Rex Brynen est professeur au département de science politique à l'Université McGill et s'intéresse de près à la situation au Proche-Orient. Joint en Europe où il se trouvait la semaine dernière, il a répondu à nos questions par courriel.

Q : Près d'une semaine après le raid au large de Gaza, plusieurs personnalités israéliennes se sont exprimées dans les médias du pays. Mais qu'en pense la population?

 

R : La plupart des Israéliens soutiennent le raid et jettent le blâme sur les militants à bord du Mavi Marmara. Par contre, plusieurs Israéliens ont aussi soulevé des questions sur la sagesse de maintenir le siège à Gaza.

Q : Est-ce que ce blocus peut toujours être maintenu?

R : Il est clair que la politique israélienne envers Gaza pose un grave problème. Elle a eu des effets dévastateurs sur l'économie de Gaza et sur sa population. Compte tenu de la quantité de biens qui sont sous embargo, le blocus se traduit par une punition collective de la population civile et ne peut stopper la contrebande d'armes à Gaza. Il nuit à Israël sur le plan international. Enfin, il en a résulté une augmentation importante de la contrebande par des tunnels à partir de l'Égypte - qui, ironiquement, a facilité la contrebande d'armes vers Gaza au lieu de l'empêcher.

Q : Que peut-on attendre de Washington et d'Istanbul?

R : Les Américains et les Européens ont longtemps considéré que les restrictions d'Israël étaient trop sévères. À la suite de cet incident, ils pourraient augmenter la pression sur Israël pour assouplir les restrictions et permettre de normaliser les échanges avec Gaza. Quant à la Turquie, l'incident a causé de graves dommages à ses relations avec Israël, des relations qui ont déjà été bonnes.

Q : Peut-on s'attendre à ce que cet incident marque un tournant dans le conflit?

R : L'incident pourrait, comme je l'ai suggéré, mener à un assouplissement de certaines restrictions contre Gaza. Mais il est peu probable qu'il ait un impact fondamental sur le conflit ou le processus de paix.