L'arrivée du président Felipe Calderon au Canada aujourd'hui, en vue de sa participation au sommet du G20, offre une excellente occasion de réfléchir sur la nature des relations entre le Canada et le Mexique, et ce qui pourrait être fait en vue de les améliorer. La situation du Mexique en Amérique du Nord, prétendument influencée par les bénéfices que le pays retire du libre marché et du développement permis par l'ALÉNA, est aujourd'hui difficile à évaluer.

L'arrivée du président Felipe Calderon au Canada aujourd'hui, en vue de sa participation au sommet du G20, offre une excellente occasion de réfléchir sur la nature des relations entre le Canada et le Mexique, et ce qui pourrait être fait en vue de les améliorer. La situation du Mexique en Amérique du Nord, prétendument influencée par les bénéfices que le pays retire du libre marché et du développement permis par l'ALÉNA, est aujourd'hui difficile à évaluer.

Du côté négatif, il y a la violence dans les États frontaliers mexicains liée à la drogue et au trafic d'armes américaines, l'horrible mort de gens innocents massacrés lors de fêtes, le manque d'efficacité du système judiciaire, la mort et l'intimidation de journalistes et le recours problématique à l'armée et à la marine à cause de la corruption des forces de police locales.

Tous ces éléments ont poussé Ottawa et Washington à se demander si le Mexique ne serait pas en train de se transformer en narco-État. Et, évidemment, il y a l'imposition récente, en réponse à l'abus du système d'accueil des réfugiés, de visas aux Mexicains désirant se rendre au Canada. Cette réglementation a créé, malgré les immenses efforts déployés par l'ambassade canadienne au Mexique, de l'amertume au Mexique et une diminution des revenus touristiques au Canada.

On parle beaucoup moins de ce qui est positif: augmentation considérable du commerce bilatéral depuis l'entrée en vigueur de l'ALÉNA; importants investissements faits au Mexique par des entreprises qui désirent établir des avantages concurrentiels, tant pour les États-Unis que pour les marchés mondiaux; croissance des investissements miniers; augmentation des liens interuniversitaires et culturels; et le fait qu'un million de Canadiens choisissent de passer une bonne partie de l'hiver au Mexique.

Tout cela a permis de renforcer les liens entre des provinces canadiennes et des États mexicains, tel qu'illustré par l'ouverture récente d'un bureau de l'Alberta à Veracruz, d'un bureau de la Colombie-Britannique à Baja California et d'un autre du Québec à Jalisco.

Une des préoccupations des décideurs politiques des trois pays est de trouver une façon d'améliorer la nature trilatérale des relations à l'intérieur de l'ALÉNA. Les Mexicains aiment encore à citer la complainte du président Diaz: «Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis.» L'effet de l'ALÉNA sur l'agriculture mexicaine, l'échec des États-Unis pour ce qui est de l'instauration de dispositions-clés, le destin de 30 millions de Mexicains vivant aux États-Unis parmi lesquels beaucoup d'illégaux, la violence à la frontière en lien avec le trafic d'armes américaines, tous cela influence la perception des Mexicains de la collaboration avec les États-Unis et permet au Canada de travailler avec le Mexique, comme il l'a déjà fait en ce qui concerne la réforme électorale et le maintien de l'ordre, sans avoir à tenir compte de ce genre de préjugés.

Les Américains, quant à eux, regardent avec inquiétude la montée de la violence au Mexique pendant que la circulation de drogue et de personnes à la frontière entre les deux pays semble impossible à stopper.

Ignorer le Mexique quand on fait affaire avec les États-Unis, c'est ignorer le poids politique que représente la forte présence mexicaine aux États-Unis. Et notre préoccupation commune pour la criminalité liée à la drogue qui prend sa source au Mexique, mais qui atteint aujourd'hui la Colombie-Britannique doit, pour donner lieu à quelque chose de constructif, être abordée ensemble. En gros, il nous faut trouver comment tirer profit auprès des États-Unis de notre relation avec le Mexique plutôt que d'en minimiser l'importance.

Il nous faut espérer que le premier ministre saura profiter des prochains évènements pour «remettre à l'heure» les relations entre le Canada et le Mexique et développer l'extraordinaire potentiel qui fait de nous des partenaires à l'intérieur de l'Amérique.

*L'auteur est un ex-ministre des Affaires étrangères et de la Défense du Canada. Il est aujourd'hui coprésident, avec le sénateur Rosario Green, ex-ministre des Affaires étrangères du Mexique, d'une initiative dirigée par FOCAL au Canada et COMEXI au Mexique qui vise à renforcer les relations entre le Canada et le Mexique.