L’histoire unique de cette famille commence avec un cas classique : un appartement du Plateau devenu trop serré, des parents qui cherchent ailleurs pour plus d’espace… Jusqu’à ce qu’au hasard d’une rencontre de famille, un oncle architecte leur fasse voir les choses sous un autre angle. Voici la suite de leur histoire. Un indice : elle finit bien.

En ce jeudi midi de fin d’été, les enfants jouent dans la ruelle avec leurs amis, ou plutôt la rue-ruelle qu’est l’avenue de Chateaubriand dans le Plateau. L’entrée principale de leur maison centenaire a beau être sise rue Saint-Hubert, c’est en arrière que ça se passe : là où se trouvent leur cour, leur ruelle, leurs amis et même leur école.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La famille dans la ruelle adorée : les parents Virginie Morin et Maxime Brunelle, avec leurs enfants Valentine et Morgane. Absent de la photo : Roméo, qui était à la garderie ce jour-là !

Pourtant, les parents, Maxime Brunelle et Virginie Morin, ont failli devoir abandonner le quartier, faute d’espace dans leur rez-de-chaussée de triplex. Ils avaient bien un vieux garage dans la cour, surmonté d’un petit attique qui pouvait servir de rangement, mais ce n’était plus suffisant. « On commençait à se sentir un peu à l’étroit, lance Maxime, père de Valentine, 13 ans, Morgane, 9 ans, et Roméo, 5 ans. On regardait pour quelque chose d’un peu plus grand, on a visité ailleurs à Montréal, et même sur la Rive-Sud… Mais lorsqu’on a discuté par hasard avec Marc dans une rencontre de famille, il a dit : “Ah, il y a peut-être des possibilités que vous n’avez pas vues.” »

Marc, c’est Marc Blouin, oncle de Virginie et aussi architecte cofondateur de la firme Blouin Orzes. Il voyait le potentiel du vieux garage, surtout qu’on y avait déjà accès par la maison. « Il avait du vécu, mais par contre, il avait une qualité intéressante : c’était un garage de presque deux étages. »

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L’agrandissement a été construit sur l’emprise de l’ancien garage. La porte coulissante mène encore à un garage, mais… pour les vélos plutôt. En haut, on a construit une chambre pour l’aînée.

« Je suis allé faire un petit tour à l’arrondissement du Plateau », poursuit l’architecte. Il a su qu’il tenait un projet entre ses mains lorsque l’arrondissement a confirmé qu’il était possible de démolir le garage, de le reconstruire sur deux étages et de creuser un sous-sol. Encore mieux qu’espéré !

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Marc Blouin, architecte

L’idée, au départ, c’était d’avoir une salle familiale. Mais quand on a su qu’on pouvait construire sur deux étages, c’était comme un vrai bonus… Et puis en creusant, ça permet d’avoir du rangement, ce qui est un autre plus.

Marc Blouin, architecte

Creuser en bas et construire en haut permettait d’ajouter d’un seul coup plusieurs fonctions manquantes : une salle familiale, une chambre pour la plus grande, un espace de rangement au sous-sol, et même un garage à vélos.

Le projet a toutefois connu son lot de défis, et tout est mesuré au millimètre près. Ainsi, même s’il était possible de construire un second étage, l’architecte était très limité en hauteur. Entre autres prouesses techniques, il a conçu un plafond en petites lattes de bois qui, en plus d’avoir un look original, a l’avantage de prendre très peu de place. « On a étiré la hauteur au max. On a trouvé la façon de faire le toit comme un petit sandwich, afin d’avoir la toiture la plus mince possible et une chambre habitable. »

  • La salle familiale est très prisée des amis. La volée de marches mène à la chambre de Valentine, à l’étage.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    La salle familiale est très prisée des amis. La volée de marches mène à la chambre de Valentine, à l’étage.

  • L’architecte Marc Blouin a réussi à intégrer une chambre au deuxième étage, malgré l’espace restreint, au grand bonheur de l’aînée de la famille.

    PHOTO FOURNIE PAR BLOUIN ORZES ARCHITECTES

    L’architecte Marc Blouin a réussi à intégrer une chambre au deuxième étage, malgré l’espace restreint, au grand bonheur de l’aînée de la famille.

  • L’allée parsemée de graminées permet de passer directement de la cour à la ruelle. À travers la porte, on aperçoit le mur de briques blanc, qui était l’ancien mur extérieur.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    L’allée parsemée de graminées permet de passer directement de la cour à la ruelle. À travers la porte, on aperçoit le mur de briques blanc, qui était l’ancien mur extérieur.

  • Le toit de l’agrandissement crée une terrasse pour l’appartement du dessus. L’escalier de secours a également été déplacé un peu plus loin.

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    Le toit de l’agrandissement crée une terrasse pour l’appartement du dessus. L’escalier de secours a également été déplacé un peu plus loin.

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La cour aussi a été réaménagée en fonction de la nouvelle configuration. Le toit de l’agrandissement a eu l’avantage de créer une terrasse pour l’appartement du dessus. On a également bougé l’un des escaliers de secours, dans le respect des (nombreux) règlements.

Tout cela sans toucher — ou presque — à l’appartement original. En effet, le seul indice de l’intervention reste le trou pratiqué dans un mur de la cuisine, qui mène vers l’extension. La chambre supplémentaire y bénéficie donc d’une grande intimité. Un petit cocon où Valentine adore recevoir ses amis !

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L'agrandissement vu de la ruelle

Justement, ce jour-là, une amie est dans la cour avec la famille. Et c’est toujours comme ça, confirment les parents, qui en sont bien heureux. « C’est l’fun, les enfants sont tout le temps ici, c’est le point de ralliement. On aime qu’il y ait de l’action », affirme Virginie au milieu du tourbillon. « On souhaite que ça continue comme ça », ajoute Maxime.

Malheureusement, le petit dernier brillait par son absence, puisque ce jour-là marquait son ultime journée de garderie. Le lendemain, Roméo commençait lui aussi l’école, juste derrière la ruelle. Et la roue continue de tourner. « On en a encore pour une couple d’années à ce que ça brasse… et c’était ça, le plan ! », conclut Virginie.