Comme les médias le dénoncent ponctuellement, je constate actuellement, grâce à une personne dans mon entourage, qu'il est extrêmement difficile pour les immigrants qualifiés et universitaires de s'intégrer au marché du travail, malgré toute leur bonne volonté et leur grande capacité d'adaptation.

Comme les médias le dénoncent ponctuellement, je constate actuellement, grâce à une personne dans mon entourage, qu'il est extrêmement difficile pour les immigrants qualifiés et universitaires de s'intégrer au marché du travail, malgré toute leur bonne volonté et leur grande capacité d'adaptation.

Cet homme proche vit cette situation et se bat chaque jour pour avoir sa place au sein de la société québécoise, pour qu'on lui laisse la chance de devenir un citoyen québécois, un travailleur québécois à part entière.

Selon mes observations, depuis plusieurs mois, s'intégrer au Québec dans le marché du travail n'est ni une question de compétence ni une question de volonté. Les immigrants de bonne volonté font souvent face à un mur d'ignorance, de peur ou d'incompréhension.

Si le Québec veut réussir son intégration des immigrants, il doit comprendre que l'intégration dans la société passe par l'intégration au travail. Sans travail, c'est l'isolement, la baisse de l'estime de soi et l'augmentation de la frustration vis-à-vis de la société d'accueil.

Heureusement, cette personne de mon entourage a la chance et la richesse d'être entourée de Québécois qui lui font découvrir les richesses de notre culture. Malgré la fin de non-recevoir dont François est victime sur le marché du travail, il peut tout de même découvrir la gentillesse et l'ouverture d'esprit de quelques Québécois. Mais quelle ouverture? Les Québécois sont-ils réellement ouverts ou se targuent-ils de l'être pour se donner bonne conscience? La société québécoise est-elle réellement prête à faire face à une vague d'immigration qui répond à un besoin réel de renouvellement des générations?

Tout comme les Québécois, lui aussi est riche en compétences, en qualités humaines et en culture. Dans son pays d'origine, François a obtenu une formation en gestion et comptabilité. Il a été le gestionnaire principal d'une station d'essence et d'une clinique dentaire où il recevait les diplomates les plus importants du pays. À la station d'essence d'une grande multinationale pour laquelle il a travaillé, à 23 ans, il était celui qui obtenait les meilleurs résultats de vente de toute la région. Dix ans plus tard, il pensait venir s'établir au Canada, croyant au rêve possible d'une vie encore plus riche de différence et d'expérience.

Depuis son arrivée, chaque jour, son estime diminue. Alors qu'il multiplie les démarches pour se trouver un emploi en appelant proactivement des employeurs, des agences de placement et des agences d'aide en placement pour les immigrants, rien n'y fait. Malgré tous ses efforts, rien ne colle.

Son estime diminue de jour en jour et il est au bout du rouleau. Alors qu'il abaisse ses standards pour se trouver un emploi et qu'il postule pour des emplois pour lequel il est plus que surqualifié, on lui ferme la porte au nez, parfois avec ce qu'il ressent comme du mépris.

Fait-il face à du racisme caché? La situation est-elle pire qu'à l'habitude en période de crise économique? Je n'y crois pas. J'ai entendu de nombreuses autres histoires d'immigrants qualifiés qui n'ont pu se trouver un emploi et qui sont repartis ou qui ont dû retourner sur les bancs de l'école à 30 ou 40 ans parce que le Québec ne les avait pas prévenus que leur diplôme n'était pas reconnu... Pourtant, on les avait soigneusement sélectionnés pour leurs compétences.

Comme les autres, François a été sélectionné parce qu'il était un des meilleurs parmi le lot. Les immigrants sont soigneusement choisis selon leur compétence par le gouvernement du Québec d'après un système de points.

Le gouvernement du Québec fait-il de la fausse représentation dans les ambassades pour accueillir du «cheap labor», donner aux immigrants les emplois dont les Québécois se prévaudront en dernier recours? Les immigrants sont en droit de s'attendre à plus de leur société d'accueil.

Afin de mettre fin à cette situation intolérable pour de nombreux nouveaux arrivants, le gouvernement du Québec se doit d'agir rapidement puisque sans les immigrants, le Québec fera face à une décroissance importante.

Le gouvernement du Québec doit aussi agir pour informer de manière adéquate les immigrants qui se présentent aux ambassades étrangères pour des séances d'information, cesser de leur donner un portrait mensonger de la situation et imposer, par des politiques, des programmes subventionnés d'insertion des immigrants.

Le Québec doit agir dès maintenant sans quoi il fera face à une frustration généralisée de la part d'une génération d'immigrants à qui on a menti pour les attirer vers le «Nouveau Monde» et à qui on promettait un avenir meilleur.

L'auteure est de Montréal.