Paul Volcker, conseiller économique du président Obama, nous annonce la mort de l'euro comme un fait acquis. C'est évidemment ce que souhaite le gouvernement américain: si l'euro disparaissait, le dollar américain ferait de nouveau cavalier seul sur le marché mondial, seule monnaie de réserve relativement sérieuse. La disparition de l'euro permettrait en conséquence au Trésor américain de placer sa dette gigantesque auprès des investisseurs avec des taux d'intérêt avantageux.

Paul Volcker, conseiller économique du président Obama, nous annonce la mort de l'euro comme un fait acquis. C'est évidemment ce que souhaite le gouvernement américain: si l'euro disparaissait, le dollar américain ferait de nouveau cavalier seul sur le marché mondial, seule monnaie de réserve relativement sérieuse. La disparition de l'euro permettrait en conséquence au Trésor américain de placer sa dette gigantesque auprès des investisseurs avec des taux d'intérêt avantageux.

L'euro en difficulté constitue donc la meilleure nouvelle possible pour le gouvernement de Washington, lui-même englué dans son déficit budgétaire. Volcker, sous prétexte d'analyse objective, fait en réalité pression sur les marchés pour que l'euro faiblisse encore: c'est de bonne guerre économique, mais un acte de guerre.

Mais le président Obama va être déçu: l'euro ne disparaîtra pas parce qu'il ne peut pas disparaître. Imaginons un instant que tel soit le cas, que se passerait-il? Chaque État réinventerait une monnaie nationale: celle-ci vaudrait moinque l'euro parce que menacée de dévaluation sauvage.

Par conséquent, les États européens, endettés en euros, devraient rembourser leurs dettes à des taux plus élevés: pour faire simple, on peut envisager que la dette grecque serait multipliée par deux, la dette espagnole par 1,5, la dette française par 1,2 et la dette allemande par 1,1.

Les investisseurs, qui accordent encore une relative confiance à la Banque centrale européenne de Francfort, gérée sérieusement, se méfieraient à juste titre d'une Banque de Madrid, d'Athènes ou de Paris.

Paradoxalement, l'euro ne peut pas disparaître en raison même de l'endettement des États européens. Cet euro insubmersible pourrait éventuellement baisser: est-ce grave? La baisse de l'euro relance les exportations européennes, ce qui bénéficiera aux exportateurs tels la France, l'Allemagne et l'Italie, voire au tourisme en Grèce et en Espagne.

Cette controverse sur la survie de l'euro est donc sans fondement économique. Ni politique. Les Européens critiquent l'Europe, n'aiment pas l'euro, mais ils n'y renonceront jamais, ni à l'un ni à l'autre. Car tous savent ce que l'Europe nous a apporté : la paix, entre autre. «L'Europe de crise en crise progresse et ne recule jamais», observait justement Jacques Chirac: l'adage reste vrai.

Ce débat sur l'euro en dissimule un autre, plus essentiel et que les dirigeants européens éludent: les États européens sont tous mal gérés et les économies européennes - la Pologne exceptée - sont toutes en panne de croissance. L'euro n'y est pour rien.

La croissance zéro est le résultat arithmétique de systèmes de protection sociale au-dessus de nos moyens. Et comme nous n'en avons pas les moyens, on s'endette. Et en s'endettant, on asphyxie les entreprises qui ne créent plus suffisamment de richesses et d'emplois.

La crise de l'euro n'est donc qu'un symptôme évitant de confronter le mal réel. Renouer avec la croissance et l'euro stable, serait possible: il suffirait de réduire la taille de l'État-providence, de travailler plus et plus longtemps, depuis les étudiants jusqu'aux cadres supérieurs.

Bref, l'heure de la sieste européenne est terminée: merci aux Grecs de nous avoir réveillés. À condition, bien entendu, d'avoir compris ce qui nous arrive vraiment.