Le cardinal français Roger Etchegaray s'est cassé le fémur lors de la bousculade provoquée par une femme qui a poussé le pape et l'a fait tomber au début de la messe de minuit au Vatican, a déclaré à l'AFP le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.

Le vice doyen du Sacré Collège, âgé de 87 ans, a été admis à l'hôpital Gemelli, à Rome, a précisé le père Lombardi.

Les causes de la blessure du cardinal ne sont pas très claires car il était à quelques mètres du pape lorsque celui-ci a été poussé par une femme apparemment déséquilibrée qui l'a fait tomber. «Peut-être s'est-il tourné soudainement», a supposé le père Lombardi.

L'incident est intervenu durant la procession qui marque le début de la célébration, exceptionnellement entamée à 22H00 (21H00 GMT) cette année pour ménager le pape, âgé de 82 ans.

L'inconnue a franchi la barrière de sécurité et a poussé le pape qui s'avançait dans la basilique accompagné d'une trentaine de cardinaux, selon le père Lombardi.

Benoît XVI est tombé, mais, promptement secouru, s'est rapidement relevé. Entouré de gardes du corps, il a rejoint l'autel de la basilique pour entamer la célébration de la Messe de Minuit. Benoît XVI, très courbé, qui avait l'air ébranlé par l'incident, s'est appuyé sur des assistants puis un accoudoir, avant de s'asseoir pour célébrer l'office. Dans son homélie, il a dénoncé «l'égoïsme, celui du groupe comme de l'individu».

L'inconnue a été arrêtée. Elle était interrogée jeudi soir par les gendarmes du Vatican. Il semble qu'elle souffre de troubles psychiques.

Fil des événements

Un extrait de l'événement diffusé par la télévision italienne RAI montre la femme vêtue d'un sweat-shirt rouge à cagoule passer les barrières de bois et se précipiter sur la procession avant d'être interpellée par les gardes du corps. Sur une vidéo tournée par un témoin, on voit l'assaillante attraper les pans de la chasuble du pape au moment où elle est arrêtée, et le souverain pontife paraît s'effondrer sur elle.

MaryBeth Burns, une Américaine de Paris, Texas, qui se trouvait à quatre sièges de la femme qui a attaqué le pape, et filmait la procession, a expliqué: «Je suis vraiment furieuse parce que j'avais un alignement parfait de l'image», ajoutant «J'en tremble encore». Burns qui était en pèlerinage à Rome avec sa famille a précisé que les gardes du corps avaient immédiatement plaqué l'attaquante au sol et que le pape est tombé avec elle.

Benoît XVI a perdu sa mitre dans l'incident. Il est resté quelques secondes au sol avant que ses assistants ne le relèvent. À cet instant, des cris de «viva el papa» (longue vie au pape) ont retenti, suivi d'acclamations des fidèles, d'après un témoin. Beaucoup de gens massés à l'extérieur sous la pluie et suivant l'office sur des écrans géants place Saint-Pierre ne se sont aperçu de rien.

Une tradition millénaire rompue: la Messe de Minuit célébrée à 22h

Le souverain pontife n'a pas mentionné l'incident lors de la célébration de la Messe de Minuit, qu'il a enchaîné. La messe avait lieu cette année deux heures plus tôt qu'à l'accoutumée, et ce pour raisons de santé: les médecins du pape lui ont en effet conseillé de se ménager, Noël ouvrant une des périodes les plus chargées du calendrier liturgique.

Benoît XVI a entamé la célébration de l'office par le traditionnel voeu de paix, en latin. «Pax vobis» («Que la paix soit avec vous»). «Et cum spiritu tuo» («Qu'elle soit aussi avec vous») ont répondu les fidèles. Lors de son homélie, le pape a dénoncé «l'égoïsme, celui du groupe comme celui de l'individu» qui «nous tient prisonnier de nos intérêts et de nos désirs, qui s'oppose à la vérité et nous sépare les uns des autres».

L'an dernier, à la fin de la Messe de Minuit, une femme avait également escaladé des barrières et s'était approché du pape, mais avait été maîtrisée avant de parvenir à lui. Le père Benedettini a déclaré ne pas savoir si la même femme est à l'origine de l'incident de jeudi soir. Mais elle portait également un survêtement rouge.

Cet incident est le premier au cours duquel un assaillant parvient aussi près de Benoît XVI, et il montre que les analyses des spécialistes qui ont souvent averti le pape qu'il allait trop au contact de la foule étaient fondées. Ce n'était pas le premier incident au Vatican. En 2007, lors d'une audience en plein air place Saint-Pierre, un Allemand perturbé avait sauté les barrières de sécurité et agrippé l'arrière de la voiture découverte du pape, avant d'être appréhendé par la sécurité. Et il y avait eu la tentative d'assassinat de Jean-Paul II par Mehmet Ali Agca en 1981.

Le pape est surveillé par une garde panachée de gardes suisses, de policiers du Vatican et de policiers italiens.

Vendredi midi, jour de Noël, Benoît XVI doit délivrer sa traditionnelle bénédiction «Urbi et Orbi», à la Ville et au monde, du balcon de la basilique. Dimanche, il devrait partager le repas des sans-abri à une soupe populaire près du Vatican.

Noël dans le monde

Les célébrations avaient commencé plus tôt dans la journée à Bethléem. Les chrétiens de certaines régions du globe connaissaient une veille de Noël difficile, notamment en Irak et au Pakistan.

Au Pakistan, aucune décoration de Noël n'égayait le campement construit à 350km au sud-ouest d'Islamabad pour accueillir des chrétiens chassés de chez eux par des violences interconfessionnelles cette année. Certains disaient avoir reçu des menaces par texto leur promettant un «cadeau de Noël spécial», et craignaient que leurs tentes ne soient incendiées ou que leur église ne soit la cible d'un attentat à la bombe. «L'an dernier, j'ai célébré Noël dans la joie», déclarait l'un des réfugiés, Irfan Masih, tenant son jeune fils dans ses bras. Mais aujourd'hui «la peur (...) est dans nos coeurs».

En Irak, la minorité chrétienne était contrainte à des célébrations plus discrètes que d'habitude en raison du climat de violences dans le pays, où des attentats ont fait jeudi au moins 27 morts, essentiellement des pèlerins chiites. Noël coïncide cette année avec l'Achoura, l'un des temps forts du calendrier chiite.

A Bethléem, lieu de naissance de Jésus selon la tradition chrétienne, le patriarche latin de Jérusalem a donné le signal du départ des festivités annuelles de Noël en prenant la tête d'une procession. Mgr Fouad Twal a prié pour la paix au Proche-Orient, et pour le jour où, a-t-il dit, les Palestiniens ne seront plus confinés derrière les murs érigés par Israël.

«Nos rêves d'une Terre Sainte réconciliée semblent une utopie», a-t-il déploré dans son message de Noël, estimant que «nous tous, Palestiniens et Israéliens, avons échoué à faire advenir la paix».

Des milliers de personnes s'étaient rassemblées sur la place de la Nativité, attendant son arrivée. Pour se rendre dans la cité natale de Jésus, le convoi de Mgr Twal a franchi le mur de séparation qui enserre Bethléem sur trois côtés. «Nous voulons la liberté de mouvement, nous ne voulons pas de murs», a déclaré le patriarche après avoir franchi la barrière. «Nous espérons que les choses vont devenir plus normales pour nous».

Au Vatican, le pape Benoît XVI devait célébrer la messe de minuit deux heures plus tôt qu'à l'accoutumée en la basilique Saint-Pierre, et ce pour raisons de santé: les médecins du souverain pontife âgé de 82 ans lui ont en effet conseillé de se ménager, Noël ouvrant une des périodes les plus chargées du calendrier liturgique.

A la tombée de la nuit, il est brièvement apparu à une fenêtre de ses appartements donnant sur la place Saint-Pierre pour allumer une bougie en signe de paix. Il a béni la foule avant de déposer la flamme sur le rebord de la fenêtre.

Auparavant, une Crèche grandeur nature a été dévoilée sur la place Saint-Pierre à côté d'un arbre de Noël de 30 mètres de haut provenant des Ardennes belges. Vendredi midi, jour de Noël, Benoît XVI délivrera sa traditionnelle bénédiction «Urbi et Orbi», à la Ville et au monde, du balcon de la basilique. Dimanche, il devrait partager le repas des sans-abri à une soupe populaire près du Vatican.

- Avec AFP

Photo: AFP

Le pape lors des célébratrions de la Messe de Minuit.