(Genève) La population à Gaza « meurt de faim », a dénoncé mercredi un haut responsable de l’OMS, au moment où d’importants pays donateurs ont annoncé la suspension de leur aide à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

« C’est une population qui meurt de faim. C’est une population qui est poussée au bord du gouffre », a déclaré le directeur du programme des urgences sanitaires de l’Organisation mondiale de la santé, Michael Ryan, lors d’une conférence de presse à Genève.

« Les Palestiniens à Gaza sont en catastrophe massive… Si vous demandez si la catastrophe peut s’aggraver, oui absolument », a-t-il ajouté.

L’aide humanitaire entre au compte-gouttes dans ce territoire palestinien totalement assiégé par Israël suite à l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.

« Le nombre de calories consommées par les habitants de Gaza a systématiquement diminué et la qualité de l’alimentation a chuté. Les gens ne sont pas censés survivre avec de l’aide alimentaire pendant des mois et des mois ou des années », a expliqué Michael Ryan.

Et si vous mélangez le manque de nourriture au surpeuplement ainsi qu’au froid et au manque d’abris, vous obtenez les conditions parfaites pour qu’il y ait une épidémie massive chez les enfants.

Michael Ryan, directeur du programme des urgences sanitaires de l’OMS

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre en Israël qui a fait environ 1140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels.  

Quelque 250 personnes ont été enlevées durant l’attaque dont une centaine libérées fin novembre pendant une trêve. Au total, 132 otages restent détenus dont 29 présumés morts d’après Israël.

« Le risque de famine augmente chaque jour »

En riposte, l’État d’Israël a juré d’« anéantir » le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et lancé une vaste opération militaire qui a fait 26 900 morts et près de 66 000 blessés, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.

« À ce jour, plus de 100 000 habitants de Gaza sont soit morts, blessés, portés disparus ou présumés morts », a indiqué le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, pendant la conférence de presse.

« Le risque de famine est élevé et augmente chaque jour », a-t-il dit, alors que les opérations d’aide aux civils de l’UNRWA sont menacées après qu’Israël a accusé 12 des 30 000 employés régionaux de l’agence d’implication dans l’attaque du 7 octobre.  

Plusieurs pays donateurs, dont les États-Unis, ont suspendu leur financement à l’UNRWA. Selon le Dr Tedros, cela aura « des conséquences catastrophiques pour la population à Gaza ».

L’URNWA estime « très importante » une enquête indépendante sur les allégations d’Israël, qui l’accuse « d’embaucher des terroristes » dans la bande de Gaza, a déclaré mercredi une porte-parole de cet organisme à Amman.

La semaine dernière, l’OMS a été accusée par l’ambassadrice israélienne auprès des Nations unies à Genève de « collusion » avec le Hamas, affirmant que l’agence onusienne avait « choisi d’ignorer » des preuves montrant, selon Israël, que le mouvement islamique avait utilisé les hôpitaux afin de mener des attaques, cacher des tunnels et des armes.  

L’OMS a une nouvelle fois réfuté mercredi ces accusations.

« L’accusation de collusion […] est vraiment irresponsable, car elle pourrait mettre nos employés en danger. Mais je voudrais assurer à l’ambassadrice qu’il n’y a pas de collusion et que l’OMS réfute toute accusation. Nous sommes impartiaux et nous faisons notre travail », a affirmé le Dr Tedros.