(Washington) Les États-Unis ont annoncé jeudi de rares sanctions visant des colons israéliens extrémistes accusés de violences à l’encontre de Palestiniens en Cisjordanie occupée, le président Joe Biden dénonçant une situation « intolérable ».

« La situation en Cisjordanie, en particulier les niveaux élevés de violence des colons extrémistes, les déplacements forcés de personnes et de villages, et la destruction de biens, a atteint des niveaux intolérables et constitue une menace grave pour la paix, la sécurité et la stabilité de la Cisjordanie, de Gaza, d’Israël et la région du Moyen-Orient », écrit M. Biden dans un décret présidentiel.

« Ces actions compromettent les objectifs de la politique étrangère des États-Unis, y compris celui d’une solution à deux États » israélien et palestinien, et représentent à ce titre « une menace pour la sécurité nationale des États-Unis », ajoute-t-il dans ce texte lui octroyant l’autorité de prendre des sanctions.

Premier allié d’Israël, les États-Unis condamnent depuis des mois les violences de colons juifs contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée, exhortant les autorités israéliennes à les faire cesser et à traduire les auteurs devant la justice.  

« Israël doit faire davantage pour mettre fin à la violence contre les civils en Cisjordanie et exiger des comptes à ceux qui en sont responsables », a réitéré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui doit lui-même se rendre une nouvelle fois dans la région dans les jours à venir.

En réaction, Israël a estimé qu’il n’y avait « pas de place pour des mesures exceptionnelles » contre les colons israéliens, selon un communiqué du bureau du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Quatre colons visés

Les nouvelles sanctions américaines visent dans un premier temps quatre Israéliens, qui seront interdits de séjour aux États-Unis et leurs avoirs éventuels gelés, selon un communiqué du département d’État.

Parmi eux figure David Chai Chasdai, accusé d’avoir fomenté une émeute dans la ville palestinienne de Huwara, au sud de Naplouse, ayant entraîné la mort d’un civil palestinien.

Ou encore Yinon Levi, accusé de diriger un groupe de colons autour de l’avant-poste de Meitarim, ayant agressé des civils palestiniens et bédouins, brûlé leurs champs et détruit leurs biens.

Début décembre, les États-Unis avaient déjà annoncé des restrictions de visa contre des colons israéliens extrémistes mais il s’agit ici des premières sanctions financières.

L’annonce des sanctions survient le jour où le président Biden se rend dans le Michigan, un État du Nord des États-Unis crucial sur le plan électoral, qui est aussi l’épicentre de la colère des Américains d’origine arabe contre la politique pro-israélienne du président démocrate.

Le gouvernement israélien compte d’ardents défenseurs de la colonisation, dont le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, chef du parti d’extrême droite Force juive.

La Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, est secouée par un regain de violences depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le territoire israélien le 7 octobre.

Selon l’Autorité palestinienne, au moins 364 Palestiniens ont été tués depuis lors par des soldats ou des colons israéliens en Cisjordanie.  

Plus de 2,9 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie occupée, séparée de la bande de Gaza par le territoire israélien.  

Et environ 490 000 Israéliens y vivent également, dans des colonies jugées illégales par le droit international.