Afin que plus personne ne vienne déranger la concentration du beau Carey Price, Bob Gainey a décidé cette saison d'ajouter du muscle à sa défensive. Il est donc allé chercher des costauds, des six pieds passés aux gros gabarits capables de brasser pas juste la cage mais, aussi ceux qui se stationnent devant.

Du gros boeuf, donc : Hal Gill, six pieds sept pouces, 241 livres; Paul Mara, six pieds et quatre pouces, 207 livres. Quand on sait que Ryan O'Byrne fait six et cinq, 234 livres, que Roman Hamrlik fait six et deux, 207 livres, on peut donc en déduire que la nouvelle brigade défensive du Canadien est formée de géants capables de nettoyer le devant du but pas à peu près.

Bien.

La question à mille sous maintenant : oui, les défenseurs du Canadien  sont gros, oui ils sont intimidants, oui ils peuvent brasser, mais peuvent-ils jouer au hockey ?

Gill, on le savait brouillon et capable du meilleur comme du pire. C'est exactement ce qu'il nous a donné vendredi soir face aux Sénateurs. Le grand gaillard a dirigé trois tirs au but en 21 : 25 minutes de temps de jeu mais commis le nombre effarant de sept revirements. Sept fois donc au cours du match Gill a donné la rondelle à l'adversaire.

Mara, lui, en 25 :51 minutes de temps de glace, a récolté une aide dans la victoire de 2-1 du Canadien. Il a effectué quatre lancers au but mais commis quatre revirements.

Bon, vous vous appelez Francis Bouillon et vous êtes assis dans votre salon en entendant que le téléphone sonne. En regardant le match d'hier, Bouillon, un des défenseurs les plus fiables du Canadien au cours des dernières années, sacrifié au profit de Gill et de Mara, auteurs hier soir de 11 revirements, et de Josh Gorges aussi ne l'oublions pas, un geste insensé à mon avis, avouez qu'il y a de quoi serrer les poings.

Mais là n'est pas la seule injustice commise par Gainey au cours de l'été. En congédiant tous ses entraîneurs à l'exception de Kirk Muller, Gainey a fait passer l'odieux de ses frasques sur le dos de ceux qui étaient déjà en place. C'est Gainey qui a congédié Carbo en prétextant que plusieurs facettes du jeu du Canadien laissaient à désirer. Et que lui et Don Lever allaient redresser la situation. On connaît la suite. Lever et Gainey n'ont rien redressé du tout. Ils ont participé aux séries par la peau des fesses et subi une sortie rapide en première ronde face aux Bruins, quatre petits matches à zéro. Une honte !

Au sujet de Lever maintenant, présenté par Gainey comme le nouveau petit Mozart (le premier ayant été Marc Crawford que Pierre Lacroix nous avait tant vanté). Pourtant, tout ce qu'on a vu de Lever c'est que dans sa grande sagesse, il est l'entraîneur qui a accouché de l'une des pires stratégies jamais utilisées au hockey : l'utilisation en série du gros Georges Laraque en compagnie de deux excellents attaquants, Alex Kovalev et de Saku Koivu. Une joke. L'entraîneur des Bruins Claude Julien n'en espérait d'ailleurs pas tant. Laraque, même s'il avait le mandat de s'occuper de Chara, était incapable de suivre la parade parce que trop lent. Avec comme résultat que les Bruins, lorsque le premier trio du Canadien était sur la patinoire, évoluaient comme s'ils profitaient d'un avantage numérique...

Quoi qu'il en soit, Lever a lui aussi été congédié.

Aussitôt éliminé, Gainey a décidé de changer complètement sa formation. Outre le personnel d'entraîneurs, Kovalev, Tanguay qui avait pourtant été obtenu en retour d'un choix de première ronde, Lang, Bouillon, Higgins  et Koivu, ont tous pris le bord.

Ce faisant, Gainey jetait à l'eau son fameux plan quinquennal et démontrait par le fait même qu'au cours des six premières années de son mandat il avait complètement fait fausse route.

«Il fallait réagir et je l'ai fait. Nous avons une nouvelle équipe et à la fin de la saison j'aurai à répondre de mes décisions. Si les résultats obtenus ne sont pas satisfaisants, ce sera à mon tour d'écoper...»

Si les résultats obtenus cette saison ne sont pas satisfaisants il est certain que Gainey devra aller sévir ailleurs. Mais son congédiement surviendra une année trop tard. Je dis une année trop tard puisque avec les résultats obtenus par son équipe depuis son arrivée avec le Canadien,  le 2 juin 2003, il aurait dû être le premier à la fin de la saison dernière à devoir lever les pattes.

Laissez Carbo en paix...

Un commentaire insidieux entendu hier à RDS m'a déplu au plus haut point.

Un collègue, en substance : «Avec Jacques Martin, il y aura moins de  congés d'entraînement gratuits. Dorénavant, les journées de congé  devront être méritées. Et puis, si Muller est demeuré avec l'équipe c'est pour une question de transition. Il fallait quelqu'un au sein du personnel d'entraîneurs de l'an dernier capable de venir en aide à Martin. Si Muller, sous Carbo, était un complice, sous Martin, il deviendra un entraîneur.»

Wow!

Cheap shot, mets-en.

Rappelons que Carbo a mené son équipe au championnat de sa conférence, il y a deux ans à la suite d'une saison fabuleuse de 104 points...

Carbo, avec tout ce qu'il a vécu l'an dernier, cavalièrement congédié quelques semaines après s'être fait dire par Gainey qu'il avait été sa plus belle acquisition, on pourrait-y, pour l'amour du saint ciel, simple question de respect, le laisser tranquille maintenant...

Merci beaucoup.