La cote R, la cote de rendement collégial, correspond à une mesure commune d'évaluation du dossier scolaire des étudiants du niveau collégial. Son importance est grande, car c'est l'outil utilisé par les universités québécoises pour sélectionner les cégépiens qui veulent entrer dans des programmes universitaires contingentés comme la médecine, le droit, la pharmacie, la communication, etc.

La cote R, la cote de rendement collégial, correspond à une mesure commune d'évaluation du dossier scolaire des étudiants du niveau collégial. Son importance est grande, car c'est l'outil utilisé par les universités québécoises pour sélectionner les cégépiens qui veulent entrer dans des programmes universitaires contingentés comme la médecine, le droit, la pharmacie, la communication, etc.

Est-ce un outil juste et équitable pour tous? Est-ce possible de comparer des résultats provenant de cégeps différents ou même les étudiants d'un même cégep qui ont des professeurs et des évaluations différentes pour un même cours?

C'est le ministère de l'Éducation qui a la responsabilité de faire ce calcul à partir des données fournies par les cégeps. La réglementation à respecter est bien énoncée sur le site de la conférence des recteurs (CRÉPUQ). Réglementation établie par des gens provenant des cégeps, des universités et du ministère de l'Éducation. Au premier coup d'oeil, tout ce processus semble solide, fiable et bien validé. Quand on commence à vérifier un peu plus et à poser des questions, c'est un peu différent.

Voici quelques faiblesses:

1) Le ministère de l'Éducation ne vérifie pas les données transmises par les cégeps et fait un calcul à l'aveugle. Ceci est confirmé par Chantal Bélanger, directrice du système Socrate, l'outil informatique utilisé par le Ministère pour calculer la cote R. C'est aussi confirmé dans une lettre du 12 février 2009 par la sous-ministre adjointe à l'enseignement supérieur qui préside l'instance décisionnelle en matière de la cote R au Québec. Mme Bélanger confirme de plus que si les données fournies ne sont pas valides, le calcul ne le sera pas. Alors si le ministère de l'Éducation ne vérifie pas, qui vérifie? La conférence des recteurs des universités du Québec?

2) La CRÉPUQ ne vérifie pas non plus. Ceci est confirmé encore une fois par Mme Bélanger, mais aussi par Danielle Fleury, présidente du Comité de gestion des bulletins des études collégiales dans une lettre du 13 mars 2009 et lors d'une entrevue radio avec Paul Arcand. Et Mme Fleury, dans sa lettre, ajoute que les cégeps ne sont pas formellement tenus de se conformer aux règlements. Donc, on a une réglementation pour s'assurer d'un processus valide, mais non seulement on ne vérifie pas, mais pire, il n'y aurait pas d'obligation à respecter le processus, selon Mme Fleury. Alors, est-ce que le Ministère peut émettre des cotes R invalides?

3) Il semblerait que oui, selon des courriels obtenus par des directions aux études de cégeps. Des cégeps confirment ne pas toujours respecter la définition du groupe à l'évaluation, qui est un peu la pierre angulaire pour obtenir une cote R valide, juste et équitable pour les étudiants. Si la définition du groupe à l'évaluation n'est pas respectée, le calcul de la cote R perd beaucoup de crédibilité. De plus, il y a une règle qui dit que si une note de 100% à un cours donné ne donne pas une cote R minimale de 35, le ministère de l'Éducation doit utiliser une autre formule qui va corriger cette disparité. Est-elle appliquée? Non, et ceci est confirmé encore une fois par la directrice du système Socrate qui calcule la cote R pour le Ministère.

4) La disparité des clientèles entre les collèges a-t-elle un impact? La cote R, c'est l'ancienne cote Z multipliée par un indice de force du groupe (IFG). Donc, un étudiant qui veut avoir une bonne cote R doit s'assurer d'avoir de bons résultats scolaires, mais il devrait aussi vérifier si les autres étudiants de son groupe ont eu de bons résultats en secondaire IV et V. Car sa cote R s'en verra affecter. Comme exemple, au cégep@distance, il a été démontré que l'IFG peut affecter négativement jusqu'à 25% ou même plus la cote R d'un cours. Donc, un bon étudiant peut avoir une note de 88 avec un écart à la moyenne de presque 20 points et se retrouver avec une cote R de 26 au lieu de 35 si les autres étudiants dans son groupe sont faibles. C'est toute la différence, car plusieurs programmes contingentés vont demander des cotes R de plus de 34. Comment un étudiant peut-il prévoir ou connaître les qualités académiques des autres étudiants de son futur cours?

5) La sélection de leurs étudiants arrivant du secondaire par certains cégeps ou collèges peut influencer grandement et positivement la cote R que l'étudiant obtiendra, et plus particulièrement les plus forts. Donc, un bon étudiant n'a probablement pas les mêmes chances dans tous les collèges ou cégeps du Québec. Est-ce que ceci favoriserait les étudiants de certains collèges qui ont compris les subtilités du calcul de la cote R?

Ces faits sont connus par Michelle Courchesne, ministre de l'Éducation du Québec, Hélène David, sous-ministre adjointe à l'enseignement supérieur, et la directrice de Socrate.

Personnellement, je crois que la ministre de l'Éducation et ses hauts fonctionnaires manquent de rigueur et de transparence face aux étudiants qui rêvent et qui travaillent fort pour être acceptés dans la carrière de leur choix.

Ne serait-il pas approprié de mettre en place au Québec une évaluation qui serait juste pour tous, quels que soient le professeur ou le cégep?

L'auteur, qui réside à Acton Vale, a contesté sans succès la cote R accordée à son enfant jusqu'en Cour supérieure.