L’armée israélienne a annoncé jeudi mener une opération dans un grand hôpital du sud de la bande de Gaza, où auraient selon elle été retenus des otages du Hamas et où des médecins décrivent une situation désespérée.  

Sous le feu des combats entre l’armée et le mouvement islamiste palestinien, l’hôpital Nasser de Khan Younès a accueilli des milliers de civils fuyant la guerre, dont l’évacuation a commencé ces derniers jours.

L’armée a annoncé mener une « opération ciblée et limitée » dans cet hôpital, après avoir reçu « des renseignements crédibles » indiquant que le Hamas y avait retenu des otages « et qu’il y aurait peut-être des corps d’otages » sur place.

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L’hôpital Nasser de Khan Younès

Après Khan Younès, une ville transformée en champ de ruines, Israël prépare une offensive terrestre dans la ville de Rafah, plus au sud, dernier refuge pour des centaines de milliers de civils qui ont fui les combats.

Jeudi, des photographes de l’AFP ont vu des nuages de fumée s’élever au-dessus de Khan Younès et de Rafah, après de nouveaux bombardements.

Après plus de quatre mois de guerre contre le Hamas à Gaza, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, veut maintenant détruire le « dernier bastion » du mouvement islamiste à Rafah.

Il a annoncé une « action puissante » dans la ville, mais assuré que l’armée permettrait auparavant aux civils « de quitter les zones de combat ».

Pendant que les pays médiateurs poursuivent au Caire leurs négociations en vue d’une trêve, les appels se multiplient à travers le monde face aux conséquences potentiellement dévastatrices d’une telle opération.

Paysage « apocalyptique »

Environ 1,4 million de personnes, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, sont massées à Rafah, transformée en un gigantesque campement.

Rafah est en outre le principal point d’entrée de l’aide humanitaire depuis l’Égypte, contrôlée par Israël et insuffisante pour répondre aux besoins d’une population menacée par la famine et les épidémies.

Les déplacés qui ont fui l’hôpital Nasser, répondant à un ordre d’évacuation de l’armée, se retrouvent à présent « sans endroit où aller », dans un « paysage apocalyptique » où les bombardements « font partie de la vie quotidienne », a déclaré jeudi Médecins Sans Frontières.

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Environ 1,4 million de personnes, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, sont massées à Rafah.

Beaucoup d’hôpitaux de la bande de Gaza ont été visés depuis le début de la guerre par l’armée qui accuse le Hamas de les utiliser comme bases.  

« Nous avons peur »

« Mon mari et mon fils Mohammad sont partis mercredi avec des milliers de personnes, mais je ne sais pas ce qu’ils sont devenus », a raconté à l’AFP une déplacée à l’hôpital Nasser, Jamila Zidane.

« Nous avons peur », confie cette femme de 43 ans, restée dans l’hôpital avec ses six filles.

La guerre a été déclenchée par l’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. L’armée a lancé une offensive qui a fait 28 663 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

La guerre a aussi ravivé les tensions à la frontière nord d’Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont devenus quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah chiite libanais, allié du Hamas et soutenu par l’Iran.

PHOTO MOHAMMED ABED, AGENCE FRANCE-PRESSE

Après plus de quatre mois de guerre contre le Hamas dans le territoire palestinien assiégé, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, veut maintenant détruire le « dernier bastion » du mouvement islamiste à Rafah.

Mercredi, Israël a bombardé le sud du Liban faisant 15 morts parmi lesquels un commandant du Hezbollah, en représailles à des tirs de roquette qui ont tué une soldate dans le nord d’Israël.

« Exigences illusoires »

Les négociations en vue d’une trêve incluant de nouvelles libérations d’otages du Hamas et de Palestiniens détenus par Israël se poursuivent au Caire jusqu’à vendredi, par l’intermédiaire des pays médiateurs, Qatar, Égypte et États-Unis.

Le bureau de Benyamin Nétanyahou a déclaré n’avoir reçu « aucune nouvelle proposition » du Hamas concernant la libération des otages, et les médias israéliens ont rapporté que la délégation du pays ne reprendrait pas les négociations tant que le Hamas n’assouplirait pas sa position.

Sans commenter directement ces informations, M. Nétanyahou a déclaré : « J’insiste pour que le Hamas abandonne ses exigences illusoires et, lorsqu’il abandonne ces exigences, nous pourrons aller de l’avant ».

Depuis Tirana, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a dit croire encore « possible » un accord sur les otages.

Pour sa part, lors d’un entretien téléphonique jeudi avec M. Nétanyahou, le premier ministre britannique Rishi Sunak a dit que parvenir à une trêve humanitaire était une « priorité immédiate ».

Selon le Washington Post, les États-Unis et un petit groupe de leurs alliés arabes élaborent un plan destiné à établir une paix durable entre Israël et les Palestiniens, qui inclurait une pause dans les combats, la libération des otages et un calendrier pour l’établissement à terme d’un État palestinien.

La mise en œuvre de ce plan commencerait par un cessez-le-feu « d’une durée prévue d’au moins six semaines », a indiqué le quotidien américain, en citant des responsables américains et arabes qui espèrent un accord avant le 10 mars, date de début du ramadan.

Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.