivants et des dépouilles en plusieurs phases dont la première comprendrait des femmes et des hommes âgés de plus de 60 ans, selon Axios.  

Suivraient ensuite les femmes soldats, les hommes âgés de moins de 60 ans, mais qui ne sont pas militaires, les soldats israéliens masculins, puis les dépouilles d’otages.

Dans le cadre de ce plan, Israël et le Hamas devraient s’entendre à l’avance sur le nombre de prisonniers palestiniens libérés en échange de chaque otage selon sa catégorie, poursuit Axios.

Au cours d’une rencontre lundi avec des membres des familles d’otages, le premier ministre Benyamin Nétanyahou avait évoqué une « initiative » israélienne, tout en affirmant ne pas être en mesure de la « détailler », selon la presse locale.

« Graines de la haine »

Si le gouvernement Nétanyahou discute de trêve, il refuse d’envisager à plus long terme la « solution à deux États », un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël, ont déploré lundi des ministres européens des Affaires étrangères.

Réunis à Bruxelles, ces derniers ont rencontré tour à tour, et séparément, leurs homologues israélien Israël Katz et palestinien Riyad al-Maliki.  

M. Katz a dit chercher à s’assurer du soutien des Européens dans la guerre d’Israël contre le Hamas et pour obtenir la libération des otages.

« Le ministre [israélien] aurait pu mieux profiter de son temps et se préoccuper de la sécurité de son pays et du nombre élevé de morts à Gaza », a réagi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, irrité du refus israélien de discuter de la solution à deux États.

« Quelles sont les autres solutions auxquelles ils pensent ? », s’est interrogé M. Borrell. « Faire partir tous les Palestiniens ? Les tuer ? », a-t-il ajouté. Les Israéliens « sont en train de semer les graines de la haine pour des générations à venir ».

Au-delà des Territoires palestiniens, le conflit exacerbe les tensions entre Israël et les alliés pro-Iran du Hamas, comme le Hezbollah libanais et les houthis yéménites.  

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Une fillette dans un camp de Rafah, le 22 janvier

En soutien à Gaza, ces derniers multiplient les attaques contre le trafic international en mer Rouge et dans le golfe d’Aden ce qui donne des maux de tête aux grands armateurs et accroît la facture du transport maritime.  

Dans la nuit de lundi à mardi, les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé à nouveau des sites houthis au Yémen dans l’espoir, selon eux, « d’affaiblir » l’arsenal militaire de ces rebelles pour favoriser la reprise du trafic en mer Rouge.

Mais pour Mohammed al-Bukhaiti, un haut responsable des houthis, ces frappes ne font « qu’accroître la détermination du peuple yéménite à assumer ses responsabilités morales et humanitaires envers les opprimés de Gaza ».