Tétreaultville, Simon de l’Est l’a dans le sang.

Tétreaultville, Simon de l’Est l’a dans le sang.

Ce n’est pas par simple opportunisme d’affaires que l’auteur du livre Burger et Le barbecue pour les nuls a ouvert sa cantine urbaine dans Tétreaultville. C’est le quartier où Simon Jodoin-Bouchard a grandi – avant qu’on le surnomme Simon de l’Est – et où il a fait ses premières expérimentations au fumoir sur son balcon.

« J’aime mes petits commerces locaux, le bord de l’eau et la proximité de tout », dit celui qui est devenu un ambassadeur de Tétreaultville après avoir remporté des concours de BBQ et commercialisé des sauces et des épices sous le nom S. J. B.

Si le quartier que les vrais appellent « T-Town » change de visage, tout est encore possible. « Tétreaultville demeure abordable », dit Simon de l’Est.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Simon de l’Est (à droite) et son associé, Alexandre Clément-Deschênes

« Il y a une vie après l’autoroute 25 », lance Léa Frédéric, courtière immobilière et fière résidante de Tétreaultville.

Quand des clients lui disent que c’est loin, elle répond : « Mais loin de quoi ? » « Nous sommes à 20 minutes de tout en métro, avec une vie de famille et une vie de quartier. »

Parents de deux enfants, Léa Frédéric et son compagnon sont la preuve que même les Français quittent les quartiers centraux. Ce qui les a attirés à Tétreaultville ? « Le prix des maisons. Mon chum travaillait au centre-ville et moi à Boucherville. C’était parfait. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Tétreaultville est une enclave tranquille grâce à sa position à l’est de l’autoroute 25 et du port de Montréal.

Avec le recul, le couple s’étonne de s’être établi dans un quartier qu’il ne connaissait aucunement. Mais il est ravi. « Nous avons découvert que la station Honoré-Beaugrand est à 10 minutes, qu’il y a le bois Thomas-Chapais. Il y a beaucoup de nature à Tétreaultville », ajoute Léa Frédéric, qui a récemment quitté le domaine de l’hôtellerie pour celui de l’immobilier.

« Pendant la COVID-19, beaucoup de gens âgés ont vendu leurs maisons à de jeunes familles, explique-t-elle. J’ai en ce moment une maison à vendre avec trois chambres à coucher à 330 000 $. C’est encore possible ! »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Comme courtière immobilière, Léa Frédéric préfère guider des acheteurs que des vendeurs. « Je préfère l’énergie de l’achat, car c’est un nouveau départ », explique celle dont la plupart des inscriptions sont à Tétreaultville.

Léa Frédéric aime faire découvrir Tétreaultville à des clients acheteurs hésitants. « C’est un milieu formidable pour une famille, fait-elle valoir. On peut faire du paddle et on va pouvoir se baigner bientôt. »

Le maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve Pierre Lessard-Blais (Projet Montréal) s’est en effet engagé à offrir la baignade dès que possible au parc linéaire de la Promenade-Bellerive (voir notre carte à l’écran suivant). Il a aussi annoncé l’aménagement d’une place publique à l’intersection des rues Hochelaga et Des Ormeaux.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lieu de la future place publique qui sera prête en 2024

« C’est encore achetable »

« La COVID-19 a amené un renouveau dans Tétreaultville », remarque aussi Mélina Hamelin, propriétaire du M Café.

« C’est encore achetable », lance-t-elle.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Mélina Hamelin, du M Café

Des projets immobiliers ont attiré de jeunes adultes et des familles, souligne-t-elle en citant des projets d’habitation comme les Cours Bellerive et le Carré SOHO. Le Faubourg Contrecœur a aussi redoré le blason de Tétreaultville, qui, soyons honnêtes, avait besoin de l’amour que sont en train de lui donner des citoyens et les commerçants.

Tétreaultville, c’est une belle communauté : c’est comme un petit village.

Mélina Hamelin, propriétaire du M Café

Il y a sept ans, Mélina Hamelin a pu s’acheter un duplex dans le quartier où vivait sa grand-mère. « J’avais envie de retrouver un quartier où tout est à proximité. Mais il y avait un manque : c’est pour ça que j’ai ouvert le café. »

Mélina Hamelin est présidente du conseil d’administration de l’Association des commerçants de Tétreaultville, née en 2018 pour dynamiser l’activité commerciale rue Hochelaga et créer une vie de quartier (sans être une société de développement commercial).

« Tous les commerçants se tiennent dans le quartier », vante Mélina Hamelin. Cette dernière achète sa viande à la 3A Boucherie Gourmet, son lait à l’épicerie écoresponsable Ô Poids Vert et ses produits nettoyants chez Terre à soi, un magasin général écolo.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

L’épicerie écoresponsable Ô Poids Vert

Le M Café est voisin d’un espace de travail collaboratif appelé le QG de Tétro. Sa propriétaire se réjouit d’avoir créé un véritable « lieu de rencontres et d’échanges ». Lors de notre visite, un client dont la blonde venait tout juste d’accoucher donnait des nouvelles du poupon à Mélina Hamelin. Il y avait aussi une mère avec un bébé de 2 semaines.

Pas de doute, Tétreaultville est un berceau de nouvelles familles.

Des défis

« Il y a des besoins dans le quartier, mais il y a des défis », souligne Simon de l’Est, qui a ouvert en février dernier (avec Mélina Hamelin, justement !) Le Bellerive, dite « la buvette du Far Est ». Après tout, il fallait bien avoir un endroit pour aller prendre un verre autre que dans une taverne avec des appareils de loteries vidéo.

« Je veux que le quartier vive », poursuit Simon de l’Est. Or, ce n’est pas toujours facile de rester en affaires, signale-t-il. Le Bellerive s’est installé dans le local devenu vacant après la fermeture de la rôtisserie Coq de l’Est (qu’avait ouverte un couple ayant travaillé au Joe Beef et au Pied de cochon). Plus au nord, rue Sherbrooke, la succursale de la fromagerie Hamel de l’Est a fermé. « Tétreaultville, c’est Tétreaultville. Il y a encore des parties très pauvres. »

Quoi qu’il en soit, il est beau de voir le sentiment d’appartenance qui se développe dans le quartier. « J’ai fait faire des chandails de Tétreaultville pour amasser des sous pour le club de baseball du quartier. Je les ai tous vendus en 24 heures », souligne Léa Frédéric, qui modère un groupe Facebook de 4500 membres appelé Tétropositif !.

PHOTO TIRÉE D’INSTAGRAM

Le maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, avec son chandail de Tétreaultville, acompagné de Léa Frédéric

« Comme dans toutes les grandes villes, l’avenir est à l’est », fait valoir Léa Frédéric.

« Tout ce qui peut être bon pour Tétreaultville, on le prend ! », renchérit Simon de L’Est.