Attention, la résidence Les Abouts n'est pas comme les autres. Nichée dans les Bois-Francs, tout près d'une rivière, elle est composée de plafonds atteignant parfois 17 pieds de haut, d'une passerelle intérieure en verre et d'une véranda. Surtout, elle laisse généreusement traverser le paysage grâce à de larges fenêtres. Résultat: elle donne l'impression de fusionner avec la nature.

Attention, la résidence Les Abouts n'est pas comme les autres. Nichée dans les Bois-Francs, tout près d'une rivière, elle est composée de plafonds atteignant parfois 17 pieds de haut, d'une passerelle intérieure en verre et d'une véranda. Surtout, elle laisse généreusement traverser le paysage grâce à de larges fenêtres. Résultat: elle donne l'impression de fusionner avec la nature.

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  À l'heure actuelle, cette maison conçue par Pierre Thibault fait parler d'elle. En plus d'être finaliste aux Prix d'excellence 2007 de l'Ordre des architectes du Québec, elle apparaît dans le film L'espace que j'ai vu... un portrait de l'architecte Pierre Thibault. Nous avons visité cette résidence d'exception et demandé aux propriétaires, à l'architecte et à l'entrepreneur de nous dévoiler ses secrets.  Il est difficile de ne pas tressaillir dans la salle à manger de la résidence Les abouts. La pièce fait 17 pieds de haut (5,2m) et d'immenses fenêtres s'élèvent jusqu'au plafond. La lumière entre à flots. De l'autre côté du verre, il y a un ciel bleu intense, de la neige, des arbres et une rivière glacée. Saisissant. La salle à manger donne sur le séjour, situé à l'autre extrémité de la maison. Les propriétaires l'ont nommé «Jardin d'hiver». Une douce odeur de bois flotte dans l'air. Raison : le plafond en lames de cèdre blanc n'a pas été verni. La pièce comporte des bacs remplis de fines herbes et deux fauteuils framboise dessinés par le Français Pierre Paulin. Derrière les fauteuils, le mur est complètement vitré.

  Ici aussi, le paysage (pruches, ciel azur, neige immaculée) s'impose. Grâce à une position judicieuse de la maison, il est même possible d'admirer la rivière sinueuse des deux côtés de l'habitation. «Mais vous n'avez encore rien vu. Suivez-moi à l'étage», m'indique l'un des propriétaires, sourire en coin. Je gravis des marches tendues entre deux murs. J'accède à un «cube» suspendu au plafond. Il contient une chambre d'invités et une bibliothèque. Léger vertige. J'hésite avant de poser les pieds sur une passerelle en verre transparent. En dessous, j'aperçois la chaîne hi-fi et le parquet du salon. Devant, je découvre la nature, à la hauteur de la cime des arbres. Ouf! On jurerait un tableau géant.

  «On ne s'ennuie jamais dans cette maison», affirment les résidants, de fins amateurs d'art actuel qui ne cachent pas leur réel plaisir d'habiter les lieux. «Assis sur le canapé, on a plusieurs vues : verticale, horizontale et même panoramique. Le décor change chaque jour et chaque saison. Bref, on en a plein la vue partout et tout le temps», ajoutent-ils.

  D'autres détails architecturaux attirent l'attention dans cette maison ornée de tableaux signés par des artistes cotés et bien souvent québécois. Exemple? Le plafond en bois qui file de la cuisine jusqu'au vestibule. Dans ce volume étroit (de 4,9m de large), les cloisons ne touchent pas le plafond. Ce dernier a été aménagé avec une pente de 3 % et il est dépourvu de tout plafonnier. Résultat : il semble fuir vers l'extérieur et l'espace paraît plus vaste.

  Autre particularité : les deux poutres maîtresses du grand volume horizontal. Elles font 30 mètres de long et elles parcourent l'intérieur de la maison pour ensuite «transpercer» les fenêtres jusqu'à l'extérieur. L'effet d'optique est très réussi. Enfin, la pièce drapée de moustiquaires jouxtant la cuisine fait rêver. «L'été, je dors parfois dans cette pièce, c'est extraordinaire. J'entends la rivière, je ressens la brise, j'admire les étoiles brillantes quand il n'y a pas de lune et... dès 4h du matin, le chant des oiseaux me réveille. Ils sont vraiment matinaux», confie en souriant l'un des deux propriétaires.

  «Une expérience sensorielle intense»

  Impossible de parler d'architecture avec Pierre Thibault sans parler d'émotions. Celles que procurent les espaces d'une maison. Cet architecte de Québec est d'ailleurs reconnu par son ingéniosité à concevoir des lieux à sensation. «Pour moi, une maison doit offrir une expérience sensorielle intense», résume-t-il. À la fois artiste et architecte, il a pris un malin plaisir à éveiller tous les sens des visiteurs des Abouts.

  D'abord, la vue. La position de chacune des fenêtres a été soigneusement étudiée. Un crescendo est atteint dans la salle à manger. Elle est fenêtrée sur deux faces, du plancher au plafond. Ce qui donne une forte impression d'être à l'extérieur. De chaque côté du foyer, une grande fenêtre a été installée. L'idée de verticalité est décuplée. La passerelle de verre à l'étage met en valeur l'effet de suspension du «cube» accroché au plafond (cet espace comporte notamment une bibliothèque).

  Même le sens de l'ouïe est stimulé. Il y a d'abord le bruit des pas sur le gravillon, à l'extérieur. Vient ensuite la grande galerie couverte d'un toit. Après, le visiteur entre dans le vestibule (environ huit pieds de haut) et dès qu'il atteint la salle à manger (au plafond de 17 pieds), le bruit des pas change. «En fermant les yeux, il est possible de s'apercevoir qu'on passe d'une pièce à l'autre selon l'écho», explique l'architecte. Le toucher est un autre sens qui est éveillé lors d'une visite aux Abouts. Exemple : le plancher en chêne n'a pas été trop poncé. Sous les pieds, on sent le grain du bois. Pour éviter l'allure «plastique» des parquets ultra vernis, une huile mate a été privilégiée. En boni, l'hiver, dans la salle à manger, il y a le soleil qui touche la peau et qui la réchauffe agréablement.

  Quant à l'odorat, il est stimulé dès l'entrée par le parfum du cèdre blanc non verni du plafond. De toute évidence, Pierre Thibault ne se concentre pas uniquement sur l'aspect esthétique d'une construction. «Je tente de faire des maisons qui rendent la vie plus belle en générant des émotions», dit-il. Sans compter la mise en valeur du terrain. Elle est primordiale dans le processus de conception.

  Une maison ne doit donc pas perturber la nature, mais la mettre en valeur. De la même manière, le paysage devrait servir à rehausser l'architecture. Les abouts est un exemple éloquent. Ce joli terrain boisé est devenu fascinant depuis qu'il est doté d'une résidence parfaitement intégrée à l'environnement. «Conçu dans la plus belle tradition de la modernité, ce superbe pavillon de villégiature affiche la grande sensibilité de Pierre Thibault pour les paysages du Québec», conclut Georges Adamczyk, directeur de l'École d'architecture de l'Université de Montréal.