L'une des manchettes du dossier sur les médecines complémentaires de La Presse, le 27 mars dernier, indiquait «Le Québec en retard». Dans le cas de l'homéopathie, l'on ne peut que se féliciter que le Québec soit plus réticent que les autres provinces à accepter une pratique qui repose sur des bases complètement farfelues.

L'une des manchettes du dossier sur les médecines complémentaires de La Presse, le 27 mars dernier, indiquait «Le Québec en retard». Dans le cas de l'homéopathie, l'on ne peut que se féliciter que le Québec soit plus réticent que les autres provinces à accepter une pratique qui repose sur des bases complètement farfelues.

Non seulement l'homéopathie n'offre aucun bénéfice thérapeutique - à part peut-être l'effet placebo -, mais elle peut même être dangereuse lorsqu'elle est utilisée comme substitut à un traitement médical dans le cas de maladies sérieuses.

On a tort de dire que «l'homéopathie suscite beaucoup de controverse sur le plan scientifique». Pour que cela soit le cas, il faudrait que les arguments utilisés par les adeptes de l'homéopathie aient des bases scientifiques, ce qui n'est certainement pas le cas.

En fait, l'homéopathie, telle qu'établie par le médecin allemand Samuel Hahnemann (1775-1845), repose sur des théories qui, par leur nature même, sont en complète contradiction avec les principes de la science. Des principes développés sur des centaines d'années et cela à la suite de multiples expériences vérifiables et vérifiées.

Avec la théorie des similitudes, l'homéopathie stipule que si, à haute dose, une substance cause certains symptômes, elle peut être utilisée sous une forme diluée pour traiter un patient souffrant de ce type de symptômes, quelle qu'en soit la cause. Par exemple, l'arsenic à haute dose engendre des brûlures d'estomac, des vomissements et de la diarrhée. Sur cette base, l'homéopathie (du grec homios pathos ou semblable souffrance), suggère des doses diluées d'arsenic pour les problèmes gastriques. Avec la loi homéopathique des infinitésimaux, plus une solution est diluée, plus elle est efficace. Un remède homéopathique tel que Lachesis 30X (X pour 10 en latin) contre les problèmes circulatoires préparés à partir de venin de serpent est dilué 30 fois de suite par un facteur de 1 sur 10. Il s'agit d'une concentration équivalente à une goutte d'eau dans un volume équivalent à 50 fois celui de la Terre. Entre chaque dilution, la solution est «énergisée» en la secouant et en la frappant avec une ceinture de cuir. Dans le cas du Lachesis 30C (C pour 100), plus dilué donc plus puissant si l'on se fie aux principes de l'homéopathie, il s'agit de dilution par un facteur de 1 sur 100 répétée 30 fois de suite. Cette fois-ci, l'équivalence est d'une goutte pour 30 milliards de fois le volume de la Terre. À ces taux de dilution, les chances de trouver même une molécule de la substance de départ sont essentiellement illusoires.

L'homéopathie existe depuis plus de 200 ans. Malgré des centaines d'études rigoureuses, aucune n'est arrivée à prouver une quelconque efficacité de l'homéopathie en dehors de l'effet placebo. Le démystificateur des pseudosciences James Randi, connu pour son One Million Dollar Challenge, offre la somme de 1 million de dollars à quiconque arrivera à démontrer scientifiquement que l'homéopathie est un phénomène réel. Cette somme n'a encore jamais été réclamée.

Je ne nie pas que l'effet placebo existe et qu'il puisse contribuer au bien-être des patients. Si les homéopathes ne s'en tenaient qu'à cela, je n'aurais aucune objection. Par contre, ce qui m'interpelle, c'est lorsque ces derniers appuient leurs théories sur des explications soi-disant «scientifiques». Les adeptes de l'homéopathie prétendent par exemple que ce type de préparation agit comme un vaccin qui stimule le système immunitaire pour mieux combattre la maladie. Or, un vaccin contient une dose mesurable de substance. Cette dernière est une forme désactivée de la toxine qui est la cause de la maladie et cette toxine produit une quantité mesurable d'anticorps.

Finalement, je me dois d'aborder le commentaire du pharmacien cité dans le dossier de La Presse, qui défend l'homéopathie en déclarant: «... on en ne peut pas dire que l'homéopathie est plus efficace qu'un placebo, mais on n'est pas capable de dire le contraire non plus». Celui-ci devrait savoir que la science ne peut prouver un négatif. Je me demande si ce pharmacien croit toujours au père Noël, car après tout, aucune étude n'a prouvé que ce dernier n'existe pas.

D'ailleurs, je trouve particulièrement choquant que l'on puisse se procurer dans les pharmacies ces préparations homéopathiques dont aucune étude n'a prouvé l'efficacité.

Il faut dire que malgré tout cela, l'homéopathie est une pratique lucrative pour les fabricants. Prenons le cas de l'oscillococcinum, une préparation homéopathique pour le traitement de la grippe. Certains ont recommandé ce produit récemment pour aider à prévenir le virus H1N1 «sans effets secondaires». Pour préparer ce produit, il suffit de diluer trois grammes du foie d'un canard et 15 grammes de son coeur dans une solution de jus pancréatique et de glucose. Après 40 jours, quand le contenu s'est complètement désintégré, la solution est filtrée et diluée dans 100 litres d'eau. Le processus est répété 199 fois! Des pastilles de glucose et de lactose sont imprégnées de la solution finale, pastilles qui sont vendues en boîtes de trois, six ou 12 doses. Ce dernier format, dit «économique», se vend 22,99$. À ce prix, on peut évaluer qu'un seul canard rapporte entre 20 et 30 milliards de dollars de revenus. Et moi qui pensais que c'était le foie gras de canard qui était dispendieux!