(Sanaa) Les rebelles yéménites houthis ont tiré mercredi des missiles contre deux navires américains au large du Yémen, les forçant à rebrousser chemin, sur fond de multiplication de ces attaques et des frappes de représailles des États-Unis.

Cette nouvelle attaque est intervenue après des frappes des forces américaines avant l’aube contre des positions des houthis au Yémen, où les rebelles en guerre contre le pouvoir depuis 2014 contrôlent de vastes territoires.

Selon un porte-parole de la Maison-Blanche à Washington, John Kirby, les rebelles ont tiré « trois missiles contre deux navires » de la filiale américaine du géant danois du transport maritime Maersk, dont deux ont été interceptés par un navire militaire américain et un a manqué sa cible.

Il a averti que les États-Unis continueraient à « faire le nécessaire pour protéger » le transport maritime en mer Rouge, dans le détroit de Bab el-Mandeb et dans le Golfe d’Aden, situés au large du Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique.

Maersk a confirmé que deux bateaux de sa filiale américaine qui transitaient dans le détroit pour se rendre en mer Rouge avaient rebroussé chemin après des explosions à proximité.

Le Maersk Detroit et le Maersk Chesapeake étaient escortés par l’US Navy quand ils ont entendu les explosions, a indiqué la société dans un communiqué, précisant que la cargaison et l’équipage n’avaient pas été touchés.

« La marine américaine a fait faire demi-tour aux deux navires et les escorte jusqu’au golfe d’Aden », a ajouté le géant danois.

L’agence de sécurité maritime britannique (UKMTO) a elle aussi fait état d’une « explosion à environ 100 mètres » d’un navire, à 50 milles au sud du port yéménite de Mokha (sud).

« Protéger » le trafic maritime

Dans un communiqué sur X, les houthis, proches de l’Iran, ennemi juré des États-Unis, ont revendiqué l’attaque.

Ils ont fait état d’un « affrontement avec des navires de guerre américains qui assuraient la protection de deux navires commerciaux américains dans le golfe d’Aden et à Bab al-Mandab », affirmant avoir « ciblé avec des missiles balistiques un navire de guerre ».

À New York, l’ONU a annoncé que les houthis avaient donné un mois aux Nations unies pour que leurs employés de nationalité britannique et américaine quittent les zones sous leur contrôle au Yémen, après des frappes menées Washington et Londres sur les positions des rebelles.

Depuis novembre, les houthis disent viser les navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden qu’ils estiment liés à Israël, en « solidarité » avec les Palestiniens à Gaza, en proie à la guerre entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste Hamas.

Environ 12 % du commerce maritime mondial passe normalement par le détroit de Bab el-Mandeb, qui contrôle l’accès au sud de la mer Rouge, mais depuis le début des attaques des houthis, le nombre de conteneurs a chuté de 70 %, selon les experts maritimes.

Face à la multiplication des attaques, les Américains, parfois avec leur allié britannique, ont lancé depuis le début janvier des frappes contre des positions houthis au Yémen afin de « protéger » le trafic maritime des attaques des houthis proches de l’Iran.  

Mercredi avant l’aube, les forces américaines « ont frappé deux missiles anti-navire des houthis qui étaient dirigés vers le sud de la mer Rouge et étaient prêts à être tirés », selon le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (CENTCOM).

Livraisons de gaz menacées

Les rebelles ont menacé de riposter à chaque frappe américaine, faisant craindre une dangereuse escalade.

Les houthis font partie de ce que l’Iran présente comme « l’axe de la résistance » face à Israël qui réunit dans la région des groupes comme le Hezbollah libanais, le Hamas et d’autres factions en Irak et en Syrie.

À Doha, la compagnie nationale QatarEnergy a affirmé que ses livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) pourraient être retardées par la multiplication des attaques des houthis.

Mi-janvier, le premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, dont le pays est l’un des plus grands producteurs de GNL au monde, a qualifié les attaques en mer Rouge d’« escalade la plus dangereuse » dans la région en raison de l’impact sur le commerce mondial.