Une centaine de Palestiniens ont péri ces dernières 24 heures dans les bombardements incessants israéliens sur la bande de Gaza, y compris à Rafah, a indiqué jeudi le Hamas, pendant qu’un émissaire américain a eu des discussions en Israël en vue d’une éventuelle trêve.

Plus de quatre mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien, 2,2 millions de personnes sont menacées de famine dans la bande de Gaza dévastée et assiégée selon l’ONU qui parle d’une catastrophe humanitaire.

Alors que la guerre a fait près de 29 500 morts dans le territoire palestinien selon le ministère de la Santé du Hamas, la communauté internationale s’inquiète du sort d’au moins 1,4 million de Palestiniens massés à Rafah (sud) selon l’ONU et piégés contre la frontière fermée avec l’Égypte.

Avant l’aube, l’aviation israélienne a mené dans cette ville une dizaine de frappes, selon un journaliste de l’AFP. Des bombardements ont aussi visé Khan Younès, à quelques kilomètres plus au nord.

D’après le ministère de la Santé du Hamas, en 24 heures les bombardements ont coûté la vie à 97 Palestiniens dans le territoire assiégé par Israël depuis le 9 octobre.  

« J’ai été réveillé par une énorme explosion, comme un tremblement de terre. Il y avait des flammes, de la fumée, de la poussière partout », a dit à Rafah Rami Al-Shaer, un rescapé de 21 ans. « Ils ont détruit Rafah. »

Une mosquée touchée

PHOTO SAID KHATIB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Rafah, le 22 février 2024

Les bombardements ont détruit à Rafah la mosquée al-Faruq, dont il ne reste que le minaret dressé au milieu des ruines.

À Khan Younès, le Croissant-Rouge palestinien a fait état d’« attaques multiples » et de tirs d’artillerie contre l’hôpital Al-Amal. L’autre grand hôpital de la ville en ruines, Nasser, a été pris d’assaut par l’armée le 15 février.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a annoncé une prochaine offensive terrestre sur Rafah, afin de vaincre selon lui le Hamas dans son « dernier bastion » et libérer les otages détenus à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre.

PHOTO SAID KHATIB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Rafah, le 22 février 2024

Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque dans le sud d’Israël durant laquelle 1160 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Quelque 250 personnes ont été en outre enlevées et emmenées à Gaza. D’après Israël, 130 otages y sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, après une libération, à la faveur d’une trêve fin novembre, de 105 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.

« Les discussions se passent bien »

Après avoir mené une campagne de bombardements par terre, mer et air contre le territoire de 362 km2, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza et ses soldats ont progressé jusqu’à Khan Younès où se concentrent les combats.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 29 410  personnes ont été tuées à Gaza, en grande majorité des civils.

Des quartiers entiers du territoire palestinien ont été rasés et 1,7 million de personnes ont été déplacées sur les quelque 2,4 millions d’habitants.

PHOTO MOHAMMED ABED, AGENCE FRANCE-PRESSE

Rafah, le 22 février 2024

Face à un bilan humain qui ne cesse de s’alourdir, des discussions impliquant les médiateurs internationaux – Qatar, États-Unis, Égypte – en vue d’une trêve associée à une nouvelle libération d’otages se poursuivent.

Après une visite au Caire, le conseiller du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, a eu des discussions jeudi en Israël avec notamment le ministre de la Défense Yoav Gallant.

« Les indications initiales que nous tenons de Brett sont que les discussions se passent bien », a indiqué la Maison-Blanche en précisant que les pourparlers portent sur « une pause prolongée afin de libérer tous les otages » et dans le but de « faire rentrer plus d’aide humanitaire » à Gaza.

La libération des otages est l’un des premiers objectifs de la guerre affichés par Benyamin Nétanyahou, qui veut poursuivre l’offensive à Gaza jusqu’à l’élimination du Hamas.

Le Hamas lui réclame un cessez-le-feu, un retrait israélien de Gaza, la fin du blocus israélien en place depuis 2007 et des aides humanitaires plus importantes.

« Unanimité virtuelle »

Soumise au feu vert d’Israël, l’aide humanitaire, toujours insuffisante, entre à Gaza essentiellement par Rafah via l’Égypte, mais son acheminement vers le nord est rendu presque impossible par les destructions et les combats.

La guerre a aussi entraîné une flambée de violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Une personne a été tuée et quatre autres blessées, dont une grièvement, dans une attaque israélienne contre un véhicule jeudi soir à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie occupée, selon les autorités locales.

Les incidents meurtriers se multiplient en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier, entre attaques de colons israéliens contre des Palestiniens, attaques de Palestiniens contre des Israéliens, et raids quasi quotidiens de l’armée israélienne.

« Un bombardement [israélien] sur une voiture dans le camp de Jénine a fait un mort et quatre blessés, dont une grièvement », a indiqué jeudi soir à l’AFP le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne.

La voiture a été frappée dans une rue du camp de réfugiés, devenu avec les années une zone urbaine. Sur place, les restes du véhicule presque complètement détruits étaient en flammes au milieu d’une rue, à quelques mètres d’un immeuble, a constaté l’AFP.

Dans la matinée, toujours en Cisjordanie, trois Palestiniens ont tué une personne et blessé huit autres, dont une jeune femme enceinte dans un état critique, en ouvrant le feu à l’arme automatique sur des véhicules dans un embouteillage près de la vaste colonie juive de Maale Adoumim, située en bordure d’une autoroute entre Jérusalem et la mer Morte.

À Rio de Janeiro, le chef de la diplomatie brésilienne Mauro Vieira a fait état d’une « unanimité virtuelle » des membres du G20 « en soutien à la solution de deux États », israélien et palestinien, pour régler ce conflit vieux de plusieurs décennies.

Mercredi, le Parlement israélien a voté une résolution s’opposant à toute « reconnaissance unilatérale d’un État palestinien », qui reviendrait selon le texte à récompenser le « terrorisme sans précédent » du Hamas.