J’ai découvert la chose dans l’aquarium d’un centre de jardin.  Deux ans plus tard, j’en suis encore bouleversé. Évidemment, le monde végétal est toujours plein de surprises, mais cette fois, cela dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer.

J’ai découvert la chose dans l’aquarium d’un centre de jardin.  Deux ans plus tard, j’en suis encore bouleversé. Évidemment, le monde végétal est toujours plein de surprises, mais cette fois, cela dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer.

 Le spécimen en question est rond, sans noyau, vert, doux, assez rigide mais spongieux. Et il vit dans l’eau. On dirait une balle de tennis vivante.

 Voici Cladophora aegagropila, une algue étrange, peu connue, exception faite des amateurs d’aquariophilie. Une curiosité du monde végétal qui semble venir d’une autre planète.

À vrai dire cladophora, clado pour les intimes, est tellement bizarre qu’elle a même figuré dans des films de science-fiction, devenant une grosse boule maléfique qui dévorait évidemment tout sur son passage.

 On compte des centaines d’espèces de cladophora dont plusieurs algues considérées comme nuisibles, notamment dans les Grands Lacs. Mais Cladophora aegagropila est unique en son genre et de nature pacifique.

 Vendue au Québec depuis une bonne dizaine d’années pour fins d’aquariophilie, l’algue ronde est parfois offerte aux amateurs de bassins d’eau comme curiosité. Elle fait évidemment sensation dans un aquarium et elle est notamment prisée des enfants, indique Céline Gaouette, des Serres Aquafolia, un grossiste de Mirabel. Mais l’engouement s’est estompé quelque peu au cours des récentes années. La balle vivante se vend autour de 7 à 8 $ pièce.

Curieusement, Aquafolia et un autre important grossiste en plantes aquatiques, Aquacentris, de Saint-Philippe, sur la Rive-Sud, s’approvisionnent chez un distributeur à Singapour qui achète ces algues au Japon. Pourtant, la plante y est  théoriquement devenue très rare et elle est même protégée parce que considérée officiellement comme « trésor national » depuis les années 20.

 Appelée marimo au Japon, et souvent commercialisée sous ce nom, cladophora vit dans des lacs d’eau douce peu profonds dont les deux plus connus sont au Japon et en Islande. Mais on la retrouve aussi dans plusieurs autres pays et même aux États-Unis, dans l’Iowa.

 Elle vit sous trois aspects. Aplatie, au fond de l’eau, accrochée aux rochers mais sans forme précise, ou ronde. La forme circulaire serait attribuable au mouvement de l’eau, une rotation qui permet à l’algue d’obtenir de la lumière uniformément sur toute sa surface. Sa croissance est extrêmement lente mais, dans certaines eaux riches et bien ensoleillées, elle atteindrait jusqu’à 30 cm de diamètre. Mme Gaouette explique qu’un spécimen conservé en aquarium pendant 10 ans dans ses installations est passé de la taille d’une balle de golf à la grosseur d’une balle de tennis. Dans mon bassin d’eau, je n’ai pas noté d’augmentation de volume depuis l’an dernier. Soit dit en passant, Cladophora passe l’hiver sans problème dans le bassin,  à la condition qu’elle ne gèle pas.

 

Photo Martin Chamberland, La Presse

La forme circulaire de la <i>cladophora aegagropila </i>serait attribuable au mouvement de l'eau, une rotation qui permet à l'algue d'obtenir de la lumière uniformément sur toute sa surface.