Faisant fi des modes, depuis des années, elles s'alignent, toutes simples, derrière le potager consacré à ma petite-fille Emma, sans entretien, sans fertilisant, sans arrosage, sans rien. Quatre potentilles arbustives, souvent transplantées, parfois même malmenées, quatre touffes distinctes qui font tellement partie de mon paysage que j'en ai oublié leur nom. Un abandon dont je me suis senti coupable récemment quand j'ai constaté qu'elles étaient en fleurs, une fois de plus, affichant leur air champêtre et se mariant parfaitement à la grange. Leur floraison abondante durera tout l'été.

Faisant fi des modes, depuis des années, elles s'alignent, toutes simples, derrière le potager consacré à ma petite-fille Emma, sans entretien, sans fertilisant, sans arrosage, sans rien. Quatre potentilles arbustives, souvent transplantées, parfois même malmenées, quatre touffes distinctes qui font tellement partie de mon paysage que j'en ai oublié leur nom. Un abandon dont je me suis senti coupable récemment quand j'ai constaté qu'elles étaient en fleurs, une fois de plus, affichant leur air champêtre et se mariant parfaitement à la grange. Leur floraison abondante durera tout l'été.

Mais je ne suis pas le seul à avoir délaissé les potentilles arbustives puisque les pépiniéristes vous diront que les ventes ont probablement chuté de 80% au cours des 15 ou 20 dernières années.

«À l'époque, raconte Jean-Pierre Devoyault, propriétaire du Jardin de Jean-Pierre, à Sainte-Christine, près d'Acton Vale, les potentilles se vendaient comme des petits pains chauds. Et cet engouement a duré des années. Mais avec le temps, elles ont eu de la concurrence. Vint alors l'ère des spirées avec la fameuse «Gold Mound», puis celle des cornouillers. Ensuite ce fut le tour des arbustes à feuillage foncé ou pourpre comme le physocarpe rouge «Diabolo». Et depuis cinq ans, ce sont les épines-vinettes qui sont à la mode».

Tous ces concurrents nécessitent aussi peu d'entretien et les derniers en lice sont reconnus pour leur feuillage exceptionnel, souvent flamboyant.

La Pépinière Abbotsford, de Saint-Paul-d'Abottsford, près de Granby, offre néanmoins 16 cultivars de potentilles dans son catalogues de vente en gros. «Quand on nous demande un arbuste qui fleurit tout l'été mais sans exiger de taille et sans aucun entretien ou presque, nous suggérons toujours une potentille», indique Régis Buteau, conseiller horticole auprès de la clientèle du centre-jardin de l'entreprise.

Pour Jean-Pierre Devoyault, bien qu'elles soient moins populaires, les potentilles ont encore leur place au jardin. On peut en faire des petites haies et des massifs. Leur floraison est abondante et leur feuillage reste joli et délicat. Peu exigeantes, elles résistent même à la sécheresse et leur rusticité est à toute épreuve, fait-il valoir.

Plus encore, l'arbuste s'accommode de presque tous les sols et donne des fleurs aux coloris très variés, selon le cultivar. Il pousse aussi bien au soleil qu'à la mi-ombre, du moins pour un bon nombre d'hybrides, et résiste aux maladies. Difficile de demander plus. Sa beauté est faite de simplicité.

Du jaune mais aussi du rose et du blanc

On compte autour de 500 espèces de potentilles dont la grande majorité sont des plantes herbacées, surtout des vivaces mais aussi quelques annuelles et bisannuelles. La plupart des potentilles arbustives sur le marché nous viennent de Potentilla fruticosa, une plante qui ne dépasse guère un mètre et qu'on retrouve un peu partout dans le monde, du nord de l'Asie à l'Amérique du Nord en passant par l'Europe. La potentille frutescente, de son nom français, pousse aussi à l'état sauvage à plusieurs endroits au Québec, notamment le long des cours d'eau. Quelle ne fut pas ma surprise, lors d'un voyage à l'île d'Anticosti, de constater que des dizaines de buissons de potentilles fleurissaient le long de la rivière Vauréal.

On trouve aujourd'hui quelques centaines de cultivars de P. fruticosa, la plupart dans des variantes de jaune, comme la plante mère, mais aussi dans le blanc, le rose, le rouge et l'orange. Ils atteignent autour d'un mètre mais plusieurs sont beaucoup plus petits, comme le «Yellow Gem», souvent considéré comme rampant puisqu'il ne dépasse guère les 40 cm. Son feuillage est argenté et ses fleurs jaune vif.

La variété à fleurs blanches la plus connue est «Abbotswood», au feuillage bleuâtre, qui culmine à 1 mètre, mais la «Mount Everest» est plus petite et son port plus érigé. Quant aux variétés aux fleurs roses, rouges ou orangées, ou encore jaune et orange comme chez «Mango Tango», elles ont toutes la fâcheuse habitude de virer au jaune pâle et même au blanc par grande chaleur. Mais elles reviennent à leur coloris normal quand le temps se fait plus frais. Une récente exception à la règle, la «Red Robin», parfois vendue sous le nom de «Marrob», qui conserve sa teinte rougeâtre durant tout l'été. Le cultivar le plus populaire chez les potentilles à fleurs roses est la «Pink Beauty», qui atteint un mètre de haut mais exige le plein soleil. Ses fleurs sont doubles et il est aussi considéré comme très vigoureux. Par contre, le «Pink Princess» possède des fleurs simples, rose pâle avec le coeur jaune. Très florifère, il atteint tout au plus 60 cm, mais il est étalé.