L’architecte Guillaume Fafard déteste le gaspillage en général et le gaspillage d’énergie en particulier.

Il a profité de la pandémie pour suivre une formation sur la norme Maison Passive, obtenant la certification à titre de concepteur. Il s’insurge de voir le manque d’ambition ambiant pour hausser la performance énergétique des bâtiments. Il prend donc les devants, démontrant avec l’immeuble locatif Scandinave, en construction à Québec, qu’il est possible d’améliorer la performance énergétique d’un bâtiment sans trop faire gonfler la facture.

  • L’immeuble locatif Scandinave, en construction dans Limoilou, à Québec, comptera 40 logements. Il est 20 % plus performant que ce que le Code exige, tout en restant dans les standards de l’industrie. 

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    L’immeuble locatif Scandinave, en construction dans Limoilou, à Québec, comptera 40 logements. Il est 20 % plus performant que ce que le Code exige, tout en restant dans les standards de l’industrie. 

  • Les murs du Scandinave sont à double ossature, pour mettre plus d’isolant.  

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    Les murs du Scandinave sont à double ossature, pour mettre plus d’isolant.  

  • Les murs du Scandinave ont 12 pouces d’épaisseur (30,5 cm) au lieu d’en avoir 8 (20 cm).

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    Les murs du Scandinave ont 12 pouces d’épaisseur (30,5 cm) au lieu d’en avoir 8 (20 cm).

  • Les fenêtres ont un triple vitrage. Elles sont d’entrée de gamme, afin de garder les coûts sous contrôle.

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    Les fenêtres ont un triple vitrage. Elles sont d’entrée de gamme, afin de garder les coûts sous contrôle.

  • Voici l’aspect qu’aura l’air le bâtiment locatif le Scandinave, une fois achevé.

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR QUINZHEE ARCHITECTURE

    Voici l’aspect qu’aura l’air le bâtiment locatif le Scandinave, une fois achevé.

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« Le bâtiment de 40 logements est 20 % plus performant que ce que le Code exige, tout en restant dans les standards de la construction », explique le vice-président de Bâtiment Passif Québec et fondateur de l’agence d’architecture Quinzhee. « On a fait un mur à double ossature, pour mettre plus d’isolant. Le mur a 12 po d’épaisseur, au lieu d’en avoir 8 po. On a installé des fenêtres avec un triple vitrage, d’entrée de gamme. On a couvert les ponts thermiques et utilisé d’autres thermopompes. Ce sont toutes des choses qu’on accumule et qui font une différence, quand on effectue le modèle énergétique. Ce n’est pas si sorcier que ça. »

Il aimerait aller plus loin, plus rapidement. Il cite en exemple les objectifs ambitieux du gouvernement de la Colombie-Britannique, qui encourage la construction de bâtiments de plus en plus performants (BC Energy Step Code).

On parle de changements climatiques et d’urgence climatique. Ce qui me sidère le plus, c’est qu’on a toutes les technologies pour freiner ça. On est juste paresseux ou on se dit que cela coûte trop cher. Mais un bâtiment, c’est un investissement.

Guillaume Fafard, architecte

Au Québec, le standard de base n’est pas assez élevé, déplore-t-il. « Quand le standard de base est facile à atteindre, c’est facile de le dépasser, dit-il. La réglementation n’est pas assez agressive. »

Nouveau programme de la SCHL

CSR Immobilier, qui construit le Scandinave, pourrait louer les 40 logements chauffés et éclairés, afin de profiter directement des coûts d’opération moins élevés et rentabiliser son investissement. L’entreprise refilera plutôt l’économie d’énergie aux futurs locataires, qui régleront eux-mêmes leur facture d’électricité.

Ce qui a joué un rôle dans la décision des dirigeants d’améliorer la performance énergétique de l’immeuble ? Le programme APH Select de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Ce nouveau programme d’assurance prêt hypothécaire, pour immeubles d’au moins cinq logements, offre des primes réduites et des périodes d’amortissement plus longues (jusqu’à 50 ans) aux promoteurs, qui s’engagent à offrir un certain pourcentage de logements abordables, des logements accessibles de conception universelle et une performance énergétique de 20 %, 25 % ou 40 % au-dessus du code, pour les constructions neuves. Plus le nombre de points accumulés est élevé, meilleures sont les mesures incitatives.

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Karine St-Pierre, avocate, associée chez CSR Immobilier

« L’amélioration de l’efficacité énergétique du bâtiment nous permettait d’avoir accès au programme, qui nous apportait des avantages au niveau du taux d’intérêt, ainsi qu’au niveau de la mise de fonds que nous avions à injecter », explique l’avocate Karine St-Pierre qui, avec ses associés, a effectué un virage dans le marché locatif en fondant CSR Immobilier. Leur entreprise Construction St-Pierre Roseberry, spécialisée dans la construction de condos, est bien connue à Québec.

Le programme entraîne des dépenses supplémentaires, mais on en retire aussi des bénéfices. Cela fait aussi partie des valeurs de l’entreprise, d’en faire plus que le minimum demandé. C’est vrai aussi pour l’insonorisation des murs.

Karine St-Pierre, avocate, associée chez CSR Immobilier

La construction de bâtiments à haut rendement énergétique a un grand impact environnemental, rappelle Guillaume Fafard. « Toute l’hydroélectricité qu’on n’utilise pas au Québec peut être vendue aux États-Unis, qui utilisera moins de charbon pour produire son électricité. On peut aussi en vendre à l’Ontario, à la Nouvelle-Écosse ou ailleurs. On est capables de réduire l’empreinte écologique de nos voisins en travaillant en équipe avec eux. »

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