Le début du ramadan, mois sacré chez les musulmans, ce lundi, fait craindre une montée de la violence dans le conflit israélo-palestinien. Sans espoir d’une trêve à Gaza, Jérusalem pourrait devenir un lieu « très, très dangereux », a prévenu le président américain, Joe Biden. Explications.

Quelle est l’origine de cette inquiétude ?

Ce n’est pas nouveau que le ramadan – qui débute lundi dans la plupart des pays – s’accompagne d’une recrudescence de la violence dans le conflit israélo-palestinien.

Cette année, le mois sacré s’inscrit toutefois dans un contexte particulièrement explosif.

Pendant le ramadan, des dizaines de milliers de fidèles se rassemblent à la mosquée al-Aqsa, située à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël.

L’enceinte est le troisième site le plus sacré de l’islam. Mais il est aussi un lieu saint pour les juifs, qui l’appellent « mont du Temple ».

Dans les dernières années, la police israélienne a parfois restreint l’accès à la mosquée pendant le mois sacré, donnant lieu à des heurts avec des fidèles musulmans.

C’est ce qui s’est passé en 2021 ?

Notamment. En plein ramadan, de violents affrontements ont éclaté à l’esplanade des Mosquées, lieu saint de Jérusalem, faisant des centaines de blessés palestiniens.

PHOTO AMMAR AWAD, ARCHIVES REUTERS

Un Palestinien prie, le 7 mai 2021, tandis que la police israélienne se rassemble dans l’enceinte qui abrite la mosquée Al-Aqsa.

Après des semaines de tensions, le Hamas a tiré des roquettes sur Israël, qui a riposté avec des frappes aériennes. Les combats, qui ont duré 11 jours, ont fait 250 morts dans la bande de Gaza et 13 en Israël.

« Les Israéliens craignent une répétition de ce qui s’est passé en 2021 », estime James Gelvin, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles.

Dans les dernières années, des affrontements sont régulièrement survenus à la mosquée al-Aqsa. Le Hamas a d’ailleurs cité les « attaques quotidiennes » contre le site religieux comme la raison de l’attaque du 7 octobre.

La même chose pourrait-elle se produire cette année ?

C’est ce que beaucoup redoutent. Plus tôt cette semaine, le président américain, Joe Biden, a plaidé pour un « cessez-le-feu » dans la bande de Gaza avant le début du ramadan.

Autrement, « Israël et Jérusalem pourraient devenir des lieux très, très dangereux », a-t-il prévenu.

Or, les négociations sur un cessez-le-feu à Gaza sont actuellement dans une impasse, faisant craindre une escalade de la violence à l’échelle de la région.

En février, le roi Abdallah II de Jordanie prévenait que « la poursuite de la guerre contre Gaza pendant le mois sacré du ramadan » ne ferait qu’aggraver « la menace d’une extension du conflit ».

Comment Israël se prépare-t-il au ramadan ?

« Les autorités israéliennes sont partagées », remarque James Gelvin.

D’un côté, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a appelé à interdire l’accès à la mosquée al-Aqsa aux Palestiniens. « Nous ne pouvons pas prendre de risque », avait-il justifié.

De l’autre, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a assuré que « tout » serait fait pour « garantir la liberté de culte sur le mont du Temple et permettre aux musulmans de célébrer, tout en tenant compte des impératifs de sécurité ».

Récemment, le gouvernement israélien a annoncé que les fidèles musulmans pourraient prier sur l’esplanade des Mosquées « dans le même nombre que les années précédentes ».

« Le service de renseignement israélien a mis en garde contre le risque d’envenimer la situation en restreignant l’accès à Al-Aqsa », explique M. Gelvin.

Si un débordement devait survenir, Israël « redoute une propagation de la violence actuelle dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie », ajoute le spécialiste de l’histoire du Moyen-Orient.

Que dit le Hamas ?

Dans un discours télévisé, le chef du mouvement islamiste, Ismail Haniyeh, a invité les musulmans à se rendre à la mosquée al-Aqsa « dès le premier jour du mois béni du ramadan » afin de « faire cesser le siège qui lui est imposé ».

Un autre porte-parole du Hamas a qualifié le ramadan de « mois de la victoire, mois du djihad », ajoutant que le groupe défendait l’honneur des musulmans du monde entier dans la bande de Gaza.

« Nous appelons notre peuple à marcher sur Jérusalem… à prier dans la mosquée… et à empêcher l’occupation d’atteindre ses objectifs de contrôle et de division. La mosquée al-Aqsa nous appartient », a-t-il déclaré.