Cette année, Maxime, Michel et 118 autres jeunes hébergés au Centre jeunesse de Montréal ne sont pas seuls pour la veille de Noël. Un restaurateur du Vieux-Montréal les a accueillis samedi après-midi le temps d'un repas, d'un peu de magie et de quelques sourires.

«Noël c'est une fête pour enfants, remarque Fouad Filali, copropriétaire du restaurant Le Sénateur, situé sur la rue Saint-Paul. Si l'enfant attend Noël toute l'année et qu'un matin, il se retrouve seul, sans famille, sans amis, sans cadeaux, sans père Noël... On n'a pas le droit d'arrêter les rêves de ces enfants-là. Aujourd'hui, ils vont oublier leurs problèmes. Ils vont voir la magie, le père Noël. Je pense qu'ils vont oublier qu'ils sont dans un foyer de la DPJ.»

Fondateur de l'organisme Magiciens sans frontières, Fouad Filali accueille les enfants du Centre jeunesse de Montréal (CJM) depuis huit ans. Mais, c'est la première année qu'il tient son dîner des Fêtes le 24 décembre. «Noël est la journée la plus importante pour les enfants, souligne l'homme d'origine algérienne. Ces enfants-là vivent une coupure familiale. Ils n'ont pas d'endroit où aller.» De tous les enfants hébergés par le Centre jeunesse de Montréal, 120 ne passeront pas Noël avec leur famille. Ce sont eux que M. Filali a invités à sa fête.

«C'est spécial, a observé Maxime, 15 ans, qui participait à ce dîner pour la première fois. Si je n'étais pas ici, je serais probablement en train d'écouter la télévision ou de jouer aux jeux vidéos.» Les parents de Maxime sont «disparus» il y a quelques années. Les revoir serait le plus beau cadeau de Noël qu'il puisse recevoir. Maxime n'a gardé contact qu'avec un cousin, une cousine et une tante. «J'ai passé mes Noël en centre d'accueil», raconte-t-il.

«On sort rarement du centre, ajoute Michel, 16 ans. Ce dîner-là nous permet de vivre des bons moments.» Orphelin, Michel a été pris en charge par sa grand-mère il y a sept ans. Une grand-mère qu'il voit «très rarement» et avec qui il ne passera pas Noël, en raison d'un conflit.

Même si Fouad Filali et ses amis magiciens ne peuvent ramener leur famille, une telle activité met un baume sur les plaies. «C'est difficile pour eux, le 24, de voir les autres enfants partir dans leur famille, remarque Caroline Sagala, éducatrice dans un foyer de groupe à l'enfance au CJM. Deux petits Irakiens, dont c'est le premier Noël au Québec, viennent d'apprendre qu'ils ne verront pas leur mère. Ils sont fragiles. Le fait d'avoir une occasion spéciale leur fait un petit velours.»

Après le passage du père Noël, qui a distribué des cadeaux provenant de l'Opération père Noël et de la Fondation du Centre jeunesse de Montréal, les 120 jeunes sont retournés dans leur «unité». Pour le réveillon de Noël, certains mangeront de la fondue, d'autres joueront à des jeux vidéos, rêvant tout de même probablement d'un Noël en famille.