(Washington) L’armée américaine a abattu un drone au large du Yémen jeudi et détruit un drone de surface naval sans équipage chargé d’explosifs en mer Rouge, alors que les rebelles houthis continuent de menacer le trafic maritime dans la région.

Le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a par ailleurs annoncé que ce mouvement yéménite proche de l’Iran avait lancé deux missiles visant potentiellement un cargo, mais sans le toucher.

Le drone a été abattu au-dessus du golfe d’Aden tôt jeudi, a déclaré le Centcom, sans préciser à qui il appartenait. Il a toutefois imputé aux houthis la responsabilité du navire drone, dont la destruction a provoqué des « explosions annexes importantes », mais pas de blessés ou de dégâts matériels.

L’armée américaine avait auparavant annoncé avoir notamment détruit dix drones houthis et trois iraniens, dans une série de frappes.

Ces dernières semaines, les rebelles, qui contrôlent une grande partie du Yémen en guerre, ont multiplié les attaques visant des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, passages essentiels du commerce mondial.

« Escalade »

Les houthis disent agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, territoire assiégée et bombardé par Israël, en guerre contre le mouvement Hamas depuis l’attaque sanglante mené par ce dernier en sol israélien le 7 octobre.

Mercredi vers 20 h 30 (12 h 30 heure de l’Est), les rebelles houthis « ont lancé un missile balistique antinavire […] vers le golfe d’Aden », a annoncé le Centcom dans un communiqué.

Moins d’une heure après, ce même destroyer a « abattu trois drones iraniens » qui se trouvaient « à proximité », a ajouté le Centcom.

Dans la soirée, il a encore annoncé que des frappes américaines avaient détruit dix drones d’attaque et un poste de commandement houthis, qui « constituaient une menace imminente pour les navires marchands et les navires militaires américains ».

Plus tôt mercredi, l’armée américaine avait en outre dit avoir détruit un missile sol-air des houthis prêt à être tiré depuis le Yémen et qui menaçait, selon elle, des avions américains.  

Ils ont affirmé mercredi avoir visé un bâtiment américain, le USS Gravely.

D’autres groupes armés pro-iraniens ont attaqué ces derniers mois des bases américaines en Irak et en Syrie.

L’une de ces attaques, a coûté dimanche la vie à trois militaires américains en Jordanie, à la frontière syrienne. Washington l’a imputée à la « Résistance islamique en Irak », une nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-Iran, Téhéran réfutant toute implication.

Les États-Unis et l’Iran ont plusieurs fois répété qu’ils ne cherchaient pas une « escalade » des tensions au Moyen-Orient, dans le contexte de la guerre à Gaza.

« Dernier recours »

Le premier ministre britannique Rishi Sunak a une nouvelle fois appelé jeudi à l’arrêt des attaques « inconsidérées » des houthis, lors d’un entretien téléphonique avec le sultan Haitham d’Oman, pays voisin du Yémen et médiateur important entre l’Iran et les pays occidentaux.

Rishi Sunak, dont le pays a mené plusieurs frappes conjointes contre les houthis avec Washington, « a souligné que l’action militaire n’était qu’un dernier recours face à des menaces intolérables pour la navigation mondiale », selon un communiqué de son bureau.

Dans le golfe d’Aden, un autre navire marchand a été touché par un missile, qui a provoqué une explosion à bord, a indiqué jeudi la société britannique de sécurité maritime Ambrey.  

Les houthis, qui affirment viser des navires liés à Israël, ont mené plus de 35 attaques contre des navires au large du Yémen depuis le 19 novembre, selon le ministère américain de la Défense.

Avant de lancer des frappes en janvier, les États-Unis, principal allié d’Israël, avaient déployé des navires de guerre en mer Rouge et mis en place une coalition maritime internationale pour « protéger » cette zone cruciale par où transite jusqu’à 12 % du commerce mondial.

Depuis, les houthis considèrent également les navires liés aux États-Unis ou au Royaume-Uni comme des « cibles légitimes ».

Washington a annoncé mi-janvier les désigner à nouveau comme une entité « terroriste ».

L’impact de ces tensions dans cette zone est lourd : le transport maritime de conteneurs par la mer Rouge a chuté de près de 30 % sur un an, a annoncé mercredi le Fonds monétaire international (FMI).