Le budget du gouvernement du Québec marque une étape cruciale dans notre histoire moderne. C'est le début du redressement d'un système auquel nous tenons tous, mais que nous avons malheureusement tenu pour acquis trop longtemps.

Le budget du gouvernement du Québec marque une étape cruciale dans notre histoire moderne. C'est le début du redressement d'un système auquel nous tenons tous, mais que nous avons malheureusement tenu pour acquis trop longtemps.

Les rapports Clair (2000), Ménard (2005), Castonguay (2008) et le Comité consultatif sur l'économie (2010) sont tous arrivés à la même conclusion: le mode actuel de financement de notre système de santé est insoutenable. Le budget propose une série de moyens de sauver notre système et d'en assurer le financement à long terme.

Après le pas-dans-ma-cour, il ne faudrait pas se cantonner dans le pas-dans-ma-poche, pas-dans-mon-service. C'est le but visé qui importe: on veut sauver notre système de santé. Si on n'est pas d'accord avec les moyens proposés, il va falloir dépasser la pancarte comme mode d'expression et proposer des moyens réalistes, applicables et efficaces pour sauver le système. Et, c'est maintenant qu'il faut agir. Ça fait des années qu'on en parle. Les moyens contenus dans le budget reflètent les orientations de tous les rapports dont j'ai parlé. Si on peut faire mieux, allons-y. Mais surtout, NIET n'est pas un moyen d'action et ne fait rien pour entreprendre un redressement devenu nécessaire et urgent.

La contrepartie est importante: le budget innove en obligeant le ministre de la Santé à rendre des comptes quant à l'utilisation des fonds alloués. Régulièrement, de façon transparente et accessible. C'est un grand pas que nous avions recommandé dans notre rapport en 2005.

Dans un monde où l'éducation de la population constitue son principal moyen de survivre, notre système bat de l'aile. J'ai abondamment parlé du décrochage scolaire. Mais, la performance de nos universités n'est pas moins inquiétante. Pas parce qu'on serait moins bons que les autres. Tout simplement parce qu'on a cru que nous pourrions faire aussi bien que les autres sans payer le prix. Nos universités sont tenues à bout de bras par des chargés de cours parce qu'on ne les finance pas adéquatement.

Le budget ouvre certaines perspectives. Ayons le courage de nos ambitions et surtout assurons aux générations qui montent ce à quoi elles ont un droit indiscutable: une éducation de grande qualité. Le principe qu'il faut maintenir envers et contre tous: personne au Québec ne doit se voir refuser l'accès aux études supérieures pour une raison d'ordre financier. Faisons le nécessaire en ce sens.

Nous produisons moins de richesse que nos concurrents, tout en nous offrant plus de services publics plus coûteux et en plus grand nombre. L'équation n'est pas difficile à faire. Notre dette publique est plus élevée. C'est mathématique. Mais ce n'est plus envisageable comme solution. Ce qu'on fait équivaut à dire à nos enfants, désolés, on s'offre du bon temps, mais c'est vous qui allez payer nos factures.

Quand les seuls intérêts sur notre dette risquent de représenter en 2013-2014 environ la moitié du budget du ministère de l'Éducation, je n'ai pas hâte d'entendre ce que nos enfants auront à nous dire. Le budget propose des moyens de renverser la vapeur. Bravo!

Ce budget fait le pari d'une grande maturité politique des Québécois. Il nécessite une information constante, accessible et transparente sur l'état réel de nos finances publiques. Je réitère une suggestion que j'ai maintes fois répétée: il faudrait créer un groupe d'experts de tous horizons, sans attaches politiques, libres de s'exprimer, qui aurait pour mandat d'élaborer un tableau de bord de la situation financière du Québec.

Pourquoi tout ça? Pour que nos enfants aient un avenir à la hauteur de leurs rêves. Pour que nous puissions les regarder en face au moment de tirer notre révérence en leur disant nous avons vraiment fait ce qu'il fallait avant de vous passer le témoin dans cette grande course à relais.

En présentant ce budget, le gouvernement a fait preuve d'une grande audace et d'une lecture juste de la situation en misant sur la maturité des Québécois. Il faudra qu'il livre sa part de l'engagement en redéfinissant certains éléments de notre système public. Il faudra tous être là, d'une part, pour nous en assurer, mais d'autre part pour épauler son action.

* Président du conseil BMO Nesbitt Burns et président de BMO Groupe financier (Québec), l'auteur a présidé le Comité sur la pérennité du système de santé et des services sociaux, qui a publié son rapport en 2005.