Le procureur-chef de la commission Bastarache a démissionné. Me Pierre Cimon, reconnu comme l'un des meilleurs plaideurs du Québec, a jugé bon de reconnaître qu'il y avait apparence de conflit d'intérêts parce qu'il a régulièrement contribué au Parti libéral du Québec au cours de 25 dernières années. Erreur. Folie furieuse d'une salve d'accusations injustifiées et d'insinuations blessantes par l'opposition soutenue par une incessante relance médiatique, ces allégations de conflit d'intérêts ne sont rien de moins qu'une dérive grave dans l'évaluation des critères de moralité publique.

Le procureur-chef de la commission Bastarache a démissionné. Me Pierre Cimon, reconnu comme l'un des meilleurs plaideurs du Québec, a jugé bon de reconnaître qu'il y avait apparence de conflit d'intérêts parce qu'il a régulièrement contribué au Parti libéral du Québec au cours de 25 dernières années. Erreur. Folie furieuse d'une salve d'accusations injustifiées et d'insinuations blessantes par l'opposition soutenue par une incessante relance médiatique, ces allégations de conflit d'intérêts ne sont rien de moins qu'une dérive grave dans l'évaluation des critères de moralité publique.

On peut avoir toutes les réserves que justifient les circonstances sur le refus du gouvernement de décréter une commission d'enquête sur les problèmes d'intégrité dans le monde de la construction, et j'en ai. Mais la politisation indue, excessive et dérogatoire de la réserve qui devrait guider les critiques naturels du gouvernement que sont les médias et l'opposition parlementaire, dans de cas, provoque l'indignation.

Que je sache, la participation civique, le vote, la contribution active à l'exercice démocratique et le financement des partis politiques sont encouragés dans notre société. S'il en est autrement, qu'on le dise clairement et tous les partis seront dépourvus. Le processus démocratique s'en trouvera appauvri au point où son efficacité même sera mise en péril.

On procède actuellement à l'autodafé de valeurs établies par des décennies de raffinement graduel sans se rendre compte de l'importance des enjeux pour la liberté démocratique, aveuglés que nous sommes par l'intérêt partisan immédiat ou la maximisation de l'efficacité de la nouvelle.

Holà! M. Bastarache est un ex-juge de la Cour suprême. Il a choisi Me Cimon pour diriger l'enquête et le dévoilement judiciaires des faits. Le client et le mandataire sont tous deux au-dessus de tout doute sur leur intégrité, avouent même les critiques. Que faut-il de plus? La contestation devient stérilisante à un certain niveau d'excès. L'objectivité de M. Bastarache serait devenue contestable parce qu'il a été nommé par le gouvernement du Québec qui est mis en cause dans l'objet de l'enquête? Soyons sérieux! Le monde ordinaire ou les médias ou l'opposition ou les critiques de toutes origines se considèrent-ils mieux qualifiés pour nommer un commissaire?

Ce bouillon d'intégrisme de l'éthique professionnelle appliqué aux juristes n'engendre que désillusion et cynisme au sein de la population envers les organismes de redressement des actes dérogatoires et son scepticisme envers l'efficacité de leurs travaux. Le délire du conflit d'intérêts doit être contrôlé.

De par sa formation, balisé par son code de déontologie, l'avocat vit sa carrière en représentant l'un et l'autre et leur contraire avec autant d'engagements professionnels que lui dictent ces balises. Pourquoi serait-ce différent dans le monde politique? Établira-t-on des normes plus exigeantes pour ces mandats?

Cette discussion est malsaine parce qu'elle remet en question des valeurs éthiques et déontologiques avérées, qui ont fait depuis longtemps la démonstration de leur efficacité.

Les femmes et hommes de valeur ont déjà beaucoup de réticences à accepter des mandats politiques électifs. Faudra-t-il que l'épidémie de désaffection s'étende aux juristes? Au fond, on peut comprendre Me Cimon; il a sûrement autre chose à faire de sa vie que la consacrer à prouver qu'il est intègre.

Quel formidable succès pour l'avancement de notre société! Enquête retardée. Crédibilité entachée. Politique 301 réussie.