À la suite de l'élimination du Canadien, bon nombre de fans et commentateurs débattent des nombreux dossiers chauds qui attendent les dirigeants de l'équipe cet été, dont l'avenir du gardien Jaroslav Halak. À ce sujet, mon commentaire se veut une perspective économique sur la valeur des services du nouveau chouchou des amateurs du Canadien.

À la suite de l'élimination du Canadien, bon nombre de fans et commentateurs débattent des nombreux dossiers chauds qui attendent les dirigeants de l'équipe cet été, dont l'avenir du gardien Jaroslav Halak. À ce sujet, mon commentaire se veut une perspective économique sur la valeur des services du nouveau chouchou des amateurs du Canadien.

La valeur du travail est l'un des sujets les plus souvent étudiés par les économistes, que ce soit pour des négociations salariales ou des analyses spécifiques sur un ou quelques individus à la fois, par exemple lors de litiges. Dans ces contextes, nos travaux cherchent à établir dans quelle mesure la rémunération est influencée par certains facteurs: les caractéristiques individuelles des travailleurs, leur contexte professionnel, leur performance au travail. Cette approche convient naturellement aux hockeyeurs, dont la performance sportive est abondamment documentée.

D'abord, quelques faits. La moyenne salariale des 71 gardiens de buts ayant joué au moins 100 minutes pendant la saison 2009-2010 s'établissait à 2,2 millions$US; cependant, le salaire médian (au milieu du groupe, donc le 36e mieux payé) n'était «que» de 1 million$US. Ainsi, il existe une grande inégalité salariale parmi ces joueurs: les 10 gardiens les mieux payés gagnaient chacun 6,3 millions$US en moyenne, comparativement à 526 500$US pour les 10 moins bien rémunérés du groupe.

D'un point de vue économique, quatre facteurs ont une influence marquée sur les salaires des gardiens: l'âge, l'ancienneté dans la LNH, le succès récent en séries éliminatoires et la performance. Ainsi, pour calculer le salaire que devrait gagner Halak en 2010-2011, il faut établir des valeurs raisonnables et prévisibles pour ces quatre facteurs.

D'abord, il aura alors 25 ans et cinq ans d'ancienneté dans la LNH, ce qui lui confère le statut de joueur autonome avec restriction. Ensuite, ses quelques performances éclatantes au bon moment ont permis au Canadien d'atteindre la demi-finale en séries éliminatoires, ce qui a convaincu le monde du hockey qu'il possède les atouts d'un gagnant, en plus de lui mériter une prime salariale substantielle.

Quant à sa performance, j'ai élaboré un seul indicateur donnant le classement moyen d'un gardien dans les quatre principales mesures de rendement: nombre de victoires, moyenne de buts alloués, pourcentage d'arrêts et minutes jouées. À ce titre, Halak se classait 11e de la LNH en 2009-2010, soit au même rang que Roberto Luongo, le gardien le mieux payé du circuit (7,5 millions$US). En tenant compte de ses statistiques en séries, si Halak joue 60 parties et maintient le même pourcentage de victoires, il se classerait désormais au 8e rang de la LNH.

Avec ces données et sachant que l'inflation moyenne des salaires des contrats déjà signés est de 10%, il en résulte que Halak devrait recevoir un salaire d'environ 4,4 millions$US en 2010-2011. S'il avait été joueur autonome sans restriction, il aurait alors pu espérer gagner au moins 1 million$US de plus.

Bien entendu, ce résultat mathématique doit être ajusté selon plusieurs éléments intangibles, dont le charisme, le leadership et la confiance qu'il inspire à ses coéquipiers. Aussi, certains jeunes gardiens performants sont sous-payés parce qu'ils ont peu d'ancienneté, tout comme d'autres gardiens réputés gagnent plus d'argent qu'ils devraient considérant leur performance.

Néanmoins, ces 4,4 millions$US représentent la valeur économique de Halak en 2010-2011, ni plus ni moins, dans la mesure où il parvient à maintenir son rendement actuel. Il faut maintenant espérer que le Canadien lui consentira non seulement un tel salaire, mais bien un contrat à long terme l'incitant à poursuivre sa carrière à Montréal.