Doit-on laisser les enfants croire au père Noël? Jusqu'à quel âge? Ces questions, presque tous les parents se les posent à l'approche des Fêtes. Réponses : oui, car cette croyance a des effets bénéfiques sur les enfants. Et ce sont ces derniers qui vous indiqueront lorsqu'ils seront assez grands pour quitter ce monde de rêves.
Plus qu'une simple tradition, croire au père Noël participe au développement de l'enfant. « Ça fait partie de leur imaginaire, ça les aide à s'adapter à la réalité », indique Nathalie Parent, psychologue et chargée de cours à l'Université Laval. Plus l'imagination est développée, plus ils trouveront facilement des solutions à leurs problèmes, même une fois adultes, explique-t-elle.
Cette croyance permet aussi de promouvoir certaines valeurs, le partage par exemple, puisque le père Noël est très généreux. Lui laisser du lait et des biscuits démontre que l'on pense à lui.
Isabelle Leduc enseigne dans une classe combinée de première et deuxième années à l'école L'Arbrisseau de Cap-Rouge. Cet automne, une réflexion sur le livre Le Petit Prince, de Saint-Exupéry, a mené à des discussions sur l'existence du père Noël. « On parlait des choses auxquelles on ne croit plus en étant adultes. Ils ont amené ces exemples-là, la Fée des dents, le père Noël », relate Mme Leduc.
Dans la classe, certains y croyaient dur comme fer, d'autres pas du tout, quelques-uns doutaient. Que les pères Noël dans les magasins sont des faux, ça, s'est établi, dit-elle en riant. C'est la « théorie du centre commercial ». Mais plusieurs pensent que le vrai existe. Et ils se sont sentis déstabilisés par la conversation.
Mais il n'y a pas eu de grandes confrontations, souligne l'enseignante. « Les élèves qui n'y croyaient pas n'ont pas bousculé les autres, n'ont pas amené
d'arguments-chocs. Ils ont laissé planer le doute dans leur esprit. » Ils savent qu'il faut garder le secret, ils n'essaient pas de convaincre leurs pairs du contraire. « Ils les trouvent chanceux, on dirait », constate Mme Leduc. Le désir de vivre cette belle magie ressort chez plusieurs élèves.
Rester sages
« Si tu n'es pas sage, le père Noël ne t'apportera pas de cadeaux. » Si cette phrase a sûrement aidé bien des parents à calmer leurs petits, Mme Parent la déconseille. Le personnage doit faire office de figure paternelle, pas de figure punitive.
D'ailleurs, Mme Leduc affirme que les enfants ne gobent pas cette idée. L'enseignante sait qu'il faut être vigilant avec ce genre d'affirmation, surtout dans les milieux défavorisés, où elle a déjà travaillé. Des enfants très sages de familles peu fortunées peuvent alors être « oubliés » par le père Noël. « Finalement, on trouvait par magie un cadeau qu'il (le père Noël) avait laissé dans la classe au lieu d'à la maison. »
D'ailleurs, elle note que les enfants pauvres sont désillusionnés plus rapidement, ramenés à la réalité par un quotidien difficile qui fait fi des Fêtes.
Mme Leduc observe aussi qu'en général, les filles restent accrochées plus longtemps à ce monde magique, alors que les garçons ont plus rapidement envie d'être grands.
Jusqu'à quand?
« Ce n'est pas aux parents de décider quand c'est le temps d'arrêter d'imaginer, c'est l'enfant qui va nous le dire », fait valoir Nathalie Parent. Lorsque les questions commencent, la psychologue propose de renvoyer la balle à l'enfant. « Toi, tu en penses quoi ? » Ses réponses pourront vous guider quant à savoir s'il est temps pour lui de faire le saut dans le monde des grands.
« De toute façon, si nous, on insiste, comme parent ou comme adulte, à dire que le père Noël n'existe pas, si l'enfant n'est pas prêt, il va faire des pieds et des mains pour s'inventer toutes sortes de raisons pour y croire », estime Mme Parent. Par contre, si les questions deviennent insistantes, il vaut mieux être honnête.
Si votre enfant fait rire de lui à l'école, Mme Parent suggère de lui faire comprendre qu'il n'est pas obligé de crier ce en quoi il croit sur tous les toits. Il apprendra que les croyances sont personnelles à chacun.
Finalement, en tant que parents, il faut prendre le tout avec un grain de sel. L'enfant finira par voir que Noël, c'est avant tout le plaisir d'être ensemble. Et père Noël ou pas, ils auront tout de même des cadeaux. Sauf qu'ils sauront maintenant à qui se plaindre si le jouet désiré n'est pas sous le sapin...