(Nations unies) Le rejet par le gouvernement israélien d’une solution à deux États, avec un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël, est « inacceptable » et risque de « prolonger le conflit », a déclaré mardi le secrétaire général de l’ONU devant le Conseil de sécurité.

« Le rejet clair et répété la semaine dernière de la solution à deux États au plus haut niveau du gouvernement israélien est inacceptable », a estimé Antonio Guterres lors de cette réunion du Conseil en présence de nombreux ministres des Affaires étrangères.

« Ce refus, et le déni du droit du peuple palestinien à avoir un État, pourrait prolonger indéfiniment un conflit qui est devenu une menace majeure pour la paix et la sécurité internationales », a-t-il ajouté à New York.

« Il pourrait exacerber la polarisation et encourager les extrémistes partout ».

Plusieurs États membres du Conseil ont plaidé également pour une solution à deux États, de la Russie à la France et aux États-Unis.

« Je dois dire à Israël, qui connaît l’amitié du peuple français, qu’il faut un État palestinien, que les violences envers le peuple palestinien, notamment celles des colons extrémistes, doivent cesser, et que le droit international s’impose à tous », a insisté le nouveau ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, qui présidait la réunion.

« C’est la conviction forte du président Biden que deux États, avec la garantie de la sécurité d’Israël, sont la seule voie vers une paix durable », a renchéri la sous-secrétaire d’État américaine pour les droits humains Uzra Zeya.

Le gouvernement israélien refuse de discuter d’une « solution à deux États », irritant la communauté internationale, et le premier ministre Benyamin Nétanyahou a réaffirmé la semaine dernière son opposition à une « souveraineté palestinienne ».

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

Israël a juré « d’anéantir » le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25 490 Palestiniens, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la Santé du Hamas.  

« La population de Gaza dans son ensemble subit des destructions à une échelle et un rythme sans parallèle dans l’Histoire récente », a déclaré Antonio Guterres, réclamant une nouvelle fois un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » et l’ouverture de nouveaux points de passage pour l’aide humanitaire vers le territoire palestinien.

« Le mépris pour la vie des Palestiniens, pour le droit international […] ne doit plus être toléré. Le temps presse. Il y a deux choix, répandre le feu ou un cessez-le-feu », a de son côté insisté le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki.

L’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan s’est lui attaqué à l’Iran : « si le Conseil (de sécurité) continue à se concentrer seulement sur l’aide à Gaza – qui est importante – mais ignore les racines de la grave menace pour le Moyen-Orient et dans le monde, la menace iranienne, alors notre avenir collectif sera un avenir chiite sombre ».

Quant au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, il a accusé les États-Unis d’avoir fourni une « carte blanche à la punition collective des Palestiniens » par Israël en bloquant au Conseil « tous les efforts et initiatives destinés à mettre un terme au carnage ».