De tous les bulbes à floraison printanière vendus l'automne, les crocus sont parmi les moins coûteux. Pour une dizaine de dollars, on peut habituellement en acheter des... dizaines. Et une des meilleures façons de profiter de leur beauté est de les planter dans le gazon.

Normalement, si vous suivez quelques précautions élémentaires, ces crocus devraient fleurir abondamment durant deux ou trois ans avant que leurs fleurs ne deviennent plus clairsemées.

Une méthode de plantation consiste à soulever un coin de gazon et introduire quelques cormes, de leur vrai nom, entre les racines des graminées et le sol, puis de replacer la plaque en prenant soin d'arroser après l'opération.

 

Je vous propose plutôt une autre méthode que j'utilise avec succès depuis des années: le marteau. Il ne s'agit évidemment pas de planter le bulbe avec le marteau mais plutôt de faire les trous avec celui-ci.

 

Photo: Bernard Brault, La Presse

Étape 1: donner de bons coups de marteau sur le sol pour y faire des trous d'une profondeur de 3 à 4 cm.

Rien de plus simple. On donne de bons coups de marteau dans le gazon, disons à 3 ou 4 cm, les uns des autres, de façon à obtenir une plantation très dense, une condition essentielle pour créer un bel effet visuel au printemps.

Dans un cercle de 30 cm de diamètre, il est ainsi facile de faire pousser au moins 30 à 40 crocus, sinon plus.

Assurez-vous que le sol soit relativement humide pour que la tête du marteau pénètre à la profondeur désirée. En raison de la sécheresse de septembre, il est possible qu'un arrosage soit nécessaire pour rendre le terreau plus meuble.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Étape 2: insérer le bulbe bien au fond du trou.

On place ensuite chaque bulbe bien au fond du trou.

Puis on recouvre la surface de plantation de terreau, idéalement une terre à jardin, et on passe ensuite le râteau à feuilles pour combler les trous tout en redressant la pelouse. Ainsi, les trous disparaissent littéralement dans la verdure du gazon. Arrosez abondamment après l'opération. 

Il est préférable d'utiliser à cette fin des crocus à floraison hâtive qui s'épanouiront dès le mois d'avril, formant une jolie courtepointe dans votre pelouse.

Comme ils fleurissent rapidement, leurs feuilles délicates, en forme de brindilles, semblables aux graminées, auront suffisamment de temps avant la première coupe de gazon pour faire des réserves énergétiques en vue de la prochaine floraison.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Étape 3: recouvrir la surface de plantation d'une couche de terre à jardin.

Plusieurs autres espèces de plantes bulbeuses peuvent se prêter à cette expérience, notamment les scilles, de même que des plantes plus inusitées mais relativement faciles à trouver l'automne comme les ixolorions, les chionodoxas et les ipheons.Attention! il est important de planter vos bulbes dans un sol très bien drainé, là où on est certain que l'eau ne s'accumulera pas au cours de l'hiver ou au printemps. Ce qui n'est pas toujours évident sur une surface gazonnée. Un automne, je me souviens d'avoir planté des centaines de crocus en omettant ce petit détail. Tous les bulbes qui ont été recouverts d'eau au printemps parce que plantés dans un petite «baissière» sont morts noyés au bout de quelques jours de baignade forcée.

Bulbe, corme ou tubercule

Difficile de s'y retrouver parfois parmi dans les termes botaniques quand il s'agit de plantes bulbeuses. Une situation rendue souvent encore plus difficile par l'utilisation de l'anglais sur les contenants d'emballage.

Le «vrai» bulbe est formé d'un bourgeon floral entouré d'une couche d'écales charnues. La base forme habituellement une saillie d'où émergent les racines. La hampe florale émerge du centre du bulbe. La tulipe, le lis, l'amaryllis et les narcisses sont des bulbes typiques. Chez la tulipe et plusieurs autres plantes bulbeuses, le bulbe central meurt chaque année mais est remplacé par plusieurs petits caïeux ou bulbilles qui produiront une fleur au cours de la prochaine saison ou des prochaines années, selon leur grosseur.

Dans le cas des crocus, des glaïeuls ou des crocosmias, le bulbe devient un gros plateau basal qui sert de réserves énergétiques. On parle alors de corme. Il est recouvert de plusieurs couches sèches et disparaît à la fin de son cycle pour faire place à des caïeux.

Les plantes à racines tubéreuses se distinguent par leurs racines charnues qui prennent de l'ampleur et se multiplient à chaque année. Le lis de calla (zantedeschia) et la pomme de terre en sont les représentants. Pour nous compliquer davantage l'existence, dans le cas des dahlias, bégonias, cyclamens ou érémurus, on parle plutôt de racines tubérisées. La patrie inférieure est dotée de petites racines alors que la partie supérieure produit les bourgeons.

L'hiver des dahlias

Les dahlias sont sur le point de terminer leur saison active, si ce n'est déjà fait dans votre patelin. En effet, au moindre gel, ils passent de vie à trépas. Sortez-les rapidement de terre. Leurs tubercules sont faciles à entreposer pour l'hiver.

Il suffit évidemment de les nettoyer et des les laisser sécher légèrement durant quelques jours à l'air frais avant de les enfouir dans de la mousse de tourbe déposée dans un contenant hermétiquement fermé. Voilà des années que j'utilise cette méthode et mes pertes sont minimes. Ma température d'entreposage varie habituellement de 7 à 12º C. J'examine de temps à autre les racines, mais je les «réveille» définitivement en mai, pas avant. Il importe toutefois de bien noter les coloris du plant ou encore le nom du cultivar avant qu'il ne soit rangé, ce qui facilitera l'aménagement du jardin le printemps prochain.

La Société québécoise du dahlia recommande pour pas part de les tremper dans une solution composée de 125 ml d'eau de Javel pour 10 litres d'eau avant le séchage, histoire d'éliminer les microorganismes et les champignons pathogènes. L'organisme estime toutefois que la vermiculite est un meilleur milieu d'entreposage que la mousse de tourbe, en raison des risques plus grands de déshydratation et de pourriture.

Je vous rappelle par ailleurs que les bulbes d'eucomis, de sauromatums (la plante lézard), de crocosmias ou encore d'acidantheras (Gladiolus callianthus) se conservent très bien dans la mousse de tourbe si je me fie à mon expérience. Toutefois, depuis quelques années, je ne me donne plus la peine de déterrer les crocosmias puisque la plupart survivent généralement à l'hiver, peu importe la variété.

Planter en profondeur

Ne vous fiez pas aux recommandations inscrites sur les emballages de bulbes au sujet de la plantation. On vous conseillera de les enfouir à une profondeur équivalente à trois fois la hauteur du bulbe à planter, ce qui est habituellement insuffisant sous nos climats.

Tulipes, narcisses, jacinthes et alliums géants devraient être enterrés à un minium de 15 cm de profondeur et mieux encore dans un trou profond de 20 cm. On parle de 25 et même de 30 cm dans le cas des érémurus et des lis. Dans le cas des crocus et autres petits bulbes, la profondeur idéale est de 4 à 7 cm.

Rappelez-vous, par ailleurs, que pour obtenir un meilleur effet esthétique, la plantation doit être dense. Chez les tulipes et les narcisses, les bulbes devraient être disposés à environ 5 à 7 cm les uns des autres.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Étape 4: passer le râteau à feuilles pour combler les trous.