L'exposition universelle qui s'est ouverte à Shanghai est, après les Jeux olympiques de 2008 à Pékin, une nouvelle occasion pour la Chine de montrer sa puissance économique nouvelle et de renforcer son prestige.

L'exposition universelle qui s'est ouverte à Shanghai est, après les Jeux olympiques de 2008 à Pékin, une nouvelle occasion pour la Chine de montrer sa puissance économique nouvelle et de renforcer son prestige.

L'exposition est une grande vitrine où la Chine met en avant à la fois ses réalisations et ses ambitions. Son thème «Meilleure ville, meilleure vie» souligne combien le développement urbain est une question cruciale pour cette métropole de 19 millions d'habitants et surtout pour un pays qui compte actuellement 600 millions d'urbains (55% de la population totale), mais qui en comptera près un milliard en 2030.

Shanghai est un symbole de la Chine contemporaine. Elle a abrité au début du XXe siècle la naissance d'un capitalisme moderne, avec une bourgeoisie dynamique qui a trouvé refuge à Hongkong en 1949. Elle est devenue ensuite bastion du maoïsme, et elle est entrée un peu tardivement dans l'ère des réformes amorcée par Den Xiaoping.

Son décollage économique s'est amorcé seulement au début des années 90, marqué notamment par l'ouverture d'une Bourse. Province la plus riche de Chine, son revenu par tête est trois fois la moyenne du pays et comparable à celui du Portugal. Shanghai est un pôle commercial et financier, qui structure l'économie des régions environnantes où se sont redéployées la plupart de ses industries.

C'est une métropole très ouverte aux échanges internationaux puisque le commerce extérieur y représente 80% du produit intérieur brut; 230 multinationales y ont installé leur siège asiatique. Elle est le phare de cette façade littorale, la Chine «bleue», fortement intégrée dans l'économie mondiale, où se concentrent 90% des échanges extérieurs du pays, et qui absorbe 90% des investissements étrangers.

Mais ces provinces côtières, à la pointe du développement économique, ont été touchées par la crise globale depuis la fin 2008. Leur économie doit désormais s'adapter au ralentissement de la demande mondiale, mais aussi à la hausse des coûts salariaux.

Le centre de gravité de l'économie chinoise devrait basculer progressivement vers les provinces de l'intérieur, terriennes (la Chine «jaune»), qui rassemblent 60% de la population et n'assurent que 40% du PIB du pays. Bien que l'écart de développement se soit stabilisé, le revenu moyen par tête y est encore moitié moindre de celui de la façade maritime.

Les provinces de l'intérieur sont très peu ouvertes sur l'extérieur et donc peu touchées par les vicissitudes de l'économie mondiale. Ces 10 dernières années, elles ont bénéficié de vastes programmes d'investissement dans leurs infrastructures grâce aux politiques de développement régional et plus récemment de relance de la demande; elles offrent des niveaux de salaires attractifs pour les entreprises et un marché potentiel important pour les biens de consommation. Elles apparaissent comme la nouvelle frontière de la croissance chinoise.

La Chine, qui a conquis les marchés internationaux, doit maintenant se développer en intégrant son espace intérieur et en y créant un vaste marché. C'est ainsi que s'est développée l'économie des États-Unis à la fin du XIXe siècle.