Dans la grande région de Montréal, le taux de propriétaires s'élève à 50,2%. Mais avec la forte vague d'accession à la propriété que nous avons connue ces dernières années, il ne fait aucun doute que cette proportion n'a pas fini d'augmenter.

Dans la grande région de Montréal, le taux de propriétaires s'élève à 50,2%. Mais avec la forte vague d'accession à la propriété que nous avons connue ces dernières années, il ne fait aucun doute que cette proportion n'a pas fini d'augmenter.

Pas de géant Michel Beauséjour, chef de la direction à la Chambre immobilière du Grand Montréal, se réjouit de cette tendance à la hausse. «L'investissement dans une propriété est la meilleure façon d'épargner. La plupart des gens n'ont pas les moyens de contribuer au maximum à leur REER à chaque année. Donc, la maison représente tout leur patrimoine à l'âge de la retraite. Ainsi, chaque fois que la valeur des maisons augmente, c'est la richesse des Québécois qui s'accroît», dit-il.

Le Québec a fait un pas de géant en 30 ans. En 1971, le taux de propriétaires dans l'ensemble de la province était de 47,4%, mais dans le grand Montréal, il n'atteignait que 35,5%. Malgré ce bond prodigieux, le Québec tire toujours de la patte par rapport aux autres provinces. Dans l'ensemble du pays, le taux de propriétaires atteint 65,8%. Terre-Neuve-et-Labrador a le plus haut taux (78%). Celui de l'Ontario se situe à 67,8% et la Colombie-Britannique à 66,3%.

La région métropolitaine, elle, affiche le plus bas taux de propriétaires au pays (50,2%), suivie de Sherbrooke (51,9%) et de Québec (55,5%). En tête de classement, la région d'Oshawa compte 75,6% de propriétaires. À titre de comparaison, Toronto (63,2%), Ottawa (61,4%) et Vancouver (61%) se situent dans la moyenne. Partout au Canada, le taux de propriétaires est en hausse depuis quelques années. Cela est attribuable, entre autres, à la popularité grandissante des copropriétés, un moyen plus abordable d'accéder à la propriété.

La situation du Québec s'explique en partie par l'évolution plus lente de notre économie, du secteur industriel vers le secteur tertiaire. Il ne faut cependant pas oublier qu'à Montréal, où la moitié de la population québécoise réside, 55% des logements disponibles sont des appartements, ce qui freine la progression du taux de propriétaires.

Contraintes administratives

«Il existe des contraintes administratives et légales empêchant une rapide augmentation du nombre de propriétaires. Dans certains secteurs de Montréal, il y a même un moratoire sur la conversion de logements locatifs en copropriétés», explique Kevin Hughes, économiste provincial à la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

Beaucoup de Montréalais préfèrent la ville et optent donc pour la location, même s'ils ont les moyens financiers pour acquérir une maison. «Il n'y a pas que des contraintes financières qui entrent en ligne de compte dans le choix d'un style de vie», ajoute M. Hughes.

Pour changer de statut, les Torontois acceptent davantage de s'éloigner de la ville-centre. Ils rechignent moins à voyager une heure et plus par jour pour se rendre au travail. Au contraire, les Montréalais seraient moins disposés à accepter ces contraintes. Par contre, le développement récent des trains de banlieue aurait contribué à la hausse du taux de propriétaires dans la métropole québécoise, pense l'économiste.

Et si on décompose les chiffres, on se rend compte que les Montréalais ne sont pas tellement différents des Torontois. Le taux de propriétaires chez les familles québécoises équivaut à celui des familles ontariennes. «Ce sont les jeunes et les personnes seules qui poussent la moyenne québécoise vers le bas», dit l'économiste.

Est-ce une bonne nouvelle que l'écart entre le Québec et les autres provinces s'amenuise? M. Hughes est moins catégorique que Michel Beauséjour. «Cela n'indique pas nécessairement que nous soyons plus riches. Paris compte une majorité de locataires. Est-ce une ville moins riche que Montréal?» nuance-t-il.