Au moment où nous assistons impuissants à une catastrophe écologique majeure dans le golfe du Mexique mettant sur la sellette BP, la compagnie pétrolière Chevron s'apprête à commencer un forage exploratoire au large de Terre-Neuve à 2,6 kilomètres de profondeur.

Au moment où nous assistons impuissants à une catastrophe écologique majeure dans le golfe du Mexique mettant sur la sellette BP, la compagnie pétrolière Chevron s'apprête à commencer un forage exploratoire au large de Terre-Neuve à 2,6 kilomètres de profondeur.

Lorsqu'interrogés sur les risques potentiels, Ottawa et Chevron se sont voulus rassurants et considèrent que l'attente des conclusions de l'enquête sur la ou les causes de la catastrophe du golfe du Mexique n'est pas nécessaire.

Pendant ce temps, les scientifiques sérieux nous pressent de diminuer beaucoup plus rapidement nos émissions de gaz à effet de serre, car la planète approche à grands pas du point de non-retour du réchauffement climatique, alors que le méthane emprisonné dans les glaces depuis des millénaires sera libéré.

Et quelle est notre réponse face à ce problème urgent? «Drill, baby, drill!»

Les «lois» du marché font en sorte que la demande croissante d'énergie venant principalement d'Asie crée une pression à la hausse sur le prix des énergies fossiles. Ainsi, tous les territoires où se trouve du pétrole ou du gaz sont dans la mire des entreprises qui oeuvrent dans ces secteurs et celles-ci font un lobbying intense auprès des élus pour que leur soient ouvertes toutes grandes les portes de leurs sous-sols. De dire que le gouvernement canadien est plutôt favorable à ces entreprises est une lapalissade. Il semblerait même qu'elles contrôlent notre pays.

Mais ce que peu de gens savent, c'est que sans débat, en catimini, les mêmes tractations ont présentement lieu ici même, au Québec. Le gouvernement de Jean Charest, celui-là même qui annonçait en juin 2009 qu'il ferait du Québec «le leader mondial des énergies vertes», a ouvert la porte toute grande à l'exploration et l'exploitation de gaz, de pétrole et même d'uranium.

Alors que depuis quelques mois, l'Ontario annonce 8 milliards de dollars d'investissements dans les énergies éolienne et solaire, le Québec crée un «comité» sur le «potentiel» des énergies vertes et financera une «consultation» sur l'indépendance au pétrole... avec comme partenaire Gaz Métro. Ainsi, pendant que d'un côté les Québécois sont appelés à discuter des énergies vertes, le gouvernement de Jean Charest et ses «amis» foncent dans les énergies sales. Une belle diversion.

Pour ajouter l'insulte à l'injure, ce gouvernement a donné gratuitement nos droits d'exploration et d'exploitation à des entreprises privées qui ont refilé la majorité de leurs actions à des compagnies étrangères sans jamais nous demander l'autorisation. Ces entreprises se sont aussi vues accorder des crédits d'impôt et de redevance pour des années.

Des gens d'affaires et certains élus bavent littéralement devant les retombées économiques potentielles de l'exploitation de gaz et de pétrole, minimisant aveuglément les retombées négatives: dévastation d'écosystèmes, catastrophes du type de celle du golfe du Mexique, impacts bien connus sur la santé des gens, réchauffement climatique, pollution atmosphérique. Contrairement à ce qu'ils nous disent, il ne s'agit pas ici de créer de la richesse, mais quelques riches... en appauvrissant la vaste majorité des Québécois... et l'environnement.

Ce qui se passe présentement dans le domaine de l'énergie illustre de façon absolument éclatante toute l'absurdité de notre société et de notre système économique:

- le pétrole et le gaz qui ont mis des millions d'années à se former seront épuisés sous peu. Nous sommes rendus au pic pétrolier, donc l'offre n'ira qu'en diminuant;

- brûler en un temps si court une si énorme quantité de combustible dérègle l'équilibre planétaire et cause le réchauffement de la planète;

- comme les réserves s'amenuisent, le prix des hydrocarbures augmente à cause de la demande et du niveau croissant de difficulté pour l'extraire;

- comme ce prix augmente, nous voulons, comme bien d'autres, nous lancer dans l'exploitation de cet or noir;

- ferons-nous quelque profit, considérant les avantages accordés par le gouvernement de Jean Charest? Rien n'est moins sûr.

Et on nous dit que le marché réglera nos problèmes écologiques? Le lobby des hydrocarbures est bien trop puissant pour cela.

Le temps d'un débat national est venu. Et ça urge.