C’est le genre de chaise que tout le monde a déjà vue quelque part, mais dont peu connaissent les origines. Pourtant, le fauteuil AA d’Airborne a une histoire passionnante : né dans l’armée, il a ensuite voyagé de l’Argentine à New York, avant de s’établir définitivement en Europe. Voici la petite histoire d’une grande chaise.

Un socle, deux oreilles et quatre manchons : ces éléments simples qui forment la chaise AA d’Airborne ont fait en même temps toute sa renommée. On l’appelle aussi fauteuil Butterfly en raison, justement, de cette silhouette de papillon si reconnaissable.

« C’est aujourd’hui une énorme icône du design », pour reprendre les mots d’Hélène Aguilar, auteure de la balado française Où est le beau, dont elle accorde un épisode entier à la chaise mythique. « Voilà un fauteuil aux lignes singulières qui, paradoxalement, s’illustre par sa simplicité et son épure. On l’appelle aussi la Butterfly Chair, parce que c’est vrai que sa forme peut faire penser à un papillon qui est prêt à prendre son envol. »

Durabilité et polyvalence

Reconnue, elle l’est également parce que son design a traversé l’épreuve du temps. « Quand on l’achète, c’est pour la vie, c’est pour la donner à ses enfants », affirme Aurélie Sauthier, de chez Made In, société qui distribue la chaise AA d’Airborne au Canada. Le fait que Made In l’importe en gros permet d’obtenir un prix semblable à celui du marché français, soit à partir de 1375 $ pour la structure et la housse.

Finesse et confort, ce sont les deux mots avec lesquels Aurélie Sauthier décrit le fauteuil AA. « Une bonne partie de la clientèle Airborne, c’est pour de la résidence secondaire », affirme-t-elle d’ailleurs. Effectivement, l’un des plus grands avantages du fauteuil réside dans sa polyvalence, puisqu’on peut l’utiliser tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il suffit d’avoir deux housses, l’une qui résiste aux intempéries pour la saison estivale, et l’autre que l’on pourra utiliser quand le fauteuil migrera dans la maison pour l’hiver.

PHOTO ERIC MATHERON BALAY, FOURNIE PAR MADE IN DISTRIBUTION

Certaines housses peuvent facilement s’utiliser à l’extérieur, comme celles en coton ou le modèle Batyline.

Le fauteuil AA rime avec « longues soirées à refaire le monde avec des amis ou en famille », relate Hélène Aguilar dans son émission balado. « J’ai le souvenir d’un séjour dans une maison louée il y a quelque temps avec des amis, perdue au milieu de la nature, et avec une ribambelle de ces fauteuils si particuliers sur la terrasse : les AA d’Airborne. »

En fait, la chaise s’avère très confortable, de l’avis de ceux qui l’ont essayée. Il faut dire que sa taille est plus imposante que l’on pourrait penser. On s’y trouve assis un peu comme dans un cocon, résume Aurélie Sauthier.

La chaise Airborne est très grande. On ne s’en rend pas forcément compte, mais quand on s’y assoit, on a la tête qui vient dans l’oreille.

Aurélie Sauthier, de chez Made In

Autre particularité : elle donne l’impression d’être assis dans les airs, puisque la toile qui est glissée autour de sa structure tubulaire joue à la fois le rôle de dossier et d’assise. « Donc on est comme suspendu dans le vide, c’est vraiment une sensation inédite et unique », décrit encore Hélène Aguilar.

PHOTO FOURNIE PAR MADE IN DISTRIBUTION

Les doubles coutures blanches que l’on aperçoit sur la housse noire sont l’un des éléments signature qui prouvent que la chaise est une originale.

Son histoire

Avant de faire son chemin dans les résidences secondaires huppées d’Europe, dur à croire que la chaise Butterfly a commencé son ascension dans... l’armée. En effet, son ancêtre, la chaise Tripolina, est rapidement devenue très populaire auprès des militaires. On l’appelait aussi Fenby Chair, du nom de l’ingénieur britannique qui a créé ce fauteuil pliant en bois au milieu du XIXsiècle.

Puis, en 1938, trois designers – deux Argentins, un Catalan – s’en sont inspirés pour élaborer un modèle qu’ils ont appelé BKF, nom dérivé de leurs trois initiales. Ils ont alors remplacé la structure pliante en bois par du métal. Autour de cette structure était insérée une housse en cuir.

PHOTO FOURNIE PAR MADE IN DISTRIBUTION

Les housses sont offertes dans plusieurs matériaux, mais le cuir est certainement le plus classique.

Ce fauteuil a connu un grand succès et a même fait son entrée dans les collections du MOMA à New York. Mais il a fallu attendre les années 1950 pour que la chaise soit rapportée en Europe, lorsque le directeur de la revue Architecture d’aujourd’hui est tombé sous son charme lors d’un séjour aux États-Unis.

« C’est là que l’histoire du fauteuil AA a vraiment commencé », précise Aurélie Sauthier. Car effectivement, c’est lorsque la chaise a été ramenée en France que la société Airborne, dirigée par Charles Bernard, est devenue l’éditrice exclusive du fauteuil, qui sera baptisé AA (oui, en référence aux initiales de la revue qui en a permis la découverte). Airborne a depuis été rachetée en 2010 par deux femmes, Christine Pfeiffer et Patricia Lejeune.

Aujourd’hui, la chaise vient avec une multitude de choix de couleurs et de matériaux, allant du lin au coton en passant bien sûr par le cuir, le classique de la marque. Pour les vrais de vrais qui ont leur chaise AA depuis des années, sachez que les nouvelles housses fonctionnent encore parfaitement sur les anciens modèles. Une rareté de nos jours, là où plusieurs produits sur le marché sont victimes d’obsolescence.

Consultez le site d’Airborne (en anglais, sera en français sous peu)