Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente

Habité par des membres d’une même famille et quelques locataires, ce quintuplex du quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal a une histoire toute féminine qui remonte au temps des écuries.

On ne connaît pas tout du passé de cet immeuble peu commun, mais on sait qu’il est lié au destin de femmes indépendantes. En en faisant l’acquisition en 2008, mue par une volonté qu’elle a de la difficulté à expliquer, Céline Bouthillette en est devenue la troisième propriétaire féminine, du moins selon les titres de propriété que des recherches historiques menées par un ami ont permis de retrouver. Il y a d’abord eu Ida Prud’homme, puis les sœurs Alice et Élodie Duquette, qui l’ont acheté en 1941. Au fil des ans, elles y ont vécu avec leur mère et leur neveu et leur nièce. C’est de cette dernière, devenue héritière à la mort de sa tante (à 101 ans !), que Céline Bouthillette a acquis l’immeuble de cinq logements.

« C’était un peu une obsession de l’acheter, raconte-t-elle. Il s’est vendu en trois jours. Il y a eu cinq offres, j’étais la cinquième. Ce n’est pas mon style de m’entêter. D’habitude, pour moi, c’est plus rationnel qu’émotif, les achats. Mais ici, j’y tenais. »

Famille réunie

Pour ses deux enfants, Maude et Vincent, et elle, c’était avant tout un projet de famille. Ayant vendu la maison familiale, Céline Bouthillette louait un appartement dans le quartier Petite-Bourgogne. Elle cherchait un immeuble qu’ils pourraient habiter en trio, chacun dans leur appartement. Peu de temps après, sa sœur Lise, alors nouvellement retraitée, a décidé de quitter sa maison en nature pour retrouver sa sœur en ville. Elles partagent aujourd’hui le grand appartement principal qui s’étend sur deux étages, en plus d’un sous-sol. Maude, Vincent et sa conjointe Kate habitent ceux situés au troisième étage. Le clan perpétue ainsi la vocation bigénérationnelle qui avait été donnée à la propriété par les sœurs Duquette.

  • Une terrasse trois saisons permet à la famille d’étirer l’été. À gauche, les portes cochères d’origine ont été mises en valeur sur le mur.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Une terrasse trois saisons permet à la famille d’étirer l’été. À gauche, les portes cochères d’origine ont été mises en valeur sur le mur.

  • L’ancienne écurie, dont une partie seulement a été conservée, a été transformée en terrasse couverte avec piscine en acier galvanisé.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    L’ancienne écurie, dont une partie seulement a été conservée, a été transformée en terrasse couverte avec piscine en acier galvanisé.

  • La cour intérieure est un lieu de rencontre pour les membres de la famille Bouthillette.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    La cour intérieure est un lieu de rencontre pour les membres de la famille Bouthillette.

  • Le salon se trouve au rez-de-chaussée de l’appartement principal.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    Le salon se trouve au rez-de-chaussée de l’appartement principal.

  • Les boiseries d’origine et l’escalier ont été conservés. La propriétaire a même fait reproduire certaines boiseries.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    Les boiseries d’origine et l’escalier ont été conservés. La propriétaire a même fait reproduire certaines boiseries.

  • La salle à manger

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    La salle à manger

  • La cuisine a été entièrement rénovée.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    La cuisine a été entièrement rénovée.

  • La propriétaire a conservé plusieurs meubles anciens laissés par les anciennes occupantes, dont ce lit.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    La propriétaire a conservé plusieurs meubles anciens laissés par les anciennes occupantes, dont ce lit.

  • L’appartement principal compte quatre chambres.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    L’appartement principal compte quatre chambres.

  • La salle de bains a été rénovée, mais s’harmonise avec le reste des lieux.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    La salle de bains a été rénovée, mais s’harmonise avec le reste des lieux.

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Bien que, selon ce que leur nièce a raconté aux Bouthillette, cette maison n’ait connu que du bonheur, il leur a d’abord fallu faire preuve d’imagination pour y projeter le leur.

C’était autre chose. Je me souviens quand on a visité la première fois, on est entrés et j’ai fait : “Wô, on vient de remonter de combien d’années dans le temps ?” C’était assez spécial.

Maude Bouthillette

Vieux papier peint sur les murs, cuisines et salles de bains défraîchies, aménagement extérieur inexistant : la propriété avait besoin d’amour. Lorsqu’on leur demande s’ils ont vu le potentiel dès le départ, ils hésitent et éclatent de rire. « Ça prenait de la vision », résume Vincent Bouthillette. « Et un peu d’innocence, poursuit sa mère. Aujourd’hui, on trouve que c’était une bonne décision, mais une fois arrivés dans la maison, on a vu que c’était beaucoup de travail. Il n’y avait rien de brisé, c’était juste beaucoup d’amour. »

Et de tri puisque presque tous les biens de l’ancienne propriété avaient été laissés sur place. Plusieurs meubles anciens, dont certains qu’ils ont réutilisés, des caisses de livres, des machines à coudre, des photos d’époque, une robe de mariée et une de baptême et même une lettre d’un cousin parti à la guerre.

  • L’appartement qu’occupe Maude Bouthillette est situé au troisième étage.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    L’appartement qu’occupe Maude Bouthillette est situé au troisième étage.

  • La cuisine a été refaite il y a quelques années.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    La cuisine a été refaite il y a quelques années.

  • Le salon

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    Le salon

  • Vincent Bouthillette et sa conjointe Kate occupent l’autre logement du troisième étage, un cinq et demie.

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    Vincent Bouthillette et sa conjointe Kate occupent l’autre logement du troisième étage, un cinq et demie.

  • L’une des deux chambres de cet appartement

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    L’une des deux chambres de cet appartement

  • Le salon

    PHOTO STEPHEN IADELUCA, FOURNIE PAR LES COURTIERS

    Le salon

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Une écurie dans la cour

C’est vers 1890 qu’aurait été construite la partie la plus ancienne de cet immeuble qui compte aujourd’hui cinq logements répartis en deux volumes. Ils sont situés de part et d’autre d’une porte cochère qui servait jadis au passage des chevaux. Lorsque Céline Bouthillette a emménagé, l’écurie – la dernière de Pointe-Saint-Charles, selon elle – se dressait toujours dans la cour. « C’était impressionnant, se rappelle Lise, sœur de Céline. Tout était intact avec les stalles. On aurait pu rentrer des chevaux ici ! »

Le bâtiment servait de rangement aux anciens propriétaires. Le toit montrant des signes d’affaissement, la famille a décidé de démanteler l’écurie en partie. Certaines poutres ont été récupérées pour aménager un espace lounge dans la cour intérieure où une cuve en acier galvanisé fait office de piscine. Une terrasse trois saisons sert aussi de lieu de réunion au clan.

Une partie des 500 000 $ investis par la propriétaire depuis son acquisition ont servi à verdir la cour intérieure, y installer un système d’irrigation et la transformer en une véritable oasis au cœur de la ville. Clématites, lilas, glycines et hibiscus fleurissent l’espace qui est régulièrement visité par les oiseaux. S’étendant sur 8421 pieds carrés, le terrain a une superficie peu typique du secteur. On y retrouve même un garage offrant sept places de stationnement.

  • Au fond de la cour, le garage offre sept places de stationnement.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Au fond de la cour, le garage offre sept places de stationnement.

  • La cour, vue des airs

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    La cour, vue des airs

  • Vue de la façade arrière du bâtiment

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Vue de la façade arrière du bâtiment

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Le terrain ayant un taux d’implantation de 70 %, il y aurait possibilité de construire des logements supplémentaires à l’arrière. « À l’arrondissement, on nous a dit que le lot pouvait être divisible en deux ou en trois », indique Valérie Léger, courtière immobilière au Groupe Sutton Clodem.

Ce grand terrain constructible est principalement ce qui explique le prix de vente de la propriété, fixé à 3 499 000 $. La prestance du bâtiment, son cachet et le bon état des logements sont d’autres facteurs qui ont été pris en compte, explique la courtière Valérie Léger.

Bien qu’ils soient ouverts à toute possibilité, les Bouthillette rêvent secrètement de passer le flambeau à une autre famille. « C’est parti d’une famille à une autre à la nôtre, c’est quand même impressionnant, une propriété aussi âgée qui a eu seulement trois propriétaires [dont on est au courant], remarque Maude Bouthillette. Émotivement, j’aimerais que ça reste familial. »

Si la famille souhaite faire ses valises, après avoir investi tant d’efforts, c’est surtout pour se déposer dans un endroit où Céline Bouthillette et Lise pourront habiter un appartement sans escalier. Un endroit où ils pourront vieillir, tous ensemble.

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 3 499 000 $

Description : Immeuble de cinq logements, de tailles différentes, répartis sur trois étages. Trois des cinq logements seront disponibles aux futurs acheteurs, dont le logement principal, restauré avec le souci de conserver le cachet d’origine. Aménagé sur deux étages, en plus d’un sous-sol, il compte quatre chambres et deux salles de bains. Située à cinq minutes de marche de la station de métro Charlevoix.

Évaluation municipale de l’immeuble (2023) : 1 707 300 $

Dimensions du bâtiment : 14,92 m x 15,03 m (irrégulier)

Superficie du terrain : 8421 pi⁠2

Impôt foncier (2023) : 10 039 $

Taxe scolaire (2023) : 1188 $

Revenus bruts potentiels : 149 400 $

Courtiers immobiliers : Valérie Léger et Matthieu Le Moëligou, Groupe Sutton Clodem