André KahléL'auteur est un ingénieur de Brossard.

L'introduction de péages sur les ponts et autoroutes de la région de Montréal, comme le préconise le maire Gérald Tremblay, va provoquer une hausse du coût de transport des marchandises. Et cela va se refléter directement sur les coûts aux consommateurs, de la même façon que la hausse du prix de l'essence a provoqué une augmentation des prix des aliments qui ne s'est pas encore résorbée malgré la baisse des coûts de l'essence depuis le début de l'année.

Cependant, contrairement à la hausse du prix de l'essence qui s'est appliquée à toutes les entreprises nord-américaines de façon égale, l'imposition de péages va s'appliquer seulement à la région de Montréal et de ses banlieues. Elle va rendre moins compétitives nos entreprises d'ici.

Est-ce bien ce que Gérald Tremblay veut faire? Pénaliser les entreprises montréalaises qui exportent leurs produits? Chasser ces entreprises hors de la région de Montréal?

Comme 80% des déplacements sont attribuables au transport commercial, on peut s'attendre à ce que l'entreprise nous refile ces coûts additionnels. Combien la gestion de ces péages et l'implantation de ces systèmes sophistiqués de lecture des plaques d'immatriculation nous coûteront-elles? Finalement, y aura-t-il un avantage quelconque à ces péages?

L'imposition de péages sur nos autoroutes aura aussi un autre effet indésirable: celui du déplacement des trajets vers les rues et les routes secondaires, en vue d'éviter ces péages. Cela aura un impact nuisible, tant du point de vue de la pollution de nos milieux de vie que du point de vue de la sécurité routière dans nos municipalités. Souvenons-nous de l'impact négatif qu'ont eu les péages de l'autoroute des Laurentides sur toutes les municipalités le long du boulevard Curé-Labelle et de la route 117, de Laval à Saint-Jérôme et plus loin.

Je suis tout aussi sensible au besoin de favoriser les transports en commun, mais le maire de Montréal réalise-t-il qu'il n'y a pas que des travailleurs salariés ou des étudiants qui circulent en auto sur nos ponts et autoroutes?

Il y a aussi des touristes, des travailleurs autonomes, des représentants de vente, des véhicules de service de toutes sortes et, bien sûr, tous les camions et remorques qui distribuent tous les biens et tous les aliments que nous consommons. Les transports en commun ne peuvent pas satisfaire tous les besoins de déplacement. Il faut être réaliste.

Le réseau de transport routier au Québec est un service public. Il profite à tous, même à ceux qui n'ont pas d'auto ou de moto, ou qui n'ont pas l'âge d'en conduire une, parce qu'il permet le déplacement libre des personnes en plus de tous les biens que nous fabriquons ou consommons. Il faut que ça reste comme ça!