Votre Éminence, j'ai été baptisée, j'ai reçu ma première communion, j'ai été ointe de l'huile sainte de la confirmation, je me suis mariée religieusement. Je peux donc affirmer sans ambages que je suis «catholiquement correcte».

Votre Éminence, j'ai été baptisée, j'ai reçu ma première communion, j'ai été ointe de l'huile sainte de la confirmation, je me suis mariée religieusement. Je peux donc affirmer sans ambages que je suis «catholiquement correcte».

En ce mois de mai, mois de notre mère Marie, je me permets de vous écrire pour vous adresser mon désarroi. Pourquoi? Pour avoir pris de votre précieux et éminent temps pour congratuler publiquement le gouvernement Harper qui condamne officiellement et sans appel des millions de femmes à une mort certaine, ou à passer leur vie - qui n'est déjà pas facile - à s'occuper d'un enfant dont on sait avec certitude qu'il naîtra avec un handicap souvent très lourd, ou d'un autre qui rappellera à sa mère, à chaque instant de sa vie, un acte violent subi. Tout cela, en affrontant une misère infâme, dont les Occidentaux des pays d'abondance n'auront jamais la moindre idée.

Je connais ces femmes, j'ai grandi, entourée de leur chaleur et de leur tendresse. Je me suis forgée une âme de résiliente grâce à leur courage. Je sais donc de qui et de quoi je parle.

Plus j'entends vos déclarations, plus je pense à ces toutes jeunes filles des camps de tentes à Port-au-Prince, livrées sans défense à ces bandits lâchés dans les rues par le séisme, à ces autres violées par les soldats en Afrique, et à tant d'autres ailleurs dans le monde.

Dieu, dont vous êtes le représentant, dans son immense bonté, le Christ miséricordieux et défenseur des faibles, les aurait-il aussi condamnées? Dans notre monde de violence, le Dieu de commisération que l'on m'a appris à vénérer, approuverait-il que l'on punisse les victimes?

Tous les jours, ces derniers temps, la presse met en lumière des cas d'agressions sexuelles commises sur des mineurs par des membres de la Sainte Église. Je ne me souviens pas avoir entendu que vous ayez exprimé votre indignation contre de telles barbaries. Notre Sainte Église se mettrait-elle ouvertement du côté des plus forts et les aiderait-elle à écraser les plus faibles?

La catholique que je suis en est extrêmement troublée et se pose de sérieuses questions. Notamment, je me demande si le fait que les églises se vident et se vendent n'est pas lié à ces prises de position si contraires à certains enseignements de Notre Seigneur Jésus-Christ.