(Beyrouth) Des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi à Beyrouth pour commémorer l’assassinat en 2005 de l’ancien premier ministre Rafic Hariri et demander à son fils, Saad, de revenir en politique.

Brandissant le drapeau bleu du Courant du Futur, la formation dirigée par Saad Hariri, les manifestants ont acclamé ce dernier alors qu’il se recueillait, sous une pluie battante, sur la tombe de son père dans le centre de Beyrouth.

«  Nous réclamons le retour de Saad Hariri au Liban pour que la sécurité et la stabilité y reviennent », a affirmé à l’AFP Dina Hleihel, 55 ans, une manifestante.

« Tout le Liban est aujourd’hui pour le retour de Saad Hariri en politique, car il est capable de sauver le Liban et d’attirer le soutien international », a de son côté assuré Mahmoud Hammoud, 32 ans.

Mercredi, Saad Hariri a déclaré que lorsqu’il a quitté la politique, « la communauté internationale exigeait un changement au Liban et je me suis porté volontaire pour partir ». Il a assuré qu’il maintenait sa décision pour l’instant et qu’il « ne pensait pas » à un retour. « Ce n’est pas le moment », a-t-il dit dans une entrevue à la télévision saoudienne Al-Arabiya.

Saad Hariri avait été propulsé sur la scène politique après l’assassinat de son père, mais avait démissionné sous le poids de la pression populaire lors du soulèvement qui avait éclaté au Liban en octobre 2019.

En 2022, il avait annoncé son retrait de la vie politique et avait boycotté les élections législatives qui s’étaient alors tenues.

Effondrement économique

Alors qu’il jouissait de l’appui saoudien, sa relation s’est détériorée au cours des dernières années avec le royaume qui lui reprochait d’être trop accommodant avec le mouvement pro-iranien Hezbollah, un poids lourd du monde politique libanais.

Installé depuis aux Émirats arabes unis, Saad Hariri, toujours considéré à 53 ans comme le principal leader musulman sunnite au Liban, était revenu à Beyrouth dimanche pour la commémoration de l’assassinat de son père.

Depuis son exil volontaire, la communauté sunnite, dont est issu le premier ministre conformément au partage du pouvoir, s’est retrouvée marginalisée et ses députés divisés entre les camps antagonistes du pays.

Les divisions entre le camp de l’influent Hezbollah chiite et celui de ses adversaires paralysent la vie politique au Liban. Sans président depuis novembre 2022, le pays est dirigé par un gouvernement démissionnaire, alors que le pays vit un effondrement économique sans précédent.

Premier ministre à deux reprises entre 1992 et 2004, Rafic Hariri avait été tué à Beyrouth le 14 février 2005, du temps de la domination syrienne sur le Liban, dans un attentat suicide à la camionnette piégée qui avait également fait 21 morts.

En 2022, le Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban (TSL) avait condamné par contumace deux membres du Hezbollah à la prison à perpétuité, à l’issue d’un long procès.