En s'attaquant à la «règle des 15 ans», les fabricants de médicaments génériques tentent avec une énergie du désespoir peu commune de faire oublier un débat beaucoup plus important qui a cours en ce moment au Canada: le prix trop élevé des médicaments génériques.

En s'attaquant à la «règle des 15 ans», les fabricants de médicaments génériques tentent avec une énergie du désespoir peu commune de faire oublier un débat beaucoup plus important qui a cours en ce moment au Canada: le prix trop élevé des médicaments génériques.

Cela fait des années que les patients se font rouler en payant les médicaments génériques trop chers. Le prix des médicaments copiés n'est pas réglementé et les fabricants de cette industrie s'en donnent à coeur joie. En fait, les médicaments copiés vendus ici sont parmi les plus chers au monde et deux organismes réputés, le Bureau de la concurrence du Canada et le Fraser Institute le confirment. La conclusion du Bureau de la concurrence est pour le moins saisissante. Elle indique que si les médicaments génériques étaient vendus à un prix concurrentiel au Canada, les patients et les régimes d'assurance économiseraient plus de 800 millions de dollars par année. On ne parle pas ici d'économies de bout de chandelle.

Ce n'est pas pour rien que d'autres provinces veulent limiter le prix du médicament générique.Elles savent qu'elles se font avoir en ce moment et elles ont décidé d'agir. Les fabricants génériques craignent que le Québec n'emboîte le pas et ils ont choisi de mener une campagne de désinformation à l'endroit de la «règle de 15 ans», campagne qui n'est en fait qu'un écran de fumée.

La «règle de 15 ans» a permis l'établissement et l'épanouissement de l'industrie de recherche pharmaceutique au Québec. Des laboratoires de recherche fondamentale ont ouvert leurs portes ici, des scientifiques de niveau international sont venus s'établir ici dans la foulée de son application. Des compagnies ont formé des partenariats avec des hôpitaux et des universités visant à accroître la recherche clinique ici.

Et les bénéfices de la «règle de 15 ans» se font sentir encore aujourd'hui, car les dépenses en recherche et développement (R-D) effectuées au Québec par nos compagnies membres ont atteint en moyenne 450 millions de dollars par année au cours des sept dernières années. Selon la firme SECOR, le secteur de la recherche pharmaceutique est l'un des plus importants en valeur absolue pour la recherche réalisée au Québec.

Le Québec a aussi mis de l'avant une politique du médicament (2007) et une stratégie biopharmaceutique (2009) permettant au Québec de soutenir sa position de leader national et de joueur majeur sur le plan international, car pratiquement tous les grands pays industrialisés ont défini des stratégies de développement de leur secteur des sciences de la vie afin d'accélérer l'investissement en R&D. Le Québec l'a compris, visiblement pas les fabricants génériques. Les nouveaux médicaments et vaccins permettent d'économiser en remplaçant certaines chirurgies et en favorisant la réduction des listes d'attente. Ils ont contribué à l'augmentation de l'espérance de vie et à l'éradication de certaines maladies. La variole, qui faisait autrefois partie des six maladies infectieuses les plus meurtrières sur la planète, a été éradiquée en 1980. Rien de tout cela n'aurait été possible sans la recherche pharmaceutique. Seules les juridictions comme le Québec, qui mettront en place les mesures favorisant la valorisation de la recherche et la commercialisation de l'innovation pourront tirer avantage des nouvelles avancées thérapeutiques.

La recherche pharmaceutique est prometteuse. L'ère de la thérapie personnalisée est à nos portes et avec elle souffle un vent d'espoir qui apportera des solutions à des maladies encore peu connues.

Pour les fabricants génériques, ce qu'ils qualifient de «recherche» se résume à dépenser des millions de dollars en frais d'avocats pour s'approprier le plus tôt possible la recherche des autres. Cela crée une situation pour le moins bizarre alors que les génériques veulent contrecarrer la recherche des innovateurs, une recherche qu'ils finiront par éventuellement copier. L'arrogance et l'ironie trônent au guichet.

Alors que les fabricants génériques concentrent tous leurs efforts à anéantir ce qui a permis au Québec de se démarquer au niveau international, nous sommes résolument tournés vers l'avenir. Si les fabricants génériques préfèrent copier aujourd'hui les médicaments d'hier, nous travaillons aujourd'hui pour découvrir les médicaments de demain et nous disons santé à cette explosion du savoir qui bénéficiera à des milliers de Québécoises et Québécois.

*https://www.cyberpresse.ca/opinions/201005/27/01-4284393-medicaments-la-regle-de-15-ans-coute-trop-cher.php