On n’a pas fini de frapper à la porte de la maison aux pierres grises que déjà, sa propriétaire nous accueille en nous ouvrant grand les bras, métaphoriquement parlant, bien sûr. Chaleureuse et enjouée, Virginie Constant est une véritable bombe d’énergie joyeuse. « Ici, c’est la maison du bonheur. » On n’en doute pas une seconde.
En moins de temps qu’il n’en faut pour la remercier de nous recevoir, elle a déjà énuméré quelques-uns des centaines de détails qui façonnent la maison familiale rénovée de fond en comble. Le cottage aux hauts plafonds (presque 15 pieds) et aux grands espaces lumineux constitue une oasis urbaine où la modernité fait honneur au traditionnel.
La propriété en rangée de Virginie et de son mari Ron Mofford est installée dans le village Shaughnessy*, dans un coin discret connu des résidants… et de ceux qui voudraient le devenir. Pas étonnant : on est à un jet de pierre de la rue Atwater, juste au sud de René-Lévesque, près de dizaines de restos et de plusieurs établissements scolaires. La petite rue sans issue où la circulation ne peut aller que dans un sens garantit la paix. Pourtant, le quartier est en pleine ébullition. Surtout depuis la construction des hautes tours d’habitation tout autour.
Le couple — elle a 56 ans et lui, 62 ans – a acheté la maison en 1995. Elle appartenait au grand-papa Mofford, qui s’en était lui-même porté acquéreur quand Ron avait 16 ans. « À cette époque, le quartier attirait des familles nombreuses de la classe moyenne. Il y avait des enfants plein la rue », se souvient Ron. Le couple a deux fils adultes, dont un habite à la maison.
La vingtaine de greystones en rangée avaient été construits au début du siècle pour une certaine bourgeoisie montréalaise. Les détails architecturaux qui ont survécu font preuve du travail soigné des artisans qui les ont bâties : moulures élaborées en plâtre, vitraux, boiseries, fer forgé autour des cheminées, etc.
Les belles maisons ont perdu de leur lustre durant les années 1950 et 1960. Depuis quelques décennies, des acheteurs, qui en ont saisi la valeur, ont graduellement migré vers le quartier et ont restauré le bâti.
Rénos extrêmes
« Quand on est arrivés, il y avait de la peinture partout. Alors on a décapé, explique Virginie. Je voulais retourner à un look plus naturel. » Ont suivi des travaux importants, des parquets aux plafonds, en passant par le réaménagement des pièces communes comme la cuisine, la salle à manger et les salles de bains. En tout, le couple a rénové en pièces détachées pendant 20 ans, mais la majeure partie s’est effectuée il y a 8 ans.
« Chaque pièce a été repensée, évaluée, démolie ou rebâtie », note Virginie qui, dans la vie, est designer et copropriétaire de Caméléon Vert, un commerce spécialisé dans les meubles d’extérieur, qu’elle dessine. Ses créations sont fabriquées à Java, où elle séjourne régulièrement.
Il a fallu beaucoup d’énergie et d’huile de bras pour arriver au résultat. Par exemple, les poutres de la salle à manger n’existaient pas avant les rénos. « Quand on a installé la porte oscillo-battante de la salle à manger, les belles moulures en plâtre se sont effondrées. Les coûts de remplacement étaient prohibitifs, mais je ne pouvais pas laisser le plafond blanc sans enjolivement ! » Elle a donc fait venir du bois de Saint-Lazare, l’a taillé et poncé, puis a fixé les poutres au plafond avec l’aide d’un menuisier.
La nouvelle charpente ajoute de la chaleur à la grande pièce et rappelle un côté européen. Elle s’harmonise avec les meubles anciens ou fabriqués sur mesure qui occupent les espaces de la maison. Ces éléments, ainsi que les objets décoratifs, constituent le fil conducteur du design de la propriété. « Mon leitmotiv ? J’aime créer des maisons à partir de mes objets. »
Car des objets, il y en a. « Je les déniche dans des brocantes ou sur des sites en ligne. » En voyage ou en furetant sur le web, quand elle aperçoit un accessoire ou un matériau qui pourrait convenir à un projet, elle l’achète et le fait livrer. Des exemples ? Virginie a fait venir le gravier du stationnement à l’arrière lors d’un voyage en Indonésie. Les lattes en bois blanchi installées à l’horizontale dans la cuisine et dans l’entrée sont de la Finlande.
Parlant cuisine, celle du couple est vaste, aérée et épurée. Le coin préféré de Ron, traiteur et spécialiste de l’événementiel, est l’îlot à côté de la cuisinière au gaz. Recouvert d’une pièce en suar, un bois exotique de Java, il convient tout à fait aux besoins du cuisinier de la famille.
Virginie est issue d’un univers où les rénovations et la restauration font partie de l’ADN de la famille. Ses parents achetaient des châteaux négligés en France et les restauraient pour ensuite les revendre.
On n’est donc pas surpris en écoutant le couple parler de son nouveau projet, soit de rénover une maison dans Lanaudière au bord d’un lac où habitera la famille. Et comme si ce n’était pas assez, un second projet de rénovations extrêmes vient de se pointer le bout du nez. On n’a qu’à voir les yeux du couple s’illuminer pour saisir leur enthousiasme. Les rénos, c’est décidément une affection incurable.
* Le quartier s’appelle ainsi en raison de Thomas Shaughnessy, qui y avait bâti son manoir en 1876. L’ancienne résidence du président du Canadien Pacifique est occupée depuis la fin des années 1980 par le Centre canadien d’architecture, initiative qui a contribué à la revitalisation du quartier.
La propriété en bref
- Prix demandé : 2 695 000 $
- Année de construction : Circa 1900
- 10 pièces, comprenant 3 chambres, 1 salle de bains, 1 salle d’eau, 1 foyer à l’éthanol ; 2 places de stationnement ; sous-sol aménagé.
- Superficie du terrain : environ 2300 pi2
- Évaluation municipale : 995 000 $
- Impôt foncier : 6690 $
- Taxe scolaire : 896 $
- Courtiers : Candice Renaud (514 917-6468), Line Labrecque (514 893-2055) et Carlos Lefebvre (514 933-5800), Groupe Sutton-Centre Ouest