Les inspections en hiver sont-elles à éviter ? La saison froide peut en effet présenter des inconvénients, mais ils sont contrebalancés par quelques avantages, notamment en matière de contrôle de l’isolation, indiquent des inspecteurs d’expérience, qui proposent des pistes de contournement et des précautions à prendre.

À l’automne, de nombreux courtiers ont conseillé à leur clientèle de ne pas attendre le printemps pour mettre leur bien sur le marché, les conditions actuelles devant rester très favorables aux vendeurs. Des lecteurs de La Presse ont réagi en avançant que les inspections préachat étaient risquées durant l’hiver, de mauvaises surprises pouvant attendre les acheteurs une fois le manteau de neige fondu.

Nous avons donc contacté deux inspecteurs agréés pour leur poser la question : mener une inspection hivernale, est-ce si risqué ? La réponse nage un peu entre deux eaux.

Pour Danny McNicoll, il s’agit tout d’abord de faire la distinction entre hiver et enneigement, puisque des chutes de neige peuvent être réduites lors de certains segments de la saison, comme vu au mois de décembre dans certaines régions. Il souligne également les différences marquées selon les zones géographiques, car pendant que les toits sont dégagés à Montréal, ils pourraient bien être ensevelis sous une épaisse couche de neige au Saguenay.

« S’il commence à y avoir de la neige sur les toitures, les terrasses et les terrains, cela crée des limitations visuelles et, effectivement, un acheteur pourrait ne pas bénéficier de l’avantage d’une inspection en été », indique M. McNicoll, qui est vice-président de l’Association des inspecteurs en bâtiment du Québec (AIBQ).

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Gabriel Bélair, inspecteur en bâtiment, inspecte la porte-fenêtre d’une maison.

Les couverts de neige, même faibles, peuvent empêcher l’inspection de la toiture, des terrasses ou encore la vérification des pentes du terrain pour l’écoulement des eaux. « C’est très limitatif. Même si on dégage une petite zone du toit, cela ne donne pas forcément une bonne représentativité pour son ensemble », précise-t-il. Inspecteur depuis 30 ans, Denis St-Aubin abonde, ajoutant que dans certains cas, les fondations peuvent être difficiles à contrôler, de même que les toits plats où les accumulations de neige sont plus importantes.

Inspection supplémentaire

Un acheteur devrait-il donc garder ses sous au chaud tant que la neige reste en place ? Pas nécessairement, car des occasions peuvent leur passer sous le nez, et les délais d’inspection ne peuvent être repoussés une fois la promesse d’achat formulée. En outre, des dispositions peuvent être prises pour atténuer les inconvénients de ces limitations visuelles.

« On pourrait regarder si, lors de la mise en vente, des photos récentes montrent l’état de la toiture, si le vendeur dispose de factures pour des interventions, s’il y a encore des garanties, énumère M. McNicoll. Mais à partir du moment où un élément n’a pas été visible lors de l’inspection, il est du devoir de l’acheteur de faire vérifier son bardeau par la suite. »

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Gabriel Bélair utilise un drone afin d’inspecter le toit d’une maison.

Si une anomalie très sérieuse était mise au jour une fois la neige fondue, il pourrait même être question de vice caché, sous réserve que les autres conditions caractérisant un tel vice soient réunies, comme le fait que le prix n’aurait pas été le même ou que la vente n’aurait pas eu lieu si cet élément avait été porté à la connaissance d’un acheteur.

Pour faciliter un consensus entre les parties, M. St-Aubin, qui est également président de l’AIBQ, pointe la possibilité de réaliser un complément d’inspection avant que l’acte de vente ne soit notarié — ce qui survient généralement plusieurs semaines ou mois après l’entente, laissant le temps à la neige de fondre. « Selon les ententes contractuelles, si l’acte est notarié au printemps, on peut offrir un service additionnel avec la visite des composantes extérieures rendues accessibles et faire une annexe au rapport », dit-il.

Les avantages du froid

Pour M. St-Aubin, « chaque saison a ses secrets » et l’hiver, malgré les limitations qu’il peut imposer, dispose en revanche du pouvoir de révéler des défauts difficilement détectables en d’autres périodes de l’année.

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« On est capable d’avoir des informations sur les pertes de chaleur qu’on ne verrait pas autrement », souligne M. McNicoll. Un inspecteur pourrait examiner des indices, comme des glaçons ou une accumulation de glace en bordure de toit, signe de potentielles infiltrations d’eau dans les combles. Du givre sur le pontage ou les clous dans cette même partie de la propriété n’est pas non plus de bon augure. S’il est formé et équipé d’une caméra thermique, l’inspecteur pourra détecter des défauts d’isolation.

« Des anomalies réelles de ventilation d’entretoit ou des fenêtres descellées sont des choses que l’on voit plus avec des conditions d’hiver », complète M. St-Aubin.

Consultez le site de l’Association des inspecteurs en bâtiment du Québec