«Marie-Noël, Marie-Noël, petite fille, joujou fragile...» a écrit Claude Gauthier sans savoir qu'un jour, ses mots pourraient tout à fait s'appliquer à Marie-Élaine Thibert, redevenue petite fille le temps d'un très, très joli et joyeux spectacle de Noël, qu'elle présente encore ce soir au théâtre Saint-Denis.

Soulignons avant toute chose l'audace de la jeune chanteuse: pour la première fois, elle a mis en scène elle-même, avec l'aide de l'éclairagiste Pierre-David Gravel, un spectacle créé juste pour l'occasion, spectacle qu'elle n'avait encore jamais présenté avant la première jeudi soir au Saint-Denis - ce qui justifie tout à fait deux ou trois petits manques de synchronisation entre elle et ses musiciens!

 

Car c'est un très joli spectacle sans entracte qu'elle propose, souriant (bien utile en ces temps moroses) et jeune comme elle (26 ans), où elle n'a pas regardé à la dépense: fond de scène texturé où sont projetés des images, des photos (notamment des musiciens quand ils étaient enfants) et des éclairages généralement élégants; vêtements tout à fait de bon goût (ici, la journaliste de cinq pieds tient à dire qu'elle est bien heureuse que Marie Saint Pierre fasse aussi des costumes pour les petites femmes); six très bons musiciens et trois choristes sous la gouverne de l'excellent batteur Steve Gagné alors que les habituels violons qui accompagnent Miss Thibert ont été remplacés avec bonheur par deux saxophones; des arrangements généralement joyeux qui empruntent à James Brown, au disque de Noël de Presley, au Charlie Brown Christmas, à Otis Redding, etc.; une chorale, qui aurait pu être plus utilisée, à mon sens...

Mais c'est surtout le répertoire choisi qui retient l'attention. Bien sûr, toutes les chansons de son album Un jour Noël y figurent (album qui devrait dépasser le cap des 50 000 exemplaires vendus cette semaine). Marie-Élaine Thibert y a ajouté pas moins de six chansons (sans compter un instrumental et Noël, c'est l'amour, interprété joliment par sa jeune choriste de 10 ans Frédérique Mousseau, qui servent d'intermèdes pendant lesquels la chanteuse change de vêtements et d'atmosphère).

Parmi ces nouveaux morceaux, on soulignera particulièrement un duo virtuel (et rigolo) avec Elvis pour Blue Christmas - franchement, Marie-Élaine Thibert devrait plus souvent chanter dans le registre grave tant cela lui va bien - et rien de moins que... Hallelujah de Leonard Cohen. Disons-le tout de suite: elle l'a magnifiquement chanté, car cette jeune femme est une interprète du calibre de Monique Leyrac, avec une réelle intelligence du texte - par contre, on aurait tout intérêt à retirer le glockenspiel des arrangements, absolument déplacé.

Il n'y a quasi aucun bémol dans ce spectacle, sinon qu'on prendrait peut-être une ou deux chansons «pas de Noël» de plus et une ou deux chansons de Noël de moins. En fait, non. Ce qui serait bien, c'est qu'il y ait un tout petit peu de place pour le public, qu'il puisse chanter et danser avec Marie-Élaine Thibert, car le répertoire de Noël ne se prête pas à la passivité, mais à la joie de chanter ensemble. Hormis cela, c'est vraiment une très jolie soirée que propose la jeune chanteuse, véritable «Marie-Noël».

Marie-Élaine Thibert, au théâtre Saint-Denis, ce soir, 20h, ainsi que mardi à Gatineau, jeudi à La Baie et samedi prochain à Québec.