L'Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA) a rendu public mercredi dernier un rapport sur l'endettement des ménages. Les conclusions de ce rapport sont préoccupantes.

L'Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA) a rendu public mercredi dernier un rapport sur l'endettement des ménages. Les conclusions de ce rapport sont préoccupantes.

La dette des ménages équivaut à 144% de leurs revenus, près de 42 000$ par personne ou deux fois et demie le montant (en dollars constants) d'il y a 20 ans.

Mais ce qui est plus inquiétant encore, c'est que l'achat à crédit de biens non durables a augmenté trois fois plus vite ces huit dernières années que les biens durables ou semi durables assimilés à des actifs. Une bonne partie de ces achats à crédit, soit presque 17%, se fait par carte de crédit à des taux d'intérêt avoisinant les 20% pour les cartes bancaires et jusqu'à 30% pour les cartes des grands magasins. Ce qui signifie qu'en laissant valser le solde de ces cartes et en ne payant que les intérêts, une habitude de plus en plus courante des consommateurs suivant l'analyse des CGA, le coût d'acquisition d'un bien double en valeur sur une période de trois ou cinq ans.

Les consommateurs sondés affirment tout de même qu'ils ne sont pas prêts à changer leur mode de consommation.

Acheter aujourd'hui et payer plus tard des biens de consommation courants n'est pas une formule gagnante, même si elle peut momentanément faire plaisir. Elle est un facteur d'appauvrissement des ménages, elle hypothèque l'avenir et surtout, elle fragilise la situation financière des ménages à l'orée d'un cycle annonciateur de taux d'intérêt à la hausse.

Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, a servi à de multiples reprises des avertissements à cet égard. La récession est terminée, les indicateurs macro-économiques sont à la hausse, y compris les pressions sur l'inflation. Et il est à prévoir dans un tel contexte que le taux directeur de la Banque du Canada, celui qui dicte en quelque sorte l'évolution générale des taux d'intérêt, augmentera à partir de cet été.

Grâce à des microdonnées dont elle dispose, la Banque du Canada peut prévoir, à partir d'hypothèses réalistes, ce qui pourrait survenir des consommateurs surendettés au cours des trois prochaines années. Elle établit la «zone d'inconfort» de ces derniers face au poids des mensualités qu'ils auront à rencontrer afin de rembourser leurs dettes. Le seuil s'établit à 40% du revenu disponible. À partir de ce seuil, les consommateurs entrent dans la catégorie des mauvais risques et l'étape suivante consiste en trois scénarios: des sacrifices immenses pour se sortir d'une spirale d'endettement continue, des arrangements avec les créanciers ou la faillite personnelle.

Selon la Banque, étant donné les tendances actuelles, la proportion des ménages dont le ratio du service de la dette pourrait dépasser les 40% en 2012 passerait de 5,9% à 8,5%, une hausse de 44%, fracassant ainsi le record historique de 7,4% des ménages surendettés atteint en l'an 2000, une année qui a marqué le début d'une récession majeure au Canada. Il va sans dire que cet endettement excessif, conjugué à celui des gouvernements et à un taux d'épargne dérisoire, n'a rien pour soutenir de façon consistante la croissance de l'économie.

Les bulles ne sont pas qu'immobilières ou financières. Elles consistent également à échafauder aujourd'hui des rêves à crédit qui sont en fait les immenses châteaux de cartes de demain. Des châteaux qui s'effondrent subitement alors que les obligations, elles, restent.