L’an dernier, une petite maison de style shoebox, construite en 1923 dans Rosemont, a attiré l’attention de Karine Paquet. L’habitation de 25 x 30 pi avait trois atouts majeurs : un prix alléchant, un emplacement de choix et un jardin paisible. Elle l’a visitée avec son conjoint à la fin de juin et deux jours plus tard, ils déposaient une offre d’achat.
Lors de la visite, une balançoire, au bout de la terrasse, a attiré son attention. « Cela m’en prenait une à moi aussi », a-t-elle décidé. Les anciens propriétaires ayant emporté la leur, elle a d’abord tenté d’en dénicher une sur des sites de revente, sans succès. Une petite entreprise de Mont-Saint-Grégoire, Cedtek, offrait exactement ce qu’elle cherchait. Elle l’a commandée de la couleur de son choix.
« Ma grand-mère en avait une, révèle-t-elle. Quand j’allais chez elle, on se balançait. Il y avait une petite table au milieu pour manger. Ma belle-mère aussi en avait une avant d’aller en condo. Elle l’a donnée à sa sœur. Les balançoires se passent de famille en famille. »
Sa collègue et amie Charlotte Antonini n’y comprenait rien. « J’avais des préjugés, reconnaît la jeune femme, qui s’est installée à Montréal avec sa famille il y a trois ans, en provenance de la France.
Je voyais des balançoires dans des maisons pour retraités. Je lui [Karine Paquet] ai dit que ce n’était pas de son âge. Je me suis moquée d’elle jusqu’à ce que je l’essaie.
Charlotte Antonini, amie de Karine Paquet
Il faisait beau, se rappelle-t-elle. Elle a eu du mal à partir.
« Méfiez-vous, met-elle en garde. On commence à se balancer, puis on vous propose un verre de vin. Vous êtes là pour la soirée ! »
Jardinière pour la Ville de Montréal, c’était important pour Karine Paquet d’avoir une belle cour fleurie. « La maison n’est pas grande, explique-t-elle. Nous avons notre chambre et notre fils a la sienne. Nous avons aussi un demi-sous-sol. La cour est une pièce supplémentaire l’été. Si elle avait été bétonnée et à refaire, cela aurait été décourageant. »
Cette année, elle observe ce qui pousse et fait un recensement des diverses plantes. « Il y en a qui ont des maisons clés en main, moi j’ai eu un jardin clés en main, dit-elle. J’ai plein de surprises. Je verrai ensuite ce que je voudrai déplacer. »
Le calme qui l’entoure ne cesse de la surprendre. « Cela fait du bien, révèle-t-elle. Je travaille toute la journée à côté d’une pelle mécanique, plantant des arbres et des annuelles. On est dans le trafic, on se fait klaxonner. On n’est jamais à la bonne place. Ici, c’est tranquille. Très peu d’autos passent dans la ruelle. »
Sa balançoire lui donne le goût de profiter de sa cour. « On ne mange pas là, précise-t-elle. On va juste s’asseoir pour relaxer, prendre un café ou un verre. J’aime mieux cela qu’un grand sofa extérieur. Je n’ai besoin de rien faire. Je regarde le ciel. »
Le bonheur est dans la cour, résume-t-elle. Il se trouve aussi vraisemblablement dans Rosemont. Ce printemps, après avoir visité la maison de son amie (et s’être assise dans sa balançoire), Charlotte Antonini a été charmée par la tranquillité ambiante. Deux jours plus tard, elle achetait avec son mari une maison de style shoebox à quelques rues.
« Nous faisons du covoiturage, c’est merveilleux, révèle la nouvelle propriétaire, elle aussi jardinière pour la Ville. On a une cour, plus petite, et un sous-sol, qui fait le bonheur de nos deux enfants. Je n’ai pas de balançoire. Mais je ne suis pas loin. Un coup de bicyclette et je peux en profiter ici. »
Gare aux soirées qui s’éternisent. Les deux femmes se donnent rendez-vous à 5 h 40 le matin pour aller travailler…