C’est un escalier qui ressemble un peu à un meuble. Un projet né d’une inspiration, que son créateur, le designer d’intérieur Philippe Côté, a voulu s’offrir pour son sous-sol. Il nous a raconté l’histoire derrière cette singulière construction.

Parfois, les plus beaux projets naissent d’une malchance. Dans le sous-sol de son duplex de Verdun, Philippe Côté a dû éponger non pas un, mais deux dégâts d’eau. C’est après le deuxième qu’il a décidé d’entreprendre des rénovations importantes et d’arracher l’escalier d’origine, qui datait de 1945.

« Ça ne m’a vraiment pas fait de peine ; c’était un vieil escalier en bois avec des limons en pruche, mais vraiment tout croche et qui faisait beaucoup de bruit », se souvient-il.

Il s’est alors mis à tracer des esquisses sur AutoCAD (un logiciel de dessin assisté par ordinateur). Puis a germé cette idée qui lui a semblé géniale.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Philippe Côté, assis dans les marches de sa… bibliothèque

« Je voulais que ce soit comme un meuble ; et quand on regarde l’escalier, on dirait vraiment qu’on est venu le glisser là. C’était un peu original comme projet, mais ça a fait un beau résultat ! »

L’idée de départ était de concevoir une bibliothèque entière sous l’escalier. Puis sa conjointe lui a demandé d’avoir de l’espace de rangement, ce qui a mené à cet intéressant compromis.

Dans les deux plus grands placards, dont la profondeur équivaut à la largeur des marches — soit 38 po –, le couple range planches à neige et bottes de ski dans l’un, et valises dans l’autre. « C’est vraiment devenu une bibliothèque et un rangement ultra-pratique », souligne Philippe Côté.

Il y a tellement d’escaliers qui sont froids, ordinaires. Je voulais faire quelque chose d’original, de différent, de pratique et de ludique.

Philippe Côté, designer d’intérieur

« Je voulais aussi qu’il soit joli pour présenter plein de livres et d’objets ; ma conjointe est dominicaine et on rapporte tout le temps des petits objets le fun. J’ai une boîte de New York qui date de mon enfance… »

Un sous-sol comme un loft

Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est l’aspect loft que ce « meuble-objet » donne au sous-sol. « Ça fait un peu comme les fameux appartements de Tokyo, très compacts, où on va voir ce genre d’escaliers avec du rangement. »

La réalisation de ce projet a pris environ cinq jours, à temps plein, mais avec un entrepreneur très habile — et qui était déjà sur place pour la rénovation du sous-sol, précise Philippe Côté.

Le fait qu’il ait également mis la main à la pâte lui a permis d’économiser près des deux tiers du prix. « En ébénisterie, ça m’aurait facilement coûté 15 000 $, un escalier comme ça ; mais là, ça a coûté environ 5000 à 6000 $. »

Absolument tout a été fait sur place, sauf le prétaillage des panneaux de contreplaqué russe qui servent de structure à l’escalier (qui n’a pas de limon) et de portes de placard, où il a percé des trous en guise de poignées. L’avantage de ce type de contreplaqué, explique le designer, c’est qu’il s’agit d’un plaquage de haute qualité, rigide et extrêmement solide. En plus, il a ce côté brut et moins raffiné qui lui donne « un look scandinave » qu’affectionnent les architectes, ajoute-t-il. Des marches en merisier ont ensuite été posées sur le meuble en contreplaqué et, pour terminer, un vernis haut de gamme a été appliqué sur toute la surface.

« C’était vraiment un projet live où on discutait et on décidait en le faisant. C’était un peu différent des projets que je fais avec mes clients, mais c’était pour moi, alors je me suis fait plaisir », raconte-t-il en riant.

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