Depuis quelques jours, des observateurs de la scène politique fédérale ont fait valoir que s'il espérait reprendre le pouvoir à court terme, le Parti libéral du Canada devrait envisager sérieusement la formation d'un gouvernement de coalition avec le Nouveau Parti démocratique (NPD). Même dans le contexte actuel, où le parti stagne dans les sondages, ce serait sans aucun doute l'une des pires décisions que les libéraux pourraient prendre. Et ce, pour trois raisons fondamentales.

Depuis quelques jours, des observateurs de la scène politique fédérale ont fait valoir que s'il espérait reprendre le pouvoir à court terme, le Parti libéral du Canada devrait envisager sérieusement la formation d'un gouvernement de coalition avec le Nouveau Parti démocratique (NPD). Même dans le contexte actuel, où le parti stagne dans les sondages, ce serait sans aucun doute l'une des pires décisions que les libéraux pourraient prendre. Et ce, pour trois raisons fondamentales.

La première raison, c'est que le Parti libéral n'est pas un parti de gauche, mais bel et bien un parti du centre. S'il a gouverné le Canada pendant la presque majorité du siècle dernier, c'est qu'il a su être progressiste sur le plan social, mais aussi responsable sur le plan fiscal. Il a été interventionniste sur le plan économique, mais a laissé suffisamment de liberté aux individus et aux entreprises pour prendre les bonnes décisions pour eux-mêmes. Il a été l'auteur d'une charte qui a garantit à la fois des droits collectifs et des droits individuels.

En allant trop sur le flanc gauche, le Parti libéral risque de voir les électeurs plutôt centristes fuir le parti et donner sur un plateau d'argent une majorité parlementaire à Stephen Harper. L'idée que le Parti conservateur occupe maintenant le centre de l'échiquier politique est fondamentalement fausse et les libéraux doivent combattre cette perception avec véhémence. Ceux qui n'en sont pas convaincus devraient se demander comment nous en sommes en 2010 à débattre du droit des femmes de choisir au Canada.

La deuxième, c'est qu'il est fort à parier que sur le plan électoral, les libéraux ne convaincront pas assez d'électeurs pour former le gouvernement s'ils laissent planer l'idée qu'ils ne peuvent y arriver sans l'aide et l'appui d'un autre parti. Le message ambigu d'une possible coalition après les élections renforcit la main de Stephen Harper et affaiblit Michael Ignatieff.

La troisième, c'est que malgré tous les pronostics actuels, les élections ne sont pas pour demain. Les dés ne sont pas joués et la patience a ses vertus en politique. Le seul sondage qui compte, c'est celui du soir des prochaines élections, qui n'auront d'ailleurs probablement pas lieu avant le printemps prochain. Il y a encore beaucoup d'eau qui coulera sous les ponts. Plutôt que de paniquer, les libéraux doivent monter leur niveau de jeu d'un cran et cesser d'être défaitistes.

S'il y a une variante historique qui a différencié le libéralisme au conservatisme, c'est la confiance que les libéraux ont toujours eu face à l'ave nir. Dans un des plus grands discours qu'il a prononcé, le 26 juin 1877, l'ancien premier ministre canadien Wilfrid Laurier avait brillamment exprimé cette idée: «Je suis un libéral. Je suis un de ceux qui pensent que partout, dans les choses humaines, il y a des abus à réformer, de nouveaux horizons à ouvrir, de nouvelles forces à développer.»

L'objectif du Parti libéral doit être clair: convaincre les Canadiens qu'il est le parti de l'avenir et des réformes, pas celui de la tergiversation et des velléités de coalition.

* L'auteur est directeur associé de l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa. Il a été conseiller politique au sein des gouvernements libéraux de Jean Chrétien et de Paul Martin.